Vincent Léglantier, administrateur pour le syndicat général des vignerons: «Cette année, on a la qualité comme la quantité. Malgré le stress hydrique, on n’a pas eu trop d’échaudage.» Il prélèvera à nouveau des grappes jeudi pour mesurer leur maturité.

Dernier article avant la prise de congé. Reprise de la publication des prochains articles sur le site, le lundi 29 août 2022.

Bonne vacances à tous, ou bonne reprise pour certains.

Pays d’Épernay Ce lundi, dans toute l’appellation, ont commencé les premiers prélèvements pour déterminer la maturité des raisins et donc la date des vendanges. Un moment essentiel pour les vignerons qui s’attendent à une belle récolte, sans maladies.

LES FAITS :
 
LE RÉSEAU MATU : a été déclenché ce lundi 8 août dans 245 parcelles sur 500, partout en Champagne.
 
NÉ EN 1987 dans l’Aube après trois mauvaises vendanges, il s’agit d’un réseau de bénévoles qui prélèvent des grappes dans tous les villages pour évaluer leur degré de maturité.
 
OUTRE LES PARCELLES TÉMOINS, chaque vigneron peut apporter des échantillons de ses parcelles pour les faire tester.
 
ON MESURE le taux de sucre, qui deviendra de l’alcool, le taux d’acidité et le poids des grappes.
 
CE LUNDI, 245 parcelles ont été testées par l’Association viticole champenoise. Les degrés moyens sont de 6 pour le chardonnay, de 6,4 pour le pinot noir et de 6,1 pour le meunier.

Les vignerons de Saudoy, au sud de Sézanne, arrivent les bras chargés de raisins fraîchement coupés. Non, ce n’est pas le début de la vendange. Ce lundi 8 août, le réseau Matu (pour maturité) vient de s’activer pour sa première journée. « Tous les lundi et jeudi, on va couper une dizaine de grappes au hasard pour les faire tester », explique Vincent Léglantier, administrateur du Syndicat général des vignerons à Saudoy. Il est chargé, avec l’Association viticole champenoise (AVC), d’assurer le bon déroulement de cette étape essentielle du travail du vigneron : analyser les taux de sucre et d’acidité pour vérifier le degré de maturité du raisin. C’est avec ces données mutualisées que le Comité Champagne et l’AVC décideront des dates des vendanges pour chaque village. Ce sera le 20 août.

Là, c’est vraiment top, pas de maladie, le grain est gros et on a peu d’échaudage
Jean-Philippe Vignier, vigneron
Il faut dire que les premiers prélèvements annoncent une excellente année. « Les grappes sont assez grosses et on a quasiment aucune maladie. Toutes les étoiles sont alignées », sourit Vincent Léglantier. Là où l’an passé le mildiou et l’oïdium avaient ravagé 30 % de la production, cette année « la situation est saine, sourit Hervé Sanchez, responsable du secteur de Vertus. On a des degrés assez forts. On va être sur le même type d’année que 2020, mais avec le rendement au rendez-vous cette fois. » En 2020, de nombreuses grappes avaient dû être laissées sur place, le quota ayant été fixé à seulement 8 000 kg à l’hectare, en pleine pandémie mondiale. Cette année, ce sera 12 000 kg, « du jamais vu depuis 15 ans », s’enthousiasme Vincent Léglantier.
 
Autour de lui à Saudoy, les vignerons sont satisfaits. « Il faut rattraper le temps perdu », sourit Lozéa Alet, en référence à 2020 et 2021, particulièrement mauvaises. « Là, c’est vraiment top, pas de maladie, le grain est gros et on a peu d’échaudage », indique Jean-Philippe Vignier tout en mesurant le taux d’acidité des grappes. Avec les fortes chaleurs, on aurait pu craindre que de nombreux grains ne grillent. « On a perdu environ 5 % de production à cause de l’échaudage », avance Gilles Léglantier, délégué régional de l’AVC.
 
Alors que certains professionnels estimaient une vendange pour la mi-août, la chaleur fut telle que la vigne a stoppé sa croissance, retardant la maturation des raisins. « On a obtenu une belle coloration et les dernières pluies ont bien aidé à repartir », apprécie David Godinat, responsable du réseau Matu à Festigny.

« Comme la situation est saine, ça n’encourage pas à se précipiter, on peut attendre pour que ça mûrisse bien. » François Pierson, président de l’AVC et viticulteur au Val-de-Livre ne dit pas autre chose : « On est sur une très belle dynamique, sur les 245 parcelles testées ce lundi, pas un grain de botrytis. Si ça continue comme ça, on va sur une très belle année. Même s’il fait chaud le jour, la nuit on descend à 10 degrés. Si on a un peu de pluie, c’est l’Eldorado. » De l’avis général, la vendange s’annonce belle. « On publiera les bans de vendanges le 20 août et le gros des troupes récoltera vers le 28 août », estime François Pierson.

Note de l’Intersyndicat CGT du champagne :

Et du raisins cet sûr qu’il va en falloir en abondance pour compenser la stupide décision du rendement à 8 000 Kg/ha de l’année 2000, puis la vendange moyenne d’environ 6 000 à 7 000/kg ha de celle de 2021 si on veut éviter, à l’avenir, de contingenter les ventes au risque d’avoir une pénurie champagne lors des prochaines fêtes de fi d’année.