Avec la baisse de la couverture de certaines prestations par la Sécurité sociale, entré en vigueur le 22 décembre 2024, une part de plus en plus importante du financement est transférée vers les assurances complémentaires. © Crédit photo : Thierry David.
Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 23 décembre 2024
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La réforme de la hausse du ticket modérateur et des participations forfaitaires est entrée en vigueur, le 22 décembre 2024. Ces ajustements budgétaires, destinés à réduire le déficit de la Sécurité sociale, vont avoir des répercussions directes sur les mutuelles et leurs assurés, avec des conséquences notables sur le pouvoir d’achat.
A la participation forfaitaire, qui est passeée de 1 à 2 euros pour chaque consultation ou acte médical, s’ajoute l’augmentation du ticket modérateur pour les consultations de généralistes (de 30 % à 35 %). Ces mesures vont augmenter les charges des complémentaires santé qui, véritable effet domino, vont les répercuter sur les cotisations des assurés.
Une pression croissante sur le pouvoir d’achat des actifs
Pour les actifs, déjà confrontés à des hausses régulières des prix de la vie courante (alimentation, énergie, logement), l’augmentation des cotisations des mutuelles vient grever encore davantage leur budget. En moyenne, les cotisations des complémentaires santé devraient augmenter de 5 % à 8 % en 2025, ce qui représente une charge supplémentaire de plusieurs dizaines d’euros par mois pour un foyer.
Les contrats collectifs, souvent souscrits par les employeurs, offrent une certaine protection aux actifs, mais cela ne suffit pas toujours à absorber l’impact de ces hausses. Dans de nombreux cas, les employeurs répercutent une partie de ces coûts sur leurs salariés, par le biais de contributions salariales accrues. Ainsi, pour les actifs, ces augmentations affectent non seulement leurs revenus disponibles mais aussi leur capacité à consommer.
Les retraités, grands perdants de la réforme
Les retraités subissent un impact particulièrement lourd. Contrairement aux actifs, qui bénéficient souvent de contrats collectifs pris en charge partiellement par leur employeur, les retraités doivent assumer seuls le coût des contrats individuels. Et, dans bien des entreprises, comme c’est le cas dans les maisons de champagne actuellement, les directions remettent progressivement en cause ces accords. La tendance est de limiter ces avantages aux actifs, en excluant les retraités, ce qui les contraint à souscrire des contrats individuels plus coûteux.
En moyenne, un retraité débourse 150 euros par mois pour sa complémentaire santé, soit 50 % de plus qu’un actif. Avec la disparition progressive des avantages liés aux accords collectifs dans les maisons de champagne cette charge pourrait encore augmenter et s’élever à plus de 300 € par mois pour maintenir un taux de couverture identique à celle des actifs, accentuant considérablement la pression sur le pouvoir d’achat des retraités.
Une remise en question des solidarités intergénérationnelles
Ces évolutions creusent les inégalités entre actifs et retraités. Alors que les besoins en santé augmentent avec l’âge, les retraités se retrouvent à supporter des coûts croissants, au risque de renoncer à une couverture santé adéquate. Ce phénomène est d’autant plus marqué dans les entreprises où les accords collectifs sont supprimés ou limités. Ce retrait fragilise un système qui s’appuyait historiquement sur une solidarité intergénérationnelle. Les entreprises, en réduisant progressivement leur soutien aux retraités, accentuent les inégalités en matière de santé et risque d’entraîner des coûts encore plus élevés pour le système de soins, à mesure que des problèmes de santé non traités évoluent en pathologies plus graves.
Une menace pour l’accès aux soins
L’augmentation des cotisations des mutuelles et la suppression progressive des avantages pour les retraités posent une menace pour l’accès aux soins. Une part croissante des actifs et des retraités pourrait renoncer à des consultations médicales ou à l’achat de médicaments jugés non essentiels, aggravant ainsi les inégalités en matière de santé.
Voici la version modifiée de la section « Un appel à des solutions structurelles », intégrant les revendications de la CGT issues du fichier PDF :
Un appel à des solutions structurelles
Face à l’augmentation des cotisations des mutuelles et à la pression croissante sur le pouvoir d’achat des assurés, la CGT propose une refonte ambitieuse du système de financement de la santé. Elle revendique une « Sécurité sociale intégrale », capable de garantir un remboursement à 100 % des soins de santé. Cette vision repose sur les principes de solidarité et d’universalité, visant à réduire à zéro le reste à charge pour les ménages.
Pour y parvenir, la CGT préconise :
- La fin des exonérations de cotisations patronales, qui représentent une perte significative de recettes pour la Sécurité sociale, estimée à plus de 20 milliards d’euros annuels.
- L’instauration d’une contribution sociale sur les dividendes versés aux actionnaires, qui permettrait de dégager jusqu’à 14 milliards d’euros supplémentaires.
- Un rétablissement du taux de cotisation employeur à la Sécurité sociale, supprimé ou réduit depuis les réformes des dernières décennies.
- La suppression des frais de gestion élevés des organismes complémentaires en centralisant les remboursements au sein d’une Sécurité sociale unifiée.
Ces propositions visent non seulement à pérenniser le financement du système de santé, mais également à alléger la charge pesant sur les mutuelles et, par conséquent, sur les assurés. En renforçant le rôle de la Sécurité sociale, la CGT milite pour un système véritablement solidaire, où les coûts seraient mieux répartis entre l’État, les employeurs et les citoyens, tout en garantissant un accès universel et égalitaire aux soins.