En plus des salariés de l’usine de sucre Tereos, il y avait dans le cortège des personnes venues de toute la France, ce jeudi 20 avril à Escaudœuvres et Cambrai.

Jeudi 20 avril, à l’appel de la Fédération Nationale de l’Agroalimentaire des Forêts CGT et du syndicat CGT de la sucrerie, des délégations sont venues de toute la France pour soutenir les salariés de la sucrerie Tereos d’Escaudœuvres. Il y a un mois et demi, l’entreprise avait annoncé que 123 postes seraient supprimés et que la production de sucre serait arrêtée.

Rappel des  faits :

FERMETURE DE SITES TEREOS – HALTE AU CASSEUR DE SUCRE

Le 8 mars, lors d’un Cse central, Tereos (marque Béghin-Say), premier groupe sucrier français et deuxième mondial, a annoncé la fermeture de deux sites, Escaudœuvres (59) et Morains (51). Près de 200salariés sont menacés de perdre leur emploi et des familles précarisées par une stratégie de pure financiarisation. Décarbonation, hausse du prix du gaz, baisse des rendements betterave… autant d’arguments patronaux inacceptables au vu des soutiens financiers régis par le règlement sucrier européen, dont se sont gavés, Tereos et les betteraviers, pendant des décennies. Le manque de rentabilité de la fabrication ne peut être avancé. Le groupe annonce une économie de 40 à 50 millions d’euros sur 5 ans. Dérisoire pour un chiffre d’affaires qui atteint plus de 5 milliards. La production est rentable à partir d’un prix de 350 € la tonne.

Depuis plusieurs mois, il culmine à 1 000 €. Arguments fallacieux. La décarbonation coûterait 600 millions au groupe d’ici 2050, soit 22 millions par an. Le premier semestre 2023 a déjà rapporté un excédent brut d’exploitation de 700 millions ! Excusez du peu. L’argument des économies est d’autant plus inexplicable. Cherchons ailleurs les raisons d’une telle casse.
La restructuration de la filière en 2019 avec notamment la fermeture de 4 sucreries, Eppeville (80) et Cagny (14) de Saint-Louis Sucre, Toury (45) et Bourdon (63) de Cristal Union, ce dernier recentrant son outil dans la moitié nord de la France, avait déjà amené une concentration de la production. La fermeture d’Escaudœuvres s’inscrit dans un redéploiement des sites industriels et de l’approvisionnement en betteraves des deux mastodontes, Tereos et Cristal Union. A la clé, une nouvelle concentration capitalistique et l’aggravation des conditions de travail avec un allongement de la durée des campagnes sucrières à plus de 130 jours. Un arrangement entre eux serait-il en discussion visant leur fusion, opération qui était déjà sur le tapis lors du changement de directoire de Tereos ?

Les petits arrangements entre amis, avec le soutien du ministre de l’industrie qui milite pour une concentration du capital agroalimentaire à coup de subventions, mettent en danger toute une filière agricole et industrielle, l’indépendance nationale et la souveraineté alimentaire sur un produit stratégique, la disparition de centaines d’emplois, des savoir-faire et qualifications des salariés.

Les salariés et leur famille refusent de faire les frais d’une stratégie financière à court terme.

Ils protestent contre la décision de la direction d’arrêter la production de sucre sur ce site et ainsi de supprimer 123 postes. Ce jeudi 20 avril, environ 800 personnes ont défilé de l’usine jusqu’à la Grand’ Place de Cambrai.

Pour ce rassemblement, les salariés de Tereos ont été rejoints par des délégations venues d’autres départements. Dans le cortège, on pouvait voir des salariés d’autres sucreries du Nord, mais aussi de Picardie et de la Marne, dont une délégation de l’Intersyndicat CGT du champagne. Il y avait également de nombreux militants syndicaux du secteur agro-alimentaire.

Soutenus par les élus, des riverains et des commerçants

L’annonce de l’arrêt de la production de sucre sur le site d’Escaudœuvres a été un choc pour les salariés et le maire de la ville, Thierry Bouteman. “On est solidaire avec les salariés. À Tereos, on veut faire comprendre que nous ne sommes pas d’accord”, avait-il déclaré le jour de l’annonce.

Un autre rassemblement avait réuni environ 300 personnes quelques jours après la déclaration de Tereos.

Depuis, les salariés se sont organisés pour occuper le site dans l’espoir de faire changer d’avis la direction. Les employés bloquent l’entrée de l’usine afin d’empêcher Tereos d’accéder aux 40 000 tonnes de sucre encore présentes dans les silos de l’usine.

Ils sont également soutenus par les riverains et les commerçants alentours qui leur apportent de la nourriture, des dons et du soutien moral.

L’entreprise justifie sa décision en indiquant qu’elle souhaite sauvegarder sa compétitivité, dans un contexte de baisse de la production de betteraves. Le président de la communauté d’agglomération de Cambrai a rappelé sur Twitter que le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élevait à “5 milliards d’euros en 2021-2022”.

La prochaine réunion de négociation avec la direction de Tereos est prévue pour lundi 24 avril.