A Paris, lors d’une manifestation syndicale pour l’augmentation des salaires, le 18 octobre 2022. Revendications , hélas, toujours d’actualité en ce début d’année 2025…© (LAURE BOYER/Hans Lucas via AFP)

Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 09 Janvier 2025

Temps de lecture 4 mn

Ce qui va changer dans le monde du travail en 2025 : Smic inchangé, modifications des aides à l’apprentissage et mise en place du partage de la valeur

En ce début d’année 2025, plusieurs évolutions marquent le paysage du travail en France. Si le Smic ne connaîtra pas de revalorisation immédiate, des ajustements significatifs touchent les aides à l’apprentissage et la mise en place du partage de la valeur dans les entreprises.

1 Salaire minimum (Smic)

  • Pas de revalorisation en janvier 2025 :
    • Le Smic reste à 11,88 € brut/heure et 1 426 € net/mois pour un temps plein.
    • Dernière hausse : +2 % en novembre 2024.
    • Prochaine augmentation automatique prévue au 1er janvier 2026, sauf inflation exceptionnelle (>2 % pour les ménages modestes) ou décision gouvernementale.

Le gel des salaires au profit de dispositifs comme les « primes de partage de la valeur » nuit au financement des caisses de la sécurité sociale et de la retraite. Ces primes, exonérées de cotisations sociales et d’impôts, réduisent les ressources nécessaires au financement des prestations sociales, aggravant ainsi les déséquilibres budgétaires que le gouvernement cherche pourtant à maîtriser en 2025.

Ces primes, exonérées de cotisations sociales et d’impôts, réduisent les ressources nécessaires au financement des prestations sociales, aggravant ainsi les déséquilibres budgétaires que le gouvernement cherche pourtant à maîtriser en 2025.

2 Partage de la valeur en entreprise

  • Entrée en vigueur au 1er janvier 2025 :
  • Concerne les entreprises de 11 à 49 salariés ayant un bénéfice net fiscal d’au moins 1 % du chiffre d’affaires pendant 3 années consécutives.
  • 1,5 million de salariés potentiellement concernés.

Trois options : 

    1. Accord d’intéressement ou de participation.
    2. Abondement à un plan d’épargne salariale.
    3. Versement d’une « prime de partage de la valeur » (ex-prime Macron), exonérée de cotisations jusqu’à 3 000 € (ou 6 000 € pour les salaires < 3x le Smic).

Disposition expérimentale pour 5 ans, sans sanction en cas de non-respect.

Le recours accru aux primes désocialisées se substitue à des augmentations salariales durables, ce qui a plusieurs conséquences :

  • Pour le salarié : Une prime améliore le pouvoir d’achat uniquement pour le mois, voir pour l’année en cours, tandis qu’une augmentation salariale a un impact à long terme en prenant en compte la base des salaires perçus dans le calcul du montant des droits à la retraite, constituant ainsi un revenu récurrent et cumulatif pour toute la vie.
  • Pour les systèmes sociaux : Ces primes, exonérées de cotisations sociales et fiscales, privent les caisses de la sécurité sociale et des retraites de financements essentiels. Cela affaiblit durablement les mécanismes de solidarité sociale.
  • Pour l’équilibre budgétaire : En privilégiant des solutions à court terme, l’État alourdit paradoxalement la pression sur ses finances publiques (baisse des rentrées fiscales), notamment dans le cadre du budget 2025.

Ces primes apparaissent comme une solution temporaire mais insuffisante face aux besoins structurels de revalorisation salariale et de financement des systèmes sociaux.

3 Aide à l’apprentissage

  • Réduction des primes en 2025 :
    • Pour les entreprises de moins de 250 salariés : aide abaissée à 5 000 € (au lieu de 6 000 €).
    • Pour les entreprises de plus de 250 salariés : aide limitée à 2 000 €.
    • Aide maintenue à 6 000 € pour l’embauche d’apprentis en situation de handicap.
    • À partir du 1er janvier 2025, l’aide maximale de 6 000 € reste valable uniquement pour les apprentis préparant un diplôme jusqu’au niveau baccalauréat (bac + 2 pour les Outre-Mer) et pour les entreprises de moins de 250 salariés.

Bien que cette mesure vise des économies budgétaires de 1,2 milliard d’euros, elle pourrait freiner la dynamique positive de l’apprentissage, dont les signatures de contrats avaient atteint un record de 850 000 en 2023, tout en remettant en cause l’objectif d’amélioration durable de l’employabilité des jeunes.

4 Contexte financier et économique

  • Économie visée par le gouvernement :
    • La réduction des aides à l’apprentissage et le gel des revalorisations salariales reflètent la volonté de réduire les dépenses publiques.
    • Cependant, le remplacement des augmentations salariales par des primes désocialisées contribue paradoxalement à fragiliser les finances publiques, en particulier les systèmes sociaux, tout en ayant un impact limité sur l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs.

Pour conclure :

Les mesures de 2025 se caractérisent par un équilibre fragile entre réduction des dépenses publiques et soutien aux travailleurs tout en stimulant les dispositifs d’intéressement et d’inclusion* dans les petites entreprises. Toutefois, le choix de privilégier les primes désocialisées au détriment des augmentations salariales pèse sur les finances sociales et pourrait miner la pérennité des dispositifs de protection sociale, contrebalançant les économies budgétaires recherchées.

*Par « dispositifs d’inclusion, » il faut entendre des mécanismes ou politiques, mis en place par un gouvernement néolibéral, visant à intégrer un plus grand nombre de salariés ou d’apprentis dans des « soi-disant » dynamiques économiques positives, tout en cherchant à réduire les inégalités.

Mais, bien qu’inclusives dans leur intention, elles privilégient avant tout des solutions à court terme (primes désocialisées et ajustements budgétaires) au détriment de solutions structurelles comme la revalorisation des salaires ou le soutien pérenne à l’apprentissage. En conséquence, elles peuvent limiter leur efficacité sur le long terme, tant pour les salariés que pour les apprentis, tout en affaiblissant les systèmes sociaux et les droits associés. Cela crée un décalage entre les objectifs affichés de réduction des inégalités et les résultats potentiels pour les travailleurs les plus précaires.