Grève dans le champagne, le 28 janvier 2025. Environ 500 employés des maisons de champagne d’Épernay et de Reims se sont rassemblés devant l’UMC pour apporter leur soutien aux organisations syndicales à l’occasion de la première réunion de négociations paritaires sur la revalorisation des salaires. © CGT champagne.

✍️l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 29 Janvier 2025

Temps de lecture 7 mn

Grève et tensions lors des négociations salariales du Champagne : L’UMC refuse le dialogue

Le 28 janvier 2025 restera une date marquante pour les salariés des maisons de Champagne. Alors que les syndicats se préparaient à entamer les négociations salariales annuelles obligatoires (NAO) avec l’Union des Maisons de Champagne (UMC), ces discussions ont été brutalement interrompues par un refus de dialogue du président de la commission sociale de l’UMC, Michel Letter. 

Retour sur cette journée de mobilisation.

Une mobilisation massive des salariés

Dès 10h du matin, entre 450 et 500 salariés des maisons de Champagne se sont rassemblés devant le siège de l’UMC à Reims pour exprimer leur soutien à leurs délégués syndicaux. L’intersyndicale CGT, CFDT et FO réclame une revalorisation salariale de 3,13 %, en lien avec l’augmentation du SMIC en 2024 et la bonne santé économique du secteur.

Des interventions syndicales fortes avant la réunion

Avant même le début des discussions, les principaux responsables syndicaux ont pris la parole :

  • José Blanco, secrétaire général de l’Intersyndicat CGT du Champagne, a rappelé que les négociations s’annonçaient difficiles, l’UMC voulant prendre en compte l’inflation moyenne de 2 % (indice INSEE) et  la chute des résultats probable de l’année 2025, au lieu de revaloriser les salaires en rapport avec les résultats économique et l’augmentation du SMIC de l’année 2024. Il a dénoncé une stratégie visant à « smicardiser » les travailleurs et a appelé à une modernisation des grilles salariales pour garantir des revenus décents aux employés. Il a également souligné que Michel Letter, après avoir tenu des propos irrespectueux et insultants envers la CGT, il y a quelques années, n’était pas en position de donner des leçons sur le « respect », notamment en reprochant à la CGT de ne pas avoir informé le patronat du Champagne de l’organisation d’une grève le jour de la réunion paritaire.
  • Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de l’Intersyndicat CGT du Champagne, a souligné l’écart croissant (-8 %) entre les augmentations du SMIC (+30 % depuis 2012) et celles des salaires de la convention collective (+22 %). Il a insisté sur l’urgence de stopper cette érosion salariale et a appelé à une convergence des luttes syndicales. Il a également rappelé que si cette tendance persistait, les premiers niveaux de classification de la convention collective seraient rapidement alignés sur le SMIC. Il a dénoncé une stratégie patronale qui vise à maximiser les profits en réduisant la part salariale et en ayant recours à une main-d’œuvre précarisée. Pour lui, il est indispensable que les salariés, toutes maisons confondues, restent mobilisés pour obtenir des conditions de travail dignes et une juste rémunération. Son mot d’ordre : « Camarade, je vous jure que tous unis, tous unis nous seront invincibles ! »
  • Johann Maarouf, délégué syndical CFDT, a affirmé que son organisation était prête à rejoindre la grève si aucune avancée n’était possible. Il a également mis en avant la nécessité d’un vrai dialogue social, insistant sur le fait que la CFDT partage pleinement l’analyse de la CGT et de FO sur l’appauvrissement des travailleurs du secteur. Selon lui, les employeurs doivent reconnaître que la richesse générée par le Champagne ne peut pas uniquement profiter aux actionnaires et aux dirigeants, mais doit aussi bénéficier à ceux qui la créent chaque jour par leur travail.

Une réunion ajournée et un refus de dialogue

Quelques minutes seulement après l’ouverture de la réunion, Michel Letter a claqué la porte et ajourné les discussions, refusant de négocier sous la « contrainte » de la mobilisation. Dans sa déclaration aux organisations syndicales, il a justifié cette décision par l’absence de concertation préalable avec la délégation patronale sur la tenue de la manifestation :

« Il a été demandé à la délégation CGT d’inviter les manifestants à déplacer le rassemblement devant la Maison des Syndicats. Considérant le refus de la CGT, la réunion a été reportée à une date ultérieure. »

Les autres syndicats, bien que n’étant pas à l’origine de l’appel à la grève, ont eux aussi été contraints de quitter la salle sans pouvoir s’exprimer.

Après la réunion : une intersyndicale renforcée

Face à ce refus de dialogue, l’intersyndicale a réagi avec fermeté. José Blanco a dénoncé une stratégie de « politique de la chaise vide » de l’UMC et a réaffirmé que les salariés « ne sont pas des variables d’ajustement ».

De son côté, Johann Maarouf (CFDT) a exprimé son indignation :

« Ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est simple : une passe d’armes entre la CGT et Michel Letter. Mais nous n’avons même pas pu prendre la parole. Pourtant, les résultats économiques de la filière Champagne sont exceptionnels, il est temps que les salariés en profitent. Nous ne pouvons plus tolérer que les employés soient laissés pour compte alors que le secteur accumule des bénéfices records. L’intersyndicale doit rester unie et maintenir la pression jusqu’à l’obtention d’une revalorisation salariale digne de ce nom. »

Suite à cet ajournement de la paritaire, L’intersyndicale a annoncé qu’elle se réunirait dès cet après-midi pour organiser la suite des actions et qu’elle ferait un communiqué par mail pour en informer les salariés des maisons de Champagne.

Une vidéo pour illustrer la mobilisation

En complément de cet article, visionnez la vidéo de la manifestation devant l’UMC ci-dessous. Elle illustre l’ampleur de la mobilisation et l’engagement des salariés dans la lutte pour la reconnaissance de leur travail par une juste  augmentation de salaire.

L’Intersyndicale Champagne (CGT, CFDT,FO) appelle tous les salariés à rester mobilisés et à suivre les prochaines actions pour obtenir une augmentation générale des salaires conventionnels satisfaisante.

Restons unis, déterminés et solidaires contre la smicardisation des métiers du Champagne !

Téléchargez l’information syndicale : « Le mépris de l’UMC renforce l’intersyndicale du champagne »