Conclaves des Retraites : « Le chemin est limité et la voie très étroite », selon Denis Gravouil (CGT) ©Public Sénat.

✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 24 février 2025

⏱ Temps de lecture 6 mn

Le conclave sur les retraites a débuté sous tension, révélant un profond désaccord entre les syndicats et le gouvernement. Force Ouvrière a claqué la porte, dénonçant une « mascarade ». La CGT, bien que critique, reste à la table des négociations pour peser sur le rapport de force et mobiliser en vue d’un vote d’abrogation de la réforme.

Quelle est la stratégie adoptée ? Comment faire plier le gouvernement ? Décryptage des enjeux et des prochains rendez-vous de la mobilisation.

👉 À voir également : l’interview de Thomas Vacheron (CGT) sur BFM TV, où il revient sur la position de la CGT et les perspectives de lutte. Vidéo disponible en bas de l’article.

Retraites : un conclave sous tension, la CGT reste en lutte, claque la porte FO

Le conclave sur les retraites, censé permettre un dialogue entre syndicats, patronat et gouvernement, a débuté sous haute tension. Dès la première réunion, Force Ouvrière (FO) a choisi de claquer la porte, dénonçant un cadre verrouillé qui empêche toute discussion sur l’abrogation de la réforme de 2023. De son côté, la CGT, bien que très critique, a décidé de rester à la table des négociations tout en poursuivant sa mobilisation pour contraindre le gouvernement à revenir sur l’âge légal de départ à 64 ans.

FO dénonce une « mascarade » et quitte la concertation

Force Ouvrière a rapidement mis fin à sa participation au conclave, jugeant que les discussions n’avaient qu’un objectif : entériner un allongement de la durée de cotisation et une stabilisation du système sans réelle remise en cause de la réforme de 2023.

Michel Beaugas, représentant de FO, a dénoncé un cadre imposé par le gouvernement où « ni le format, ni le périmètre, ni la méthode » ne laissaient place à une réelle négociation. Il a fustigé une mise en scène où « on veut nous faire dire que la seule solution, c’est d’allonger la durée de travail des salariés ». FO considère que le gouvernement n’a laissé aucune ouverture sur la possibilité de revenir à la retraite à 62 ans et refuse donc d’être complice d’un simulacre de dialogue social.

Pourquoi la CGT reste à la table des négociations ?

Contrairement à FO, la CGT a choisi de ne pas claquer la porte immédiatement, tout en partageant un diagnostic similaire sur le manque d’ouverture du gouvernement. Sophie Binet et Thomas Vacheron, figures clés du dossier retraites au sein de la CGT, défendent une stratégie du « pied dans la porte ».

Thomas Vacheron a insisté sur le fait que tous les syndicats s’accordent sur un objectif commun : l’abrogation de la réforme des retraites et un retour à 62 ans. Cependant, il considère que le maintien de la CGT dans les discussions permet de peser et d’empêcher le gouvernement et le patronat de dérouler un agenda encore plus défavorable aux travailleurs.

Sophie Binet a, quant à elle, souligné que la participation de la CGT ne signifie pas une acceptation du cadre actuel. La confédération veut utiliser ces négociations pour démontrer publiquement que le gouvernement refuse toute concession et renforcer ainsi la mobilisation populaire en vue d’une abrogation.

Une stratégie pour forcer les parlementaires à voter l’abrogation

Au-delà des discussions du conclave, la CGT mise sur la pression démocratique pour obtenir l’abrogation de la réforme des retraites. L’objectif est d’amener l’Assemblée nationale à se prononcer par un vote.

Comme l’a rappelé Thomas Vacheron, « les députés de la nation devront participer à un vote pour savoir si oui ou non on abroge » la réforme. Pour y parvenir, la CGT entend s’appuyer sur une opinion publique toujours majoritairement opposée à la réforme de 2023.

Deux grandes mobilisations sont d’ores et déjà prévues :

  • Le 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes, où la CGT mettra en avant l’impact négatif de la réforme sur les carrières féminines et l’urgence de l’égalité salariale.
  • Le 20 mars, journée de mobilisation des retraités contre les attaques du patronat et du gouvernement.

Dans le prolongement de ces initiatives, la CGT appelle à un processus de mobilisation plus large pour contraindre les parlementaires à se positionner sur l’abrogation. L’enjeu est clair : faire pression sur les élus en vue d’un vote décisif au printemps.

Un rapport de force toujours en construction

Si FO a choisi la rupture immédiate, la CGT opte pour une double stratégie : maintenir une présence critique au conclave tout en construisant un rapport de force dans la rue et auprès des députés. La mobilisation populaire sera déterminante pour obtenir l’abrogation de la réforme et imposer un véritable débat sur l’avenir du système de retraite.

L’heure est donc à la lutte sur tous les fronts. La CGT appelle l’ensemble des salariés, actifs et retraités, à rejoindre les prochaines mobilisations pour faire entendre leur voix et empêcher le gouvernement et le patronat d’imposer un allongement toujours plus injuste de la durée de travail.

Pour aller plus loin :

Révolution Permanente : [Conclave sur les retraites : FO quitte la « mascarade », la CGT doit suivre !]

La CGT.fr : [Retraites : la CGT appelle à la mobilisation]

Voir l’interview de Thomas Vacheron (CGT) sur BFM TV