Vendanges en champagne 2021

La Champagne de Sophie Claeys – vendredi 27 août 2021

« Certains millésimes sont stressants, éprouvants, difficiles, 2021 est au-delà̀ de tout cela » indique les services techniques du Comité Champagne dans le message du réseau Matu. À raison. Après trois années de vendanges exceptionnelles, les catastrophes se sont abattues sur le vignoble champenois. De quoi craindre pour la prochaine récolte.

Pour mieux comprendre la situation, faisons un rappel des faits : le début d’année est humide et doux. Fin mars, les bourgeons gonflent, les premières feuilles pointent. Le débourrement est proche mais une vague de froid destructrice va calmer l’ardeur de la vigne et toucher le vignoble du 6 avril jusqu’au 3 mai. Douze jours de gel sont enregistrés durant cette période, les épisodes du 6-7 avril et du 3 mai sont les plus destructeurs. Au total, 30 % du potentiel de récolte sont détruits par le gel de printemps positionnant 2021 parmi les années les plus touchées avec les années 2003 (43 %), 1991 (34 %) ou encore 1990 (29 %). Ainsi en 2021, le Barséquanais (63 %), le Bar- sur- Aubois (51 %) et le Massif de Saint Thierry (45 %) sont les régions les plus impactées.

Dans ce chaos printanier, difficile de déterminer une date de débourrement. Les chiffres retenus pour 2021 sont le 13 avril pour le chardonnay, le 20 avril pour le Pinot noir et le 23 avril pour le Meunier, soit +7 jours par rapport à la moyenne décennale. L’année commence mal et la suite ne s’arrange pas. Le mois de mai est froid et pluvieux. La répartition des pluies est hétérogène. Les quantités d’eau sont au-dessus des normales et le vignoble aubois est particulièrement arrosé. Les modèles utilisés au Comité́ Champagne permettent de transcrire la montée en puissance du potentiel épidémique mildiou. Après deux messages recommandant la vigilance, le bulletin du 25 mai des Avertissements Viticoles alerte sur un risque mildiou élevé́.

Attaque de mildiou

Le mildiou explose à partir du dernier week-end de juin

Début juin, les températures remontent, la vigne connaît une période de croissance très active, qui va durer 3 semaines. La vigne entre dans une période de grande sensibilité.

Les premières taches de mildiou apparaissent les 3-4 juin, au moment d’un premier épisode orageux qui marque le véritable début de l’épidémie. Ces orages touchent particulièrement la Vallée de Marne et l’Aisne. Avec la chaleur, la floraison est resserrée et se déroule dans de très bonnes conditions. Les dates retenues pour la pleine floraison sont les 17, 18 et 20 juin pour le chardonnay, le Pinot noir et le Meunier, soit +7 jours par rapport à la moyenne décennale.

Entre fraîcheur de mai et chaleur de juin, la vigne conserve son retard initial. Cette période de chaleur et de forte pousse va s’achever avec le retour d’une période orageuse intense dès le 19 juin. Les cumuls enregistrés sont très variables et concernent principalement la partie nord du vignoble. Le mildiou explose à partir du dernier week-end de juin. L’intensité des symptômes, localement, est inédite.

Début juillet, la situation est catastrophique sur toute la frange ouest du vignoble (Aisne, Vallée de la Marne, région de Condé́ en Brie). Dans l’Ardre, en Montagne Ouest et dans le Massif de Saint Thierry, la pression est très élevée. Sur grappes, les dégâts se manifestent à partir de début juillet. La perte de récolte est déjà̀ importante.

Les premières taches de mildiou apparaissent les 3-4 juin, au moment d’un premier épisode orageux qui marque le véritable début de l’épidémie. Ces orages touchent particulièrement la Vallée de Marne et l’Aisne. Avec la chaleur, la floraison est resserrée et se déroule dans de très bonnes conditions. Les dates retenues pour la pleine floraison sont les 17, 18 et 20 juin pour le chardonnay, le Pinot noir et le Meunier, soit +7 jours par rapport à la moyenne décennale.

Entre fraîcheur de mai et chaleur de juin, la vigne conserve son retard initial. Cette période de chaleur et de forte pousse va s’achever avec le retour d’une période orageuse intense dès le 19 juin. Les cumuls enregistrés sont très variables et concernent principalement la partie nord du vignoble. Le mildiou explose à partir du dernier week-end de juin. L’intensité des symptômes, localement, est inédite.

Début juillet, la situation est catastrophique sur toute la frange ouest du vignoble (Aisne, Vallée de la Marne, région de Condé́ en Brie). Dans l’Ardre, en Montagne Ouest et dans le Massif de Saint Thierry, la pression est très élevée. Sur grappes, les dégâts se manifestent à partir de début juillet. La perte de récolte est déjà̀ importante.

