Nouvelle réforme de l’assurance-chômage, retour à celle des retraites… Visant le plein-emploi, Emmanuel Macron engage son second quinquennat dans la lancée du premier. Au motif qu’il faudrait produire plus.
LE MODELE SOCIAL EST UN CHOIX POLITIQUE !
Alors que le pouvoir d’achat arrive en tête des préoccupations des Français, Emmanuel Macron leur répond : « plein emploi », (Taux de chômage à 5 %) et poursuit sa vaste réforme de marché du travail commencer en 2017. Selon lui, si des secteurs peinent à recruter aujourd’hui alors que le taux de chômage s’établit à 7,4 %, c’est parce que certains refusent de travailler, préfèrent vivre d’allocations… qu’il faut donc rendre moins attractives.
Or, rien n’était son propos. En moyenne, au second trimestre 2022, seuls 45,5 % des demandeurs d’emploi étaient indemnisés et une étude de la Dares publiée début octobre, évalue qu’entre novembre 2018 et octobre 2019, 390 000 à 690 000 personnes n’ont pas recouru à leurs droits au chômage. Qu’importe ! Le projet de loi en vue du « plein-emploi » donne la main au gouvernement pour durcir encore plus les règles d’accès à l’assurance-chômage : à partir de début 2023, celui-ci pourrait être modulé par décret en fonction de la situation du marché du travail.
Les minima sociaux sont aussi dans le collimateur. Au RSA (revenu de solidarité active) doit par exemple être adjoint un dispositif censé inciter plus fermement les allocataires au retour à l’emploi. Une dizaine de territoires ont été désignés pour des expérimentations.
TRAVAILLER MOINS ET TOUS.
« La vérité, c’est qu’il nous faut travailler plus et produire plus de richesse dans notre pays si nous voulons […] défendre le modèle social », a déclaré Emmanuel Macron, le 21 septembre à BFM TV, pour justifier le recul de l’âge de légal de départ à la retraite. « Concrètement, travailler plus sert d’abord à augmenter les profits » rappelle, Mathieu Coq, le responsable du pôle économique de la CGT.
De même que les réformes des retraites et de l’assurance chômage, explique-t-il : en augmentant le nombre de personnes disponibles pour travailler, ce qui accentue la concurrence entre elles, et en mettant la pression sur les personnes en emploi, « l’objectif est de faire baisser les salaires, c’est à dire d’augmenter les profits »,démontre Mathieu Cocq. Lesquels profits ne se transforment jamais en investissement et en emploi. Or justement, pointe l’économiste, « le problème, c’est la faiblesse des salaires ». Car, en plus de booster le pouvoir d’achat, les augmenter feraient rentrer des cotisations sociales. « Il n’y a donc pas de problème de financement [du modèle social] mais des choix politiques », affirment Mathieu coq. « Les aides publiques aux entreprises, c’est 150 milliards d’euros par an ». Quand « le déroulement du RSA coûterait environ 12 milliards d’euros ». Et de trancher : « – produire plus de richesse – ne veut rien dire en soi, et – travailler plus – est un non-sens ».
En fait, « il faut faire exactement l’inverse de ce que propose le gouvernement : mener une politique industrielle et une stratégie pour répondre aux besoins » ; investir dans des services publics forts, ( énergie, transports), dans l’éducation… ; réduire le temps de travail, ce qui est « la meilleure arme pour l’emploi », sachant que les 35 h en ont créé 350 000 nets ; sécuriser le travail pour tous via une sécurité sociale professionnelle. Exactement comme le revendique la CGT.