Intervention de Sophie Binet sur le stand de la l’UD CGT du 51, le 06 septembre 2024. ©Photo Intersyndicat CGT du champagne
Lors de sa venue sur le stand de la CGT à la foire de Chalons en Champagne à l’invitation de l’UD CGT du 51, le 6 septembre dernier, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a exprimé ses inquiétudes face à la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre.
Elle critique ce choix, qualifiant la situation de » dangereuse « pour la démocratie, en raison de l’influence du RN se posant en véritable faiseur de roi dans la formation du nouveau gouvernement. Sophie Binet réclame une rupture avec la politique d’Emmanuel Macron, en particulier sur les questions sociales et économiques, notamment l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et le soutien aux services publics. Elle appelle à une mobilisation des salariés et à des grèves massives, en particulier le 1er octobre, pour faire entendre les revendications lors de la première session du parlement :
- l’abrogation de la réforme des retraites ;
- l’augmentation des salaires et des pensions ;
- l’augmentation du buget de financement des services publics (santé, éducation, recherche…) ;
- la relance de l’industrie.
Sophie a également rappelé l’enjeu, au combien important, des élections TPE qui auront lieu courant novembre prochain (voir la vidéo de son intervention en bas de cet article).
Présent également sur la foire de Châlons, la députée Laure Miller (Renaissance) et le sénateur Cédric Charpentier (sénateur de la Marne et membre du groupe Les Indépendants – République et territoires) sont venus à la rencontre de syndicalistes CGT, dont José Blanco, Secrétaire général de L’intersyndicat CGT du champagne faisait partie.
À cette occasion, le leader de la CGT Champagne n’a pas manqué de les interpeller sur l’organisation des prochaines vendanges, notamment sur la suspension du repos hebdomadaire pour les saisonniers venus faire les vendanges cette année. Si la députée Renaissance Laure Miller s’est dite favorable à cette décision prise par le gouvernement démissionnaire Attal, le Sénateur Cédric Chevallier, quant à lui, s’est dit très attentif sur les effets de cette mesure, ainsi qu’aux positions prises par la CGT champagne dans le cadre de La campagne « Ensemble pour les vendanges en Champagne » lancée par le CIVC et souhaite rencontrer l’Intersyndicat très prochainement.
Voir les photos ci-dessous :
Ci-dessous, l’article du journaliste Frédéric Gouis, paru dans le journal l’Union le 07 septembre 2024, intitulé : Sophie Binet (CGT) demande « une rupture avec la politique d’Emmanuel Macron ».
https://www.lunion.fr/
Sophie Binet (CGT) demande « une rupture avec la politique d’Emmanuel Macron »
Propos recueillis par Frédéric Gouis
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, hier à la Foire de Châlons. ©Photo Stéphanie Jayet
En déplacement à la Foire de Châlons vendredi 6 septembre, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, y a rencontré des syndiqués mais aussi Charles de Courson, député centriste de la Marne. Elle a dressé la liste des revendications qui attend le nouveau Premier ministre.
Que vous inspire la nomination de Michel Barnier (LR) à Matignon ?
C‘est pour le moins baroque et étonnant ! On choisit un Premier ministre issu d’un parti qui a fait moins de 5 % des suffrages lors des législatives et on donne le rôle de faiseur de roi au RN, qui a bloqué tous les profils sociaux proposés pour Matignon. On sait donc que la durée de vie du gouvernement Barnier va dépendre du RN. Cela me met très en colère car les électeurs et électrices se sont mobilisés pour battre le RN et Emmanuel Macron remet ce parti au centre du jeu. C’est malsain et dangereux pour notre démocratie.
« Rien ne se fera par magie, les salariés doivent se mobiliser »
Et Michel Barnier, qu’en pensez-vous ?
J’avoue être un peu inquiète au vu de ses positions passées. Attendons de connaître ses positions aujourd’hui sur les questions sociales. Va-t-il abroger la réforme des retraites ? Augmenter les salaires ? Va-t-il donner un coup de pouce au Smic pour empêcher la perte massive de pouvoir d’achat ? Va-t-il indexer l’ensemble des salaires sur les prix ? Je veux aussi lui parler de l’état de nos services publics, de nos hôpitaux, de notre éducation. Il faut mettre de l’argent pour cela, on ne peut y mener une politique d’austérité ; lui parler de la situation de notre industrie qui va mal, des licenciements qui se multiplient. Un changement de politique économique et sociale est nécessaire, arrêtons de laisser la bride sur le cou aux multinationales qui ne cherchent qu’à verser plus de dividendes à leurs actionnaires. L’État doit reprendre la main et se faire respecter.
Pourquoi ce nouvel exécutif, avec un homme de droite à Matignon, serait plus ouvert que ses prédécesseurs à vos revendications ?
Nous sommes très contents de changer de gouvernement. Cela ne doit pas être seulement un changement de tête ! Michel Barnier a dit qu’il sera à l’écoute, nous demandons d’être entendus afin de prendre en compte ce que pensent les travailleuses et les travailleurs. Il faut une rupture avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron qui a conduit à la catastrophe actuelle.
Vous pensez que Michel Barnier, membre de LR, peut être l’homme de cette rupture ?
Rien ne se fera par magie, les salariés doivent se mobiliser, tenir des AG dans leur entreprise, leur territoire afin de définir leurs revendications. Cela permettra de construire les grèves et les mobilisations, notamment celle du 1 er octobre jour où nous devons être le plus nombreux possible dans les rues pour que nos revendications soient entendues. L’avenir du pays ne peut dépendre de conciliabules de quelques-uns, très éloignés des problématiques du pays, dont celle, en tête, des salaires et du pouvoir d’achat ! 80 % des Français ne veulent pas de la réforme des retraites…
Vous croyez vraiment à ces changements ?
Tous ceux qui sont déprimés par cette actualité anxiogène ne doivent surtout pas être défaitistes et fatalistes ! L’action, cela paye. Cet été, nous avons obtenu, après plus d’un an de mobilisation, 238 euros d’augmentation pour le plus d’un million de salariés de l’action sociale. Nous avons aussi obtenu la suspension de la réforme de l’assurance chômage, l’enterrement de celle de la fonction publique, de l’audiovisuel public… Ensemble, on arrive à déplacer des montagnes. Notre mobilisation a payé, alors continuons ! Macron est passé en force, il le paye aujourd’hui électoralement. Je suis optimiste car je pense qu’une majorité de députés, je viens de rencontrer Charles de Courson, peuvent voter en faveur de l’abrogation de la réforme des retraites.