Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de La Champagne
« On s’y attendait un peu ! » Avec la « PNO NOVSL », déposée par une cinquantaine de vignerons, Maxime Toubart, président du Syndicat des vignerons de la Champagne reconnaît l’épine sous le pied du SGV avec cette procédure nationale d’opposition (PNO) de l’INAO engagée par un collectif de vignerons contre les vignes semi-larges (VSL)
Bon, pour ceux qui ne suivent pas ce feuilleton champenois, remontons le temps pour revenir il y a un an. À la suite de réunions d’informations et de conseils, l’ODG (Organisme de Défense et de Gestion des appellations Champagne et Coteaux Champenois) a rendu son accord en juillet 2021: les administrateurs du SGV (34 voix sur 50 se sont prononcées en faveur de l’adoption) ont approuvé les six nouvelles mesures qui devront être intégrées au cahier des charges de l’AOC Champagne après.
Parmi celles-ci se trouvent les vignes semi-larges, la source de bien des polémiques. Les VSL, c’est le dossier qui oppose la viticulture champenoise depuis les années 1980. L’idée de départ, c’est d’abaisser la densité de plantation du vignoble, actuellement de 8 000 pieds à l’hectare, à environ 6 000. Ces VSL pourrait faire baisser les coûts de main-d’œuvre, donc le temps de travail, mais aussi de diminuer l’impact en traitements chimiques ainsi que les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 20 %.
Seulement voilà, tout le monde n’est pas prêt à sauter le pas en mettant en avant un impact social et économique fort en Champagne ainsi que la baisse des rendements. Ce qui a entraîné la PNO du collectif des vignerons qui voit là une atteinte à l’intégrité de l’AOC Champagne. Ainsi le 5 mai dernier, « le Collectif NOVSL, Aurélien Laherte, Aurélien Suenen, Raphaël Bérèche, Fabrice Pouillon, Mélanie et Benoît Tarlant ont produit un dossier complet et étayé afin de s’opposer à la modification du cahier des charges, précisément contre les VSL ».
Un collectif qui joue avec les réseaux sociaux et d’une certaine présence dans les médias pour mieux se faire entendre. Et leur voix porte même si leur nombre est peu nombreux, leur pétition (lire ici) a recueilli que 983 signatures pour un ensemble de 15 000 vignerons en Champagne.
Note de l’Intersyndicat CGT du champagne :
Nous saluons cette initiative pleine de bon sens prise par certains vignerons Champenois. Nous rappelons qu’au cours de l’été 2021, l’Intersyndicat CGT du champagne a également communiqué sur son opposition à l’introduction des VSL dans la charte de l’AOC Champagne, dans deux quatre pages, intitulés : Extinction programmée du modèle champenois (lire ici), Evolutions culturales, nihilisme et opportunisme du libéralisme (lire ici)
« On se doit d’y répondre vite »
Avec la procédure nationale d’opposition (PNO), le SGV se doit de répondre aux réclamations soulevées par le collectif de vignerons contestataires « Nous sommes en train d’y répondre, on se doit d’y répondre vite pour faire avancer le dossier dans son ensemble. Certes, ce sont des questions qui ont déjà été évoquées dans les réunions préparatoires particulièrement à propos des vignes semi-larges, mais nous devons le faire rapidement car le dossier sur la révision du cahier des charges risque d’être retardé » explique Maxime Toubart.
De fait, si les vignes semi-larges font partie du problème, elles font également partie d’un pack de six mesures dont les cinq autres sont également d’importance, particulièrement l’ajout du voltis à la liste des cépages autorisés. Le chardonnay rose, mutation naturelle du blanc, se voit également concerné par cette mesure. À cela, il faut ajouter le traitement des plants à l’eau chaude qui devient obligatoire, le couvert hivernal qui devient conseillé ainsi que le transvasage dans des flacons inférieurs à 75 cl ou supérieurs à 300 cl.
Qu’il y ait des contestations, Maxime Toubart peut le comprendre ou tout au moins doit l’accepter, toutefois la notion de temps prise en compte, « Soit l’INAO accepte nos réponses, ce qui prendra quelques semaines. Soit l’INAO désigne une commission d’enquête et là, nous sommes repartis pour une très longue période avant de pouvoir peut-être réviser le cahier des charges ».