La CGT mobilise contre les plans sociaux, partout en France, le 12 décembre 2024. © La Vie Ouvrière
Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 16 décembre 2024
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Le jeudi 12 décembre 2024 a été marqué par une mobilisation nationale appelée par la CGT, rejointe par FSU et Solidaires, pour défendre l’emploi et l’industrie. Partout en France, des milliers de salariés, à travers divers secteurs industriels, ont manifesté leur exaspération face à la multiplication des plans sociaux et à la destruction progressive du tissu industriel national.
De Paris à Marseille, de Grenoble à Lille, les rassemblements ont exprimé une détermination claire : il est temps de mettre un terme à cette casse industrielle orchestrée. La mobilisation, bien qu’inégale en termes de participation selon les régions, a porté un message d’unité pour sauvegarder les emplois et les compétences, à l’heure où les territoires subissent les conséquences économiques et sociales de décisions souvent guidées par une logique financière.
À travers des manifestations, grèves et rassemblements sur les lieux de travail, les salariés ont rappelé leur rôle crucial dans la création de richesse et la vitalité des territoires. Parmi les revendications portées : l’arrêt des licenciements, le maintien des activités industrielles stratégiques et une intervention forte de l’État pour sauvegarder l’emploi et soutenir le tissu productif.
Des exemples concrets de destruction industrielle
Parmi les entreprises au cœur de la crise actuelle, Vencorex, à Pont-de-Claix, près de Grenoble, illustre les difficultés rencontrées par les sites industriels français. Spécialisée dans la production d’isocyanates – des composés essentiels pour des industries telles que la peinture et les vernis – cette entreprise emploie des milliers de salariés. Depuis son redressement judiciaire en septembre 2024, à la demande de son actionnaire majoritaire thaïlandais, elle est confrontée à un risque imminent de fermeture.
Malgré une rentabilité attestée jusqu’en 2022, Vencorex a été victime de pratiques de concurrence déloyale émanant de marchés internationaux moins réglementés. La CGT, aux côtés des salariés, dénonce une « faillite organisée » et appelle à une nationalisation pour sauvegarder ces emplois stratégiques. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a d’ailleurs souligné que l’avenir de Vencorex représente bien plus qu’un enjeu local : il s’agit d’un symbole de la nécessité de réguler les pratiques industrielles et commerciales pour garantir la souveraineté économique de la France.
Au-delà de Vencorex, d’autres entreprises sont frappées par cette vague de restructurations. Michelin, symbole du savoir-faire français dans le secteur pneumatique, a annoncé la fermeture de plusieurs usines, notamment celles de Cholet et de Vannes, entraînant des milliers de licenciements. Auchan, un acteur majeur de la grande distribution, a également décidé de supprimer des milliers de postes pour « réorganiser » ses activités. Ces décisions, souvent présentées comme étant dictées par la « nécessité économique », masquent des stratégies financières où les actionnaires priment sur les travailleurs.
Mieux comprendre les raisons de la casse industrielle
La casse industrielle que dénonce la CGT trouve son origine dans plusieurs facteurs. Tout d’abord, la mondialisation et les pratiques de dumping social et environnemental ont mis en concurrence des économies aux règles du jeu inégales.
De nombreuses industries délocalisent pour bénéficier de coûts de production plus faibles à l’étranger, abandonnant des bassins d’emploi entiers en France.
Ensuite, les stratégies financières des groupes multinationaux jouent un rôle clé. Les restructurations décidées pour maximiser les profits des actionnaires ignorent les conséquences humaines et sociales. Cela se traduit par des licenciements massifs, la fermeture de sites rentables et une perte de savoir-faire précieuse. En effet, chaque fermeture d’usine n’entraîne pas seulement la perte d’emplois directs : ce sont aussi des emplois indirects et un écosystème entier qui sont impactés.
La CGT et les syndicats s’opposent à ces décisions destructrices pour plusieurs raisons. Ils mettent en avant le besoin de renforcer la souveraineté économique de la France et de préserver son indépendance industrielle. Pour les syndicats, l’industrie n’est pas qu’un simple secteur économique : c’est un pilier pour l’emploi, la formation et l’innovation. La casse industrielle entraîne un déclassement économique et social dont les conséquences seront lourdes pour les générations futures.
Enfin, l’intervention publique est jugée cruciale. La CGT appelle à la mise en place de politiques publiques ambitieuses pour soutenir l’industrie, notamment par la nationalisation des secteurs stratégiques, une régulation accrue des pratiques commerciales et une meilleure protection des travailleurs.
Construire une réponse collective
La mobilisation du 12 décembre 2024 est un rappel fort de l’urgence de protéger et de relancer l’industrie française. Face à la déferlante des licenciements et des fermetures d’usines, la CGT et les syndicats réaffirment leur volonté de lutter contre une logique à court terme destructrice d’emplois et de compétences. Les salariés, qu’ils soient de Vencorex, Michelin ou d’autres entreprises touchées, sont unis dans cette bataille pour un avenir industriel durable.
Cette lutte appelle à une réflexion plus large sur le modèle économique et social que la France souhaite adopter. Pour la CGT, il est temps de replacer l’humain et l’emploi au cœur des priorités, loin des logiques purement financières. Le combat pour l’industrie est avant tout un combat pour la dignité des travailleurs et la vitalité des territoires.