Emmanuel Macron, promettant de « tout faire pour que le travail paie mieux », lors de sa conférence de presse du 16 janvier. © Le Monde
Le nombre de salarié au SMIC progresse régulièrement et c’est aujourd’hui 17% des salariés qui sont au SMIC soit près d’un sur cinq. Tandis que le smic, seul à être légalement indexé sur la hausse des prix, a été augmenté à plusieurs reprises (+ 12,6 % au total depuis 2021), le salaire de base des employés et ouvriers (+ 9 %) n’a pas suivi.
Les salariés du champagne n’y échappe pas (+ 8,6 % depuis 2021)…
Un article paru dans le monde, le 22 janvier 2024, intitulé : Sortir les Français de la « smicardisation » met le doigt sur cet épineux sujet…
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Les salariés au smic sont plus de 17 %, soit 3,1 millions, contre 12 % il y a tout juste trois ans. L’exécutif doit remettre à plat le système d’allégement de charges sur les bas salaires qui incite les employeurs à maintenir une rémunération au salaire minimum.
Parmi les réalités qui plombent le moral de nombreux Français et alimentent le vote protestataire, il en est une qui s’impose à la fin de chaque mois : leur bulletin de paie. La moitié des salariés français perçoivent moins de 2 091 euros mensuels net – le salaire médian en 2022 – et une proportion croissante d’entre eux se trouve reléguée au niveau du salaire minimum, fixé à 1 398,69 euros net. Alors que ces smicards ne constituaient que 12 % des salariés voici tout juste trois ans, ils sont aujourd’hui plus de 17 %, soit 3,1 millions.Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
Le phénomène, déjà observé au début des années 2000, au moment de la généralisation des 35 heures, n’est pas nouveau. Le mouvement des « gilets jaunes » de 2018-2019, déclenché par la hausse des taxes sur les carburants, a mis en lumière la colère des travailleurs aux fins de mois impossibles. Mais le retour de l’inflation, depuis 2022, précipite plus de salariés encore dans la « trappe à bas salaires » par un mécanisme pernicieux.
Passer aux actes
Il est urgent de corriger les conséquences délétères de pareils mécanismes, sans attendre le lent rééquilibrage attendu du ralentissement de l’inflation. Emmanuel Macron, en promettant de « tout faire pour que le travail paie mieux », lors de sa conférence de presse du 16 janvier, a semblé l’avoir compris. Il reste à passer aux actes pour sortir d’une situation qui, si elle dépend principalement du rapport de force et des négociations entre syndicats et patronat, est aussi sensible à l’action de l’Etat.
Si un retour à l’indexation générale des salaires, abandonnée en 1983, ne saurait constituer une réponse pérenne en raison de son caractère inflationniste, il appartient au gouvernement d’inciter fortement les partenaires sociaux à relever les minima conventionnels dans les branches professionnelles où ils sont inférieurs au smic. L’Etat doit favoriser les employeurs qui partagent plus équitablement leurs profits avec leurs salariés et qui motivent ces derniers en leur offrant des possibilités de formation pour favoriser la montée en compétences et la mobilité d’une entreprise à l’autre, facteurs importants de promotion.
Mais le principal levier dont dispose l’exécutif passe par une remise à plat du système d’allégement de charges sur les bas salaires. Alléger les cotisations sur les salaires légèrement supérieurs au smic, conditionner les exonérations à des actions de promotion…
Toutes les incitations à mieux rémunérer les salariés doivent être explorées. Il y va de la justice sociale, de la dignité des travailleurs et de la cohésion du pays.