Steve Boucly (deuxième à gauche), son avocat et ses soutiens de l’exécutif de l’UD CGT du 51 sont ressortis rapidement du palais de justice. L’audience n’a pas duré quinze minutes
Ils étaient plus de 100 mercredi 3 mai devant le Tribunal judiciaire de Châlons en Champagne pour soutenir Steve BOUCLY, représentant syndical CGT, attaqué par son patron de l’entreprise Phone Express, pour diffamation et injure non publique.
Son tort ? Avoir dénoncé dans un tract les conditions de travail inacceptables des salariés de l’entreprise de transport de colis pour Amazon, l’absence de local pour leurs réunions de travail, et même de toilettes, pourtant obligatoires, ainsi que les difficultés pour faire renouveler leurs les titres de séjour de certains salariés. Pour illustrer le propos, Steve avait utilisé une caricature de BABOUSE, dessinateur de presse nationale, qui a adressé en témoignage de soutien un courrier à l’avocat de notre Camarade ; un plaidoyer exemplaire pour la liberté d’expression et le droit à la caricature (Lire le courrier ici).
Le tribunal de Châlons-en-Champagne se déclare incompétent dans l’affaire Boucly
L’audience a tourné court, le tribunal correctionnel se déclarant incompétent pour juger cette plainte qui aurait dû être adressée à un simple Tribunal de police. On ignore à cette heure si les patrons de Phone Express vont persister dans cette cause assez stupéfiante.
«La société Phone express s’est plantée dans la procédure, elle a saisi le tribunal correctionnel alors qu’elle aurait dû saisir le tribunal de police », annonce au haut-parleur Xavier Médeau, avocat de Steve Boucly, à la sortie du palais de justice vers 14 h 15, ce mercredi 3 mai..
La comparution du délégué syndical poursuivi pour diffamation et injure non publique par son employeur, Phone express, aura donc duré moins longtemps que la manifestation de soutien entamée à 13 heures, à l’appel de l’Union Départementale CGT du 51, devant le palais de justice.
À Phone express de décider si elle saisit le tribunal de police
Il a en effet fallu moins d’un quart d’heure au tribunal pour se déclarer incompétent et même considérer que « le mail de Phone express n’était pas clair », dixit la présidente de l’audience. « Il renvoie l’entreprise à, éventuellement si elle le souhaite, continuer la procédure mais devant la bonne juridiction cette fois-ci », poursuit Maître Médeau, lors de sa prise de parole sur les marches du palais de justice.
Décision du tribunal accueillie par les applaudissements d’une bonne centaines de personnes issues majoritairement de l’organisation syndicale CGT, chasuble rouge sur le dos, mais aussi « de la société », comme se sont revendiqués certains, et de partis politiques, LFI et PCF en tête.
Les poursuites contre Steve Boucly, qui avait réalisé un tract avec « une caricature de trois esclaves » pour dénoncer les conditions de travail de ses collègues du Val-de-Marne après s’être rendu sur leur site en fin d’année dernière, sont donc suspendues pour l’heure à une décision de sa société. « On reste dans l’attente de savoir si elle en reste là ou si elle continue. »
«Un acharnement judiciaire» dénoncé par la CGT
La police a bouclé la circulation autour du palais de justice ce mercredi pour laisser les quelques 100 soutiens de Steve Boucly s’installer sur la chaussée. Au micro, Sabine Duménil, secrétaire générale de la CGT de la Marne, elle-même condamnée pour injure publique l’an dernier par cette même juridiction châlonnaise avant d’être relaxée en appel à Reims, a dénoncé « l’acharnement judiciaire » contre les membres de son syndicat dernièrement. Elle a aussi désigné le patron de Phone express qui « vise la CGT qui semble le déranger ». « Est-ce une faute pour un élu de dénoncer ce qu’il se passe dans son entreprise ? Non », a-t-elle argué, vivement applaudie par son auditoire avant de soutenir : « La réalité, c’est que Phone express est partenaire d’Amazon et qu’il ne fait pas bon de toucher à une entreprise du Cac 40… »
Si la seconde option devait être retenue, Steve Boucly qui travaille à l’agence Phone express de Cormontreuil, devrait être cité à nouveau par voie d’huissier. « On se donne rendez-vous une prochaine fois, anticipe Me Médeau, pas inquiet outre mesure si la procédure devait reprendre. Cela ne changera rien après au problème si on était de nouveau convoqué. On est parfaitement prêt à affronter un jugement et à obtenir une relaxe dans la mesure où ce qu’on lui reproche, c’est ni plus ni moins d’avoir exercé son droit d’expression syndicale et ça, ça ne peut pas être condamné. »
« On est parfaitement prêt à obtenir une relaxe dans la mesure où ce qu’on lui reproche, c’est ni plus ni moins d’avoir exercé son droit d’expression syndicale »
Steve Boucly s’est montré rassuré après son passage express devant la juridiction châlonnaise. Il a tenu à remercier les manifestants venus le soutenir.
« Ça fait toujours chaud au cœur de voir ça », avant de lancer, au microphone : « Surtout, on lâche pas, on continue. », déjà prêt à devoir poursuivre la bataille procédurale entamée par son employeur.