Depuis le 3 novembre à 09 h 22, les femmes travaillent gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Les hommes, eux, vont être rémunérés pour leur travail, sans subir de discrimination salariale fondée sur le sexe.
Calculé chaque année depuis 2016 par l’économiste Rebecca Amsellem, l’écart entre les salaires des femmes et ceux des hommes demeure très élevé en 2021, de l’ordre de 17 %. En hausse constante depuis 2018, l’indice a gagné un point supplémentaire par rapport à l’année 2020. Ce qui indique – une fois de plus – que si rien n’est fait pour résorber les écarts de salaire entre les femmes et les hommes, la tendance à la hausse n’est pas près de s’inverser.
Et ce, malgré une loi existant depuis cinquante ans, qui a inscrit dans le droit français le principe « à travail égal, salaire égal ». Or, si ce principe a le mérite d’exister, force est de constater qu’il n’est toujours pas respecté, et pour cause : rien ne contraint les entreprises à l’appliquer, pas même le président de la République qui, encore candidat, s’était proclamé féministe et qui, une fois élu, avait promis de faire de son quinquennat celui de la grande cause nationale des femmes, avant d’y renoncer. Les promesses n’engageant que ceux qui les croient, les collectifs féministes, syndicats, ONG et associations de défense des droits des femmes ne sont pas restés l’arme au pied.
Engagé de longue date dans la bataille pour l’égalité professionnelle, le collectif CGT Femmes-mixité, en lien constant avec le mouvement social féministe, a multiplié les mobilisations, les pétitions, les interpellations et déployé quantité de propositions simples à mettre en œuvre. À condition qu’existe une volonté politique, ce qui n’est pas le cas.
Inaction présidentielle
Résultat de l’inaction présidentielle, les inégalités professionnelles entre sexes continuent de s’aggraver au détriment des femmes et principalement les plus précaires : celles à temps partiel subi imposé, parent isolé, occupant des emplois « féminisés » et, de ce fait, très mal rémunérés, comme c’est le cas des secteurs de la santé, de l’action sociale et du soin. Infirmières, aides-soignantes, auxiliaires de vie, sages-femmes, ces emplois sont occupés à 90 % par des femmes et, de ce fait, peu reconnus et mal rémunérés.
Désavantagées par rapport aux hommes quels que soient la nature de l’emploi, la taille de l’entreprise ou le secteur d’activité, les femmes le sont plus encore face aux mesures ou lois qui déréglementent le marché du travail, à l’instar des ordonnances Macron de 2017 qui, en affaiblissant le droit du travail, ont avant tout affaibli les femmes, déjà plus fragiles que les hommes dans l’emploi et face à l’arbitraire patronal. Le cumul et la persistance de ces préjudices ont ainsi contribué à encore creuser les multiples écarts entre les femmes et les hommes et, pire, à structurer les inégalités qu’il s’agissait de résorber.
Et la crise sanitaire, qui n’a rien arrangé, a exacerbé les inégalités femmes-hommes dans la répartition des tâches domestiques et professionnelles, et entraîné un retard de rattrapage des disparités salariales. En particulier dans les métiers dits du « soin », principaux pourvoyeurs de salariées femmes où les salaires d’entrée, très bas, n’évoluent que très peu, ou bien stagnent.
Revaloriser les métiers à prédominance féminine
Dans l’optique de revaloriser ces métiers, souvent exercés par des femmes et qui couvrent tous les besoins sociaux, la CGT et son collectif Femmes-mixité ont lancé une campagne intitulée « Investir dans le secteur des soins et du lien, revaloriser les métiers à prédominance féminine », dont le premier acte est une consultation numérique auprès de quatorze professions du secteur du soin et du lien. Intitulée « Mon travail le vaut bien ! », son objectif est de connaître et faire reconnaître le contenu de ces métiers applaudis aux balcons durant le confinement et oubliés depuis, alors que, depuis la petite enfance jusqu’à la perte d’autonomie, ils couvrent tous les besoins vitaux.
Menée par une équipe de recherche de l’Ires et animée par l’économiste, enseignante et chercheuse, Rachel Silvera, la restitution de l’enquête contribuera à nourrir les mobilisations du 8 mars, pour la défense des droits des femmes et l’égalité femmes-hommes.
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