Le premier ministre, Michel Barnier, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, le 2 octobre 2024. © Julien Muguet « LE MONDE »
AUTEUR : L’Intesyndicat CGT du champagne
le 25 novembre 2024 – temps de lecture : 5 mn
Les travailleurs malades sont les premières victimes de cette politique.
La CGT Champagne dénonce les réformes proposées par le gouvernement Barnier, qui, sous couvert de réduire les arrêts maladie, vise à diminuer les droits des salariés et des agents publics. Ces mesures risquent de pénaliser particulièrement les travailleurs les plus précaires et de creuser davantage les inégalités.
Des économies sur le dos des malades
Pour réduire les arrêts maladie, le gouvernement propose des réformes injustes : allonger les délais de carence et abaisser les plafonds d’indemnisation. L’exécutif qualifie ces absences de « dérive d’absentéisme », sans prendre en compte les causes structurelles. Pourtant, l’augmentation des arrêts maladie résulte de multiples facteurs : vieillissement de la population, dégradation des conditions de travail, allongement de la durée de carrière et intégration des indépendants au régime général.
Une étude récente de la Dares montre que l’exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux est directement liée à une hausse des arrêts maladie. Malgré ces données, le gouvernement préfère parler d’abus et propose des mesures qui pénalisent les malades, au lieu de s’attaquer aux véritables causes.
Dans le privé, le plafond des indemnités journalières en baisse
Les salariés du secteur privé ne sont pas épargnés. Le gouvernement prévoit de réduire le plafond des indemnités journalières (IJ) de 1,8 Smic à 1,4 Smic, affectant directement ceux qui ne bénéficient pas de garanties supplémentaires dans leurs conventions collectives.
Cette mesure touchera principalement les salariés des petites entreprises, les aides à domicile, les assistantes maternelles, les intérimaires ou encore les chômeurs, creusant davantage les inégalités. Pour la CGT champagne, il s’agit d’une attaque supplémentaire contre les travailleurs les plus précaires, tout cela pour économiser 600 millions d’euros.
Dans la même logique, Michel Letter, président de la commission sociale de l’Union des maisons de Champagne, relance régulièrement une proposition inquiétante : remettre en question le maintien du salaire à 100 % prévu par la Convention Collective du Champagne et réintroduire des jours de carence en cas de maladie. Une demande fermement rejetée par l’Intersyndicat CGT du champagne, qui insiste sur l’importance de préserver ces conquis sociaux essentiels à la protection de la santé des salariés de la profession.
Allongement du délai de carence pour les fonctionnaires : une mesure discriminante
Le gouvernement veut augmenter à trois jours le délai de carence en cas d’arrêt maladie pour les fonctionnaires, contre un jour actuellement. Cette mesure ignore les spécificités du public, où les métiers pénibles, occupés majoritairement par des femmes et des seniors, augmentent le risque d’absence pour maladie.
En outre, les données contredisent l’argument du gouvernement : en 2023, les absences pour raison de santé ont diminué dans la fonction publique (12 jours en moyenne, contre 14,5 en 2022). Pire, l’allongement des jours de carence pourrait encourager le présentéisme, où les salariés viennent travailler malades, avec des conséquences graves pour leur santé à long terme.
Une baisse de la rémunération en cas d’arrêt de travail
Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, propose également de réduire la rémunération des agents publics malades de 100 % à 90 %. Il justifie cette mesure en arguant une harmonisation avec le secteur privé, où le délai de carence est déjà de trois jours. Or, près de 70 % des salariés du privé bénéficient d’accords garantissant un maintien à 100 % de leur salaire.
Ces deux mesures combinées entraîneraient une perte importante de pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Selon une estimation, un arrêt maladie de 5 jours pourrait coûter jusqu’à 320 euros pour un agent de catégorie A et 215 euros pour un agent de catégorie C. Les femmes, majoritaires dans la fonction publique, et les seniors seraient les plus impactés.
La CGT champagne dénonce une réforme injuste et inefficace
Ces mesures ne s’attaquent pas aux véritables causes des arrêts maladie, comme la dégradation des conditions de travail. Elles ignorent la responsabilité des employeurs dans l’exposition des salariés aux risques physiques et psychosociaux, et font porter tout le poids de la réforme sur l’ensemble des salariés.
La CGT Champagne s’oppose fermement à cette réforme et appelle l’ensemble des travailleurs à se tenir prêts à se mobiliser pour défendre leurs droits. Nous exigeons des politiques qui améliorent les conditions de travail et protègent les malades, au lieu de les pénaliser.