Déluge d’eau du mois de juillet

Les secteurs peu touchés par les orages comme le Sézannais, la Côte des Blancs, les Coteaux du petit Morin ou une partie de la région d’Epernay sont épargnés à ce stade par la maladie. D’autres secteurs sont touchés mais la situation reste sous contrôle. C’est le cas en Montagne de Reims, dans la Grande Vallée, ou dans le Bar-sur- aubois. Les baies grossissent et la fin de sensibilité des grappes approche. C’est sans compter sur le week-end de la fête nationale et son déluge d’eau. Des cumuls très importants sont enregistrés sur l’ensemble de l’Appellation. Les secteurs jusqu’à présent épargnés sont désormais touchés avec des pertes significatives. Dans les secteurs déjà atteints, la situation s’aggrave. Aucune zone du vignoble n’est indemne. Certains vignerons ont réussi à préserver une part importante de la récolte, d’autres ont tout perdu.

Finalement, le Comité Champagne estime les pertes comprises entre 25 et 30 % sur l’ensemble du vignoble. Certaines régions sont sinistrées avec des pertes supérieures à 50 %. Des parcelles nécessiteront un tri, en éliminant la partie sèche des grappes. 2021 devient de loin l’année de référence concernant le mildiou … toutefois l’oïdium n’a pas dit son dernier mot avec une pression moyenne à forte.

Et maintenant…

Les observations et contrôles maturité seront donc essentiels pour déterminer les circuits de cueillette optimaux. Au 23 août, le poids moyen des grappes (PMG) est de103 g tous cépages confondus, il s’agit d’une moyenne puisque les PMG inférieurs à 70 g sont fréquents, mais ceux supérieurs à 140 g le sont également. Les degrés potentiels sont au niveau attendu (moyenne Champagne 6,3 % vol. au 23 août) et la dynamique de maturation hebdomadaire est bonne (+1,7 % vol.).
Pour le Chardonnay, le degré potentiel et la dynamique de maturation hebdomadaire (4,7 % vol., +1,3 % vol.) sont plus faibles que ceux du Pinot noir (6,9 % vol., +2 % vol.) et du Meunier (6,5 % vol., +1,4 % vol.).

A ce stade de maturité, il s’agit d’un scénario classique. Le Chardonnay rattrape régulièrement son retard en fin de parcours. Cependant, en 2021, les régions majoritairement plantées en Chardonnay sont globalement moins touchées par le mildiou et par le gel (Côte des Blancs, Sézannais, Vitryat). En dehors du secteur de Montgueux et de Villenauxe, le potentiel de rendement est plutôt élevé sur ce cépage et bien supérieur à celui observé dans les régions où le Pinot noir et le Meunier dominent (Vallée de la Marne, Montagne de Reims, Côte des Bar…). Selon le réseau Matu, les prochains prélèvements seront déterminants pour mieux appréhender l’évolution du Chardonnay. D’après les services techniques du Comité Champagne, Il faut cependant d’ores et déjà envisager un décalage important de maturité entre cépages et parcelles qui devra être géré par une adaptation des dates et des circuits de cueillette.

L’acidité mesurée au 23 août est plutôt élevée, quels que soient les cépages. Le rapport S/A est faible à ce stade. Le taux de véraison moyen est proche de 50 %, il est au-dessus de celui observé en 2020 ou 2018 à degré́ équivalent.

Et puis quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… les pluies régulières et les cumuls importants ont provoqué l’apparition de foyers de pourriture grise. Il s’agit principalement de foyers anciens, apparus début août, mais le pourri gras est également présent. Avec 6,8 % en moyenne, la fréquence de pourriture grise est proche, à degré équivalent, de celle observée en 2014 (7,0 %), 2011 (7,8 %), 2017 (7,0 %) ou encore 2010 (8,4 %). Les conditions météorologiques à venir seront déterminantes pour la suite. Le temps annoncé pour les 10 prochains jours (températures fraîches la nuit, pas trop élevées en journée avec un vent du Nord) n’est pas favorable à une évolution explosive de la pourriture. Toutefois la vigilance est de mise quelle que soit la région. La surveillance de l’état sanitaire des parcelles est impérative pour gérer au mieux les circuits de cueillette, anticiper le tri et, si nécessaire, les dates de récolte des parcelles concernées. Il ne reste plus qu’à prier les dieux du ciel !

À noter que Le Comité Champagne innove avec un Portail Matu collaboratif. Un outil basé sur le volontariat qui permet de faire des saisies n’importe quel jour, que le prélèvement soit issu de baies ou de grappes. Il a deux objectifs : permettre de suivre ses parcelles et son exploitation et de suivre les évolutions à l’échelle de la petite région, de la commune ou du coteau. Cet outil complémentaire au réseau matu « officiel », qui permet de préciser les dynamiques de maturation locales, sera très utile en 2021 au regard de l’hétérogénéité observée : http://portailmatu.comitechampagne.fr


(Source Comité Champagne)