Dans un communiqué de presse en date du 22 juin 2023, publié sur le site internet de la CGT du champagne, l’Intersyndicat informait qu’une délégation avait été reçue par la sous-préfète d’Epernay, le 20 juin dernier, pour échanger sur l’emploi dans la région, les problèmes de recrutement de travailleurs locaux, des situations d’esclavagisme humain de certaines sociétés de prestations qui recrutent des travailleurs détachés, les conditions d’hébergement des saisonniers, les salaires des ouvriers vignerons et l’attractivité du métier.

Pour faire suite à cette réunion, José Blanco, secrétaire de l’Intersyndicat CGT du champagne a transmis à Mme la Sous-préfète un courrier dans lequel sont listées toutes les propositions que la délégation CGT avait formulées au cours de cet entretien dans le but de pallier la soi-disant pénurie de main-d’œuvre qui, selon l’Intersyndicat CGT, est volontairement entretenue par certains employeurs du champagne.

À la fin de l’article, nous avions indiqué que tous ces thèmes seraient développés très prochainement dans le cadre de l’activité syndicale et de la communication de l’Intersyndicat CGT du Champagne, avec la communication du courrier ci-dessous, c’est chose faite…

EPERNAY LE 28 JUIN 2023

Mme La Sous-Préfète d’Epernay

Pour faire suite à notre réunion sur l’hébergement et les conditions de travail pendant les vendanges du 20 juin dernier, je me permets de vous transmettre les propositions que nous vous avons formulées dans le but de pallier à la soi-disant pénurie de main d’œuvre qui selon nous est volontairement entretenue par certains employeurs du champagne. 

La CGT Champagne, en concertation depuis plusieurs années avec nombre de travailleurs saisonniers, serait favorable pour :

  • Réduire l’espace “nuit” dans un dortoir avec le nombre de toilettes et douches suffisants et propres, les vendangeurs préfèrent ce mode d’hébergement chez le vigneron qui est beaucoup plus convivial plutôt qu’une chambre d ‘hôtel premier prix bien souvent située dans une zone industrielle où ils sont logés à 2 ou 3 par chambre. Pour les vignerons ne possédant pas de dortoir, pourquoi ne pas mettre en place un partenariat avec les communes viticoles et les vignerons pour créer des « maisons d’accueil » dans des bâtiment inutilisés pendant la période des vendanges (salles des fêtes, gymnases par ex) en faisant revivre l’économie des villages
  • Rendre la vendange plus attractive pour les travailleurs locaux et régionaux : 
    • en faisant un effort sur le prix des repas voir les prendre totalement en charge,
    • en rendant les transports gratuits pour les plus précaires (bus, trains etc …),
    • en cumulant le RSA avec les salaires perçus pendant les vendanges comme cela se pratique dans notre région et l’étendre à l’ensemble du territoire et faire de même pour les bénéficiaires des indemnités pole emploi (bien souvent la période des vendanges tombe en même temps que la rentrée des classes, ces salaires seront réintroduits dans l’économie locale et cela permettrait à nombres de famille de sortir pour un temps d’une certaine précarité),
    • en supprimant le repos hebdomadaire (les vendanges s’étalent sur une période d’environ dix jours et le but des saisonniers est de faire un maximum d’heures dans la limite du raisonnable bien sûr). 
  • Coordonner les acteurs nationaux de l’emploi (pôle emploi, agences intérims…) afin de pourvoir les offres d’emplois saisonnières à travers toutes les régions du territoire afin de créer un cercle vertueux de ce type d’emploi selon les calendriers des récoltes et des régions.
  • Lutter contre l’esclavage moderne pratiqué par certains prestataires de service peu scrupuleux faisant appel à de la main d’œuvre bien souvent étrangère et avec la complicité de grandes maisons ayant pignon sur rue, qui entache l’image d’une région tout entière en : 
    • Payant les vendangeurs à l’heure et non plus au kg. Ce qui conduit à des dérives de la part de certains prestataires afin de pouvoir faire baisser le tarif proposer aux vignerons sur le dos des travailleurs. L’année dernière le prix au kg était environ de 0,23 à 0,27€ ; nous avons eu connaissance que certains prestataires rémunéraient les cueilleurs au kg sous 0,13€ et pour beaucoup étaient payés à leur retour dans leur pays d’origine) ou pas payés du tout.
    • Faisant appliquer la loi sur le devoir de vigilance des donneurs d’ordre qui font appel à ces sociétés de prestations (transports, hébergement, nourriture, salaires aux minimas Français et charges réglées en France et surtout bien s’assurer des conditions de travail).
    • Inscrire les conditions de travail, d’hébergement et de rémunération des saisonniers dans l’AOC Champagne
    • Pouvoir participer à ces réunions au titre du syndicat salariés auprès des instances (CIVC, SGV). Une demande que nous réitérons depuis de nombreuses années.

La Champagne, les régions viticoles et agricoles du territoire ne peuvent plus poursuivre cette course aux profits, à l’économie sur le dos des travailleurs, en créant de l’esclavagisme moderne en exploitant les travailleurs étrangers et en précarisant les travailleurs locaux. Nous devons mettre un terme à ce genre de pratique et à cette concurrence déloyale, volontairement entretenue par les employeurs régionaux et nationaux.

Madame la Sous-Préfète d’Epernay, nous vous remercions très sincèrement de toute l’attention que vous avez porté à nos propos lors de notre réunion, en espérant que nos propositions pourront recevoir un écho favorable pour un avenir plus radieux pour tous, pour les régions et pour les travailleurs.

Bien cordialement,

José Blanco

Secrétaire Général

L’Intersyndicat CGT des salariés du Champagne

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