Septembre 2024 : travailleur saisonnier en recherche d’emploi pour les vendanges dormant sur des cartons sous l’abri à vélos devant la gare d’Epernay. © Photo Isabel Da Silva L’Union

Dans l’article de la journaliste Isabel Da Silva, paru dans l’Union le dimanche 15 septembre 2024, l’action de l’intersyndicat CGT du champagne se distingue, par son engagement en faveur des travailleurs saisonniers, particulièrement ceux en situation de précarité, souvent étrangers et sans papiers.

Face aux conditions difficiles de ces vendangeurs, qui dorment dans la rue et sont exploités par des recruteurs employés par des prestataires de services peu scrupuleux, dont certains s’apparentent à de véritables hommes de main, la CGT Champagne se positionne comme un acteur clé de la protection des droits des travailleurs.

L’intersyndicat intervient directement sur le terrain, distribuant des tracts traduits en plusieurs langues pour informer les travailleurs sur leurs droits, notamment concernant les salaires et les conditions de travail. José Blanco, secrétaire général de la CGT Champagne, souligne les abus récurrents dont sont victimes ces travailleurs vulnérables, certains étant sollicités pour des salaires aussi bas que 30 euros par jour, bien en dessous du tarif légal d’environ 80 euros.

Par cette action, en plus de sensibiliser ces travailleurs, la CGT Champagne alerte les autorités locales et nationales. En effet, L’initiative va bien plus loin que la simple sensibilisation : des distributions de nourriture et un soutien humanitaire sont également organisés, renforçant ainsi le lien avec ces travailleurs souvent isolés.

Cette démarche de la CGT champagne a fait énormément bouger les choses dans bien des domaines, car d’une part, le signalement de la situation aux services de police nationale d’Epernay a permis d’assurer la protection de ces travailleurs précaires et, d’autre part, a déclenché l’intervention du « club de prévention » et de « France Travail » pour aider les saisonniers dans leurs démarches de recherche d’emploi pendant les vendanges. Sans oublier, l’accueil réservé aux précaires par la Croix-Rouge leur permettant de se doucher ou de prendre un repas.

Cette action syndicale s’inscrit dans un contexte marqué par des scandales, comme les « vendanges de la honte » de 2023, et démontre la vigilance continue de la CGT face à un problème récurrent, malgré les efforts du Comité Champagne pour améliorer les conditions. La présence de l’intersyndicat devant la gare d’Epernay, dès le début de la vendange, met en lumière une situation complexe où la lutte contre l’exploitation et la précarité des travailleurs saisonniers reste une priorité.

Ce n’est bien évidemment pas la seule action menée par la CGT champagne qui, dès le lundi 16, va sillonner les vignobles de la Marne dans le cadre de la caravanne des vendanges avec le collectif vendanges et l’UD du 51 afin de distribuer des tracts aux  travailleurs saisonniers présents sur le terrain dans le but de les informer sur les salaires et sur leurs droits (Voir la vidéo de l’UD du 51)

Ce sujet fera également l’objet d’un nouvel article accompagné de photos et vidéos très prochainement.

L’Intersyndicat CGT du champagne

Voir le carrousel d’images, l’extrait de la vidéo du journal de France 3 Champagne Ardenne diffusée le19 septembre 2024 et l’article de l’Union, ci-dessous :

Le carrousel d’images

Extrait de la vidéo du journal de France 3 Champagne Ardenne

L’article de l’Union

PAGES LOCALES

15/09/2024

Vendanges : Précaires mais prêts à travailler 

Isabel Da Silva

Ils passent leur journée au square Clevedon dans l’espoir d’être engagés pour les vendanges. Certains reviennent chaque année depuis 7 ans. © Photo Isabel Da Silva 

Pays d’Épernay Chaque année, les travailleurs étrangers affluent dans l’espoir d’être engagés pour les vendanges. 2024 ne fait pas exception.

Ils sont arrivés début septembre pour la grande majorité par le train depuis Paris. Plutôt discrets jusqu’à présent, ce jeudi, ils sont désormais une dizaine bien visibles square Clévedon devant la gare d’Épernay, à quelques heures du premier coup de sécateur.

Originaires d’Afrique, avec ou sans papiers, ces hommes âgés entre 20 et 30 ans, viennent à Épernay pour faire les vendanges. Ils ont un baluchon pour seul bagage, dorment sur un carton à même le sol près du local à vélo de la gare.
Travail déclaré ou pas, la législation française leur importe peu. Ils attendent les recruteurs et un job à la journée voire plus. Devant le square, d’ailleurs, on observe un ballet incessant de camionnettes. Notre présence ce jeudi aux côtés de la CGT Champagne, qui vient faire de la prévention auprès de ces saisonniers, gêne les affaires.

« ON VEUT SEULEMENT TRAVAILLER… »

Peu de véhicules s’arrêtent. Une fourgonnette fera même trois fois le tour du parking de la gare sans jamais se garer pendant notre reportage. Les travailleurs étrangers s’agacent. « Nous, on veut seulement travailler » , nous lance l’un d’eux refusant de s’épancher davantage sur sa situation. « Ils sont démarchés par des gens du voyage ou des hommes de main des prestataires peu scrupuleux qui exploitent la misère humaine » , confie José Blanco, secrétaire général CGT, pour un salaire de misère ou parfois même pour rien. Les abus sont nombreux chaque année. « Ce sont des travailleurs vulnérables. Nous avons averti la Ville et les services d’État pour les protéger. » Vivants dans la rue, « ils vont à la Croix-Rouge pour une douche ou un repas » , nous rapportent les cégétistes qui ont réussi à tisser du lien avec ces hommes peu loquaces.

Tous les jours et en petits groupes, les syndicalistes distribuent un peu de nourriture et des flyers avec des informations utiles. « Nous l’avons fait en plusieurs langues pour pouvoir les informer sur le droit du travail français, les conditions et les salaires des vendangeurs. Certains ont déjà reçu des propositions pour 30 euros la journée alors que c’est environ 80 euros » , rappelle José Blanco. Justement Brite, Nigérian de 24 ans, rejoint le square. Il vient de refuser une proposition à « 50 euros par jour » , nous dit-il avant d’être rappelé à l’ordre par ses camarades d’infortune. Une chape de plomb recouvre le petit espace vert.

Les «vendanges de la honte» en 2023 en raison de cinq décès de saisonnier et des vendangeurs hébergés dans des conditions insalubres, ont marqué les esprits. Malgré le plan du Comité champagne, le scénario est-il en passe de se répéter en 2024 ?