Des conditions d’hébergement et de vendanges ne sont pas très glorieuses pour une AOC aussi prestigieuse au chiffre d’affaires de 6,3 milliards € critique José Blanco. – crédit photo : CGT Champagne (des vendangeurs lors de la récolte 2022 en Champagne).

Secrétaire général de l’Intersyndicat CGT des salariés du Champagne, José Blanco alerte sur les risques de la prestation de services dans les vignes : « les employeurs ne veulent pas regarder leurs responsabilités. Je signale à tous les vignerons qui font appel à prestation de service qu’ils ont un devoir de vigilance comme donneur d’ordres. » 

Notamment la vérification du paiement des salaires et des cotisations selon la réglementation française, ainsi que la gestion de l’hébergement, du transport et des repas. Pourtant, José Blanco voit dans le vignoble des « prestataires qui facturent à l’heure, mais paient à la tâche(1). D’autres cassent les prix sur le dos des salariés pour augmenter leurs marges. On voit des conditions de travail désastreuses pour les travailleurs bulgares ou tchèques… On peut parler de filières de traite dans les pays de l’Est » énumère le syndicaliste.

Mais « comme ça touche à l’image de la Champagne, ça ne plaît pas et ça fait bouger » note José Blanco, pour qui « il faut enrayer dérives ». Comme des travailleurs logés à plus de 80 km des vignes où ils travaillent, ou ayant une pause déjeuner réduite au maximum, ou subissant une forte surveillance de leur travail… Pour améliorer les conditions des saisonniers étrangers, José Blanco demande à la filière champenoise et à la préfecture de « lutter contre l’esclavage moderne pratiqué par certains prestataires de service peu scrupuleux », de payer « les vendangeurs à l’heure et non plus au kg », d’« appliquer la loi sur le devoir de vigilance des donneurs d’ordre qui font appel à ces sociétés de prestations (transports, hébergement, nourriture, salaires aux minimas Français et charges réglées en France et surtout bien s’assurer des conditions de travail) », d’« inscrire les conditions de travail, d’hébergement et de rémunération des saisonniers dans l’AOC Champagne » et de « pouvoir participer à ces réunions au titre du syndicat salariés auprès des instances (CIVC, SGV) ». Mais en matières sociales, le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) n’intervient pas, ces sujets étant du ressort de la commission tripartite du Champagne (avec le Syndicat Général des Vignerons de Champagne, SGV, et l’Union des Maisons de Champagne, UMC).

S’opposant à « de l’esclavagisme moderne en exploitant les travailleurs étrangers » et pas aux saisonniers étrangers, la CGT demande également des revalorisations et adaptation pour attirer plus de main d’œuvre locale. Le syndicat propose de « faire un effort sur le prix des repas voir les prendre totalement en charge, en rendant les transports gratuits pour les plus précaires (bus, trains etc …), en cumulant le RSA avec les salaires perçus pendant les vendanges comme cela se pratique dans notre région et l’étendre à l’ensemble du territoire et faire de même pour les bénéficiaires des indemnités Pole Emploi » et « en supprimant le repos hebdomadaire (les vendanges s’étalent sur une période d’environ dix jours et le but des saisonniers est de faire un maximum d’heures dans la limite du raisonnable bien sûr). »

(1) Erreur de la rédaction : ce sont les prestataires qui facturent à la tâche aux donneurs d’ordres et qui rémunèrent les salariés à l’heure, ce qui est bien moins avantageux pour ces derniers…

Pour télécharger l’article, cliquez sur les icônes en haut à droite de la visionneuse Pdf.

[pdfjs-viewer url="https://medias-wordpress-offload.storage.googleapis.com/cgtchampagnereims.fr/2023/08/19171805/Vitisphere-Conditions-de-travail-et-daccueil-des-saisonniers-etrangers-la-bombe-a-retardement-du-vignoble-2.pdf" attachment_id="20439" viewer_width=100% viewer_height=800px fullscreen=true download=true print=true]