Après plus de cinquante ans de hausse, le rendement champenois ne cesse de diminuer depuis plus d’une dizaine d’années. Pourquoi ? Comment inverser la tendance ? 

Note de l’Intersyndicat CGT.

Les différents plans d’actions avancés par les experts du comité champagne pour retrouver nos rendements d’hier, à savoir : rajeunir le vignoble ; lutter activement contre les facteurs de dépérissement de la vigne ;  mettre en œuvre d’une gestion équilibrée de l’écosystème vigne, suffiront-t-ils à permettre l’adéquation entre le niveau d’appellation et l’accroissement potentiel des ventes de champagne ? 

Toutes ces mesures doivent être complétées par une gestion du niveau de l’appellation et de la réserve individuelle mieux adaptée au marché. L’erreur commise à ce niveau lors de la campagne 2020 en témoigne. Dans de telles conditions, peut-on se permettre de mettre par terre une partie des futures récoltes lorsque quantité et qualité sont au rendez-vous ? 

Jusqu’en 2009, le rendement décennal était supérieur à 15 000 kg/ha. Mais depuis, cette moyenne n’a cessé de décroître, et se situe aujourd’hui à 11 600 kg/ha, soit une perte de 26 % en douze ans, après plus de 50 ans de hausse. Surtout, la dernière vendange représente la plus faible récolte enregistrée depuis 1985, avec un rendement moyen estimé à 7 300 kg/ha.

Alors, comment l’expliquer ?

Premier facteur pouvant expliquer la baisse de la production : les aléas climatiques qui ont entraîné d’importantes pertes, En 2003, tout le monde se souvient de la canicule. En 2008, 2017 et 2021, ce fut le gel. En 2012 et 2013, la grêle a frappé le vignoble. Enfin, en 2019 et 2021, la pluviométrie a favorisé une forte pression maladie, avec des dommages causés par le mildiou. »

Selon les chiffres du Comité Champagne, en dix ans, les aléas climatiques, ainsi que les foyers maladies, ont engendré une perte de récolte moyenne d’environ 23 %.

Deuxième facteur pouvant expliquer la baisse de la production : le vieillissement du vignoble champenois. Entre 2000 et 2021, l’âge moyen des vignes est passé de 22 à 34 ans.
A partir de 20 ans, on constate un décrochage au niveau du nombre de grappes produites par le cep de vigne, qui tend à diminuer avec l’âge .

Ensuite, le dépérissement de la vigne (maladies du bois, jaunisses, viroses etc.) et la mortalité prématurée des ceps, non remplacés, conduit à la réduction de 1 % à 1,5 % du vignoble chaque année.
« Cela peut apparaître comme un faible pourcentage, mais en vingt ans, c’est 20 à 30 % de manquants potentiels, ce qui est considérable »,

Troisième facteur pouvant expliquer la baisse de la production : les nouvelles pratiques viticoles, plus respectueuses de l’environnement, conduisent inévitablement à une baisse de la production. Un impact toutefois variable selon les modes de conduite. Ainsi, pour les exploitations certifiées haute valeur environnementale (HVE), la perte de rendement est estimée de 0 à 5 %. Pour la viticulture durable en Champagne (VDC), c’est 5 à 10 %. Un écart entre les deux certifications lié principalement au niveau de mise en œuvre du zéro herbicide

Enfin, pour ce qui est de la viticulture biologique, la diminution de la production est estimée à 25 %.

Après avoir dressé cet état des lieux, la question est posée : peut-on retrouver nos rendements d’hier ?

Différents plans d’actions sont avancés par les experts du Comité Champagne, du Comité Champagne.

  • Rajeunir le vignoble tout en s’appuyant sur les innovations liées au matériel végétal : sélections productives, variétés résistantes, porte-greffe
  • Lutter activement contre les facteurs de dépérissement de la vigne, en multipliant les campagnes de reconnaissance au vignoble, notamment concernant la flavescence dorée.
  • Mettre en œuvre une gestion « équilibrée » de l’écosystème vigne notamment celles concernant le pilotage de la fertilisation et de la vigueur, l’ajustement des techniques d’entretien du sol, ou encore la mise en place d’une protection raisonnée au vignoble.