Deux salariés des sociétés « Chopin » à la sortie de leur entretien préalable de licenciement, le 15 février 2024. Désabusés, en colère, ils sont déterminés et prets entamer une procédure aux prud’hommes au moindre doute sur le montant de leur solde de tout compte. © Intersyndicat CGT du champagne

Les différentes sociétés de Didier Chopin, accusé d’avoir produit du faux champagne, sont placées en liquidation judiciaire depuis le 12 février. Après plusieurs licenciements, 5 nouveaux ont eu lieu, le 15 février 2024. Plusieurs ouvriers et employés et des ex-employés réclament des arriérés de salaires.

Les faits

Didier Chopin, un vigneron Marnais, est accusé d’avoir produit du faux champagne, avec du vin d’Ardèche, ou d’Espagne auquel il était ajouté du gaz carbonique.

Didier Chopin employait une quinzaine de personnes à Champlat-et-Boujacourt et à Billy-sur-Aisne, près de Soissons, où il avait créé une entreprise de fabrication de vins d’apéritif.

La société Chopin en redressement judiciaire depuis le 5 septembre et la holding Chopin chapeautant d’autres entités depuis le 12 décembre, viennent d’être mises en liquidation judiciaire le 12 février dernier par le tribunal du commerce

11 salariés des différentes sociétés ont été licenciés économiquement dont 5, le 15 février 2024.

Mme Ludivine Jeanmingen, responsable du site Chopin de Billy-sur-Aisne à Soissons qui conteste son licenciement pour faute grave est en attente de sa reconnaissance de lanceur d’alerte.

Didier Chopin est installé au Maroc, où il a monté une entreprise de culture de fruits et légumes.

Après avoir été insultés, accusés par leur employeur d’être soit des complices, ou des balances, ils doivent maintenant se débattre dans des problèmes de salaire, versés en retard ou de façon incomplète. 5 d’entre eux ne savent même pas sur quelle base sera calculé le montant de leur indemnité de licenciement, prononcé le 15 février dernier. En effet, après avoir été payés sur la base de la convention collective du champagne à la signature de leur contrat de travail, ils sont passés à la convention nationale agricole et des CUMA, bien moins avantageuse, en cours de contrat, sans en avoir été informés.

Dans ces conditions, le cabinet de mandataires judiciaires « Croizat », nommé par le tribunal du commerce pour exécuter la liquidation des sociétés a, semble-t-il, toutes les peines du monde pour calculer leur solde de compte. En colère, certains salariés des sociétés Chopin se sentent oubliés par les instances champenoises qui n’ont fait aucune offre de reclassement pour les aider à se sortir de ce mauvais pas.

Les salariés licenciés peuvent compter sur l’intersyndicat CGT du champagne qui va se porter partie civile pour appuyer leurs dossiers aux prud’hommes, a dans un premier temps, mandaté, M. Hervé Millat, conseiller du salarié CGT, pour les accompagner dans toute la procédure de licenciement économique.

Le Comité Champagne, institution en charge de la protection de l’appellation champagne, quant à lui, déclare « se porter systématiquement partie civile dans les affaires de fraude , mais n’a cependant pas souhaité commenter cette affaire en cours, dont les faits, selon leur service juridique, pourraient être qualifiés de « tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l’origine ou la quantité d’une marchandise », de « pratique commerciale trompeuse », « usurpation d’appellation d’origine et détention de marchandise présentée sous une marque contrefaisante », ou encore d’« atteinte à l’appellation par des produits comparables ne respectant pas le cahier des charges »

Défendre l’image de la Champagne semble donc bien plus important aux yeux de l’interprofession que d’essayer de reclasser les 11 salariés des sociétés Chopin, eux aussi victimes collatérales de ce qui semble être une scandaleuse affaire d’escroquerie !

Ludivine Jeanmingin réclame l’obtention du statut de lanceur d’alerte.

Licenciée pour faute grave, Ludivine Jeanmingin, conteste son licenciement devant les prudhommes. Elle demande désormais à la justice de la protéger et espère obtenir de la cours d’appel de Reims le statut de lanceur d’alerte, le 16 mars prochain.

Ludivine Jeanmingin se dit écœurée : « nous devons toujours prouver plus pendant que Didier Chopin est au Maroc et on a l’impression qu’on ne lui demande rien. »

Ecouter l’interview qu’elle a donné au journal l’Union ci-dessous