Marine Le Pen, à l’Assemblée nationale, le 22 octobre 2024. © Alain JOCARD / AFP
Alors que le débat sur l’abrogation de la réforme des retraites bat son plein à l’Assemblée nationale, l’imposture sociale du Rassemblement National (RN) se révèle une fois de plus au grand jour. Derrière son discours prétendument protecteur des classes populaires, le parti de Marine Le Pen affiche des choix politiques en parfaite contradiction avec les intérêts des travailleurs les plus précaires.
Le Rassemblement National : la fausse promesse sociale dévoilée
Lors du récent examen du projet de budget de la Sécurité sociale, les députés RN ont voté aux côtés des Républicains et des macronistes pour rejeter les amendements visant à abroger la réforme des retraites. Pourquoi ? Parce qu’ils refusent de toucher aux privilèges des plus riches.
Le Nouveau Front Populaire (NFP), coalition de gauche regroupant socialistes, communistes et écologistes, avait proposé une mesure simple et équitable pour financer un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans : une surcotisation pour les revenus les plus élevés, ceux qui touchent plus de deux fois le plafond de la Sécurité sociale (soit 7 200 euros par mois). Une mesure de justice fiscale soutenue par une majorité de la population, comme l’a rappelé le député PS Jérôme Guedj. Mais cette proposition a été balayée par le RN, fidèle à son rôle de protecteur des grandes fortunes et des élites économiques, avec pour justification la crainte d’un « enfer fiscal ».
Cette position anti-sociale, que le RN partage avec la droite classique, trahit son véritable agenda : loin d’être un parti au service des classes populaires, il œuvre en réalité pour maintenir l’ordre économique établi. En refusant catégoriquement d’augmenter les cotisations des plus riches pour financer un système de retraite plus juste, le RN prouve qu’il préfère protéger les intérêts de ceux qui profitent le plus du système actuel.
L’enfumage de la niche parlementaire
Le RN prétend vouloir organiser un vote sur l’abrogation de la réforme des retraites lors de sa niche parlementaire du 31 octobre. Une manœuvre populiste qui ne trompe personne : cette proposition n’a aucune chance d’être examinée au Sénat, faute de relais parlementaire. Il ne s’agit là que d’une tactique visant à détourner l’attention et à alimenter le mythe d’un RN prétendument du côté des travailleurs. Dans les faits, ce parti se refuse à soutenir toute mesure réelle de justice sociale.
Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, ne s’y trompe pas. Bien qu’elle partage la volonté d’abroger la réforme des retraites, elle qualifie la proposition du RN d’« imposture sociale ». Selon elle, cette initiative n’a aucune chance d’aboutir et ne repose sur aucun financement solide. « Abroger la réforme des retraites sans proposer un mécanisme de financement, c’est un coup de communication sans lendemain », a-t-elle déclaré. Elle souligne que pour abroger cette réforme, il faut passer par les discussions sur le budget de la Sécurité sociale, où des amendements concrets peuvent être déposés et soutenus, contrairement à la tactique populiste du RN.
Sophie Binet va plus loin en dénonçant l’incohérence du RN, qui prétend abroger la réforme des retraites sans toucher aux ressources nécessaires pour financer le système de répartition. Elle critique également leur proposition de compenser l’abrogation uniquement par une augmentation du prix du tabac, une solution simpliste et insuffisante : « N’importe quel enfant de six ans sait que ça ne va pas tenir. »
Le refus de l’impôt sur la fortune : une autre trahison
Le RN ne s’arrête pas là dans sa défense des plus favorisés. Lors de l’examen du budget de l’État, le parti a une nouvelle fois montré son vrai visage en refusant le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), une mesure pourtant plébiscitée par une large majorité de Français. Alors qu’il se nourrit de la colère populaire contre les réformes libérales, le RN reste dans l’incantation, sans jamais proposer de solution concrète. Il refuse systématiquement de mettre en place des politiques fiscales qui permettraient de rétablir une véritable justice sociale.
Sophie Binet, quant à elle, plaide pour des mesures plus justes et structurées, comme la réintroduction de l’ISF et des actions concrètes sur la pénibilité au travail. Pour elle, de nombreux métiers sont impossibles à poursuivre après 55 ans, voire même après 50 ans dans certains cas. Elle souligne également que la réforme des retraites a aggravé les inégalités, notamment pour les femmes.
Le RN, un allié des élites, pas du peuple
En résumé, le RN s’impose de plus en plus comme une force conservatrice, rejetant toute forme de redistribution des richesses et toute réforme qui pourrait rééquilibrer les inégalités croissantes dans notre société. Derrière son vernis populiste, il s’avère être un allié objectif du néolibéralisme, préférant, sous couvert d’un discours simpliste, préserver les intérêts des plus riches au détriment de la majorité des citoyens.
Cette dernière séquence parlementaire confirme ce que beaucoup soupçonnaient et que la CGT dénonçait déjà : le RN n’est pas et n’a jamais été un parti du peuple. Ses positions et ses votes prouvent qu’il est bien plus proche des élites économiques qu’il ne veut le faire croire, laissant sur le carreau ceux qu’il prétend défendre.