SOMMAIRE :

Quel avenir pour les vignerons champenois ?

Le groupe EPI acquiert Isole e Olena, dans le Chianti Classico.

Un nouveau  président à la tête des coopératives.

 

Quel avenir pour les vignerons champenois ?

Aurélie Ringeval-Deluze, maître de conférences à l’urca

L’année viticole s’annonce précoce et les producteurs suivent de près les évolutions en cours dans leurs précieux rangs de vignes. Mais pensent-ils, en arrière-plan, à leurs ventes de fin d’année, et plus généralement, à la pérennité de leur exploitation, voire de leur poids politique dans la filière ?

Car leur modèle économique a été quelque peu chahuté depuis 20 ans. En témoigne la baisse du nombre de vignerons expéditeurs (27% en moins depuis 2001, soit en moyenne 68 vignerons qui se désengagent des ventes chaque année) avec une part de marché qui est passée de 26 % à 18 % des volumes expédiés depuis le début du siècle.

Ces chiffres attestent de revenus en baisse en aval de la filière, c’est-à-dire au niveau des revenus générés par les ventes de champagne. Quant aux revenus situés en amont, en lien avec les ventes de raisin, ils ont diminué également du fait de rendements à la vendange inférieurs de 14% en moyenne au cours de la décennie 2010-19 par rapport à la décennie 2000-2009, en lien notamment avec des niveaux de stocks élevés.

Quid des dépenses ? Elles sont évidemment en hausse, que ce soit sur un plan général (inflation du prix des matières premières et de l’énergie, coûts élevés des charges générales des entreprises, etc.) ou plus spécifiquement en lien avec la transition environnementale engagée par un nombre toujours plus important d’opérateurs (54 % du vignoble est actuellement sous certification).

L’équation est simple : la baisse durable des revenus combinée à la hausse inéluctable des dépenses entraîne mécaniquement une réduction de la rentabilité des exploitations vigneronnes… à moins d’une augmentation de leurs prix de vente ! Celle du kilo de raisin semble très probable et dépend principalement de la volonté des négociants acheteurs du raisin d’accompagner leurs partenaires vignerons dans cette transition environnementale via des primes spécifiques. Celle de la bouteille de champagne, en revanche, est liée à la capacité des vignerons expéditeurs à valoriser leur produit fini.

Une récente typologie des vignerons champenois, basée sur leur modèle économique, tend à montrer l’existence d’un lien entre le degré d’intégration verticale et le niveau de valorisation du champagne.

« Seuls ceux qui sont en mesure de valoriser leur production devraient parvenir à se maintenir sur le marché « 

Face aux évolutions évoquées précédemment, seuls ceux qui sont en mesure de valoriser leur production, en affirmant le positionnement haut de gamme de leurs champagnes, devraient parvenir à se maintenir sur ce marché. Les autres, en revanche, semblent condamnés à faire évoluer leur modèle soit vers une meilleure valorisation de leurs bouteilles, soit vers un recentrage sur la seule production de raisin. Mais attention car cette dernière option peut, à terme et si elle est trop massivement adoptée, fragiliser l’équilibre général de la filière.

Le groupe EPI acquiert Isole e Olena, dans le Chianti Classico.

Le domaine se déploie sur 56 hectares, sur le partie ouest du Chianti Classico.

Après l’acquisition du domaine Biondi-Santi à Montalcino en 2017, le groupe EPI renforce sa présence en Italie avec l’acquisition de ce domaine toscan historique. 

Le groupe EPI, détenteur des champagnes Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck et Rare Champagne renforce son portefeuille. Après l’acquisition du domaine Biondi-Santi à Montalcino en 2017, le groupe porté par Christofer Descours poursuit l’aventure italienne avec le rachat d’Isole e Olena, l’un des principaux domaines historiques de la région du Chianti Classico, auprès de Paolo De Marchi et de sa famille.

« LE DOMAINE A DÉVELOPPÉ DES CÉPAGES LOCAUX, COMME LE SANGIOVESE »

Fondé en 1956 par la famille De Marchi, Isole e Olena est situé à San Donato in Poggio (Chianti Classico). Le domaine se déploie sur 56 hectares, sur le partie ouest du Chianti Classico, zone prisée de l’appellation.

Isole e Olena a notamment développé les cépages locaux, principalement le « sangiovese », au moyen d’une sélection massale et d’une cartographie détaillée de ses sols de type Galestro. Le domaine a ainsi créé une cuvée dédiée à ce cépage, baptisée « Cepparello », un des tout premiers Super Toscans. « Nous avons l’intention de poursuivre l’œuvre de Paolo De Marchi, en mettant notre passion pour l’excellence et notre expérience sur les marchés internationaux, au service des vins uniques d’Isole & Olena, précise Christofer Descours, président du groupe EPI. Je suis heureux que le célèbre domaine Isole e Olena nous rejoigne. »

Paolo De Marchi restera quant à lui l’œnologue d’Isole e Olena, afin de préserver le style de la maison. « Je me réjouis de prendre une part active à la rédaction de ce nouveau chapitre passionnant pour Isole e Olena afin d’assurer une transition progressive et harmonieuse », a-t-il indiqué.

Giampiero Bertolini, actuel président de Biondi Santi, assumera également la responsabilité opérationnelle directe d’Isole e Olena, supervisant les deux domaines. Paolo De Marchi conservera son rôle d’œnologue du domaine.

Un nouveau  président à la tête des coopératives.

Vincent Jourdan est l’actuel président de la coopérative de Sermiers.

Ce jeudi, le conseil d’administration de la section champagne de la Fédération des coopératives a élu son président. Il s’agit de Vincent Jourdan, actuel président de la coopérative de Sermiers. Ce dernier prend ainsi la succession d’Éric Potié qui assurait la présidence depuis 2011.

Lors de l’assemblée annuelle, Éric Potié avait informé de sa volonté de ne pas renouveler son mandat de président, soulignant sa « satisfaction de voir l’arrivée dans les coopératives de jeunes, fiers d’être vignerons et coopérateurs et qui ont compris que la coopération est un choix pertinent et moderne pour un viticulteur ou une viticultrice en Champagne ». Dans le prolongement de son prédécesseur, Vincent Jourdan a indiqué vouloir maintenir une proximité étroite avec le syndicat général des vignerons (SGV).

« Celui-ci a évoqué « la nécessité de favoriser les échanges pour maintenir un lien étroit entre la fédération et ses coopératives adhérentes ». »