Les coprésidents du comité champagne, David Chatillon et Maxime Toubart, annoncent les mesures du plan « Ensemble pour les vendanges en Champagne » ce jeudi 20 juin 2024. © CGT Champagne TV
Le Comité Champagne annonce une série de mesures pour éviter de nouvelles « vendanges de la honte »
Les deux coprésidents du comité Champagne ont annoncé leur plan « Ensemble pour les vendanges en Champagne » ce jeudi 20 juin 2024. Plusieurs mesures sont prises pour éviter de revivre une récolte 2023 qualifiée de « vendanges de la honte », suite au décès de quatre saisonniers dans les vignes. Cependant, ces mesures semblent insuffisantes, car elles ne sont assorties d’aucune sanction, ce qui limite leur efficacité.
Préparer, sécuriser, réagir. Voilà les trois mots d’ordre du plan « Ensemble pour les vendanges en Champagne » annoncé ce jeudi 20 juin par les deux coprésidents du Comité interprofessionnel du vin de Champagne, Maxime Toubart et David Chatillon. Cette série de mesures, fruit du travail d’une année, doit permettre d’éviter une récolte comme celle de 2023, qualifiée de « vendanges de la honte », suite au décès de quatre saisonniers dans les vignes et des affaires des vendangeurs hébergés dans des conditions insalubres et pour certains pas payés, relevant de la traite d’humains.
Le CIVC annonce d’abord la création d’un guide à destination des Maisons de Champagne et des vignerons. 48 points différents y sont listés, des rappels de la loi bien souvent, comme la réglementation sur le travail des mineurs âgés d’au moins 16 ans ou l’obligation pour les vignerons de fournir à chaque salarié de l’eau fraîche en quantité suffisante. Certaines recommandations sont également inscrites dans ce guide au-delà des exigences légales et réglementaires. Les saisonniers, eux aussi, ont le droit à un livret, avec un rappel de leurs droits et un rappel des règles de sécurité.
Un plan sans sanctions : un manque de fermeté
Côté sécurité justement, le Comité Champagne s’est attaqué à un point noir, une plaie depuis plusieurs années dans le vignoble : les prestataires de services de mauvaise qualité. Pour recruter la moitié des 120.000 saisonniers employés pendant les vendanges en Champagne, pour les 34.000 hectares de vignoble, les vignerons font appel à environ 1.000 prestataires de services chaque année, chargés du recrutement. Certains d’entre eux ne respectent pas les règles. C’est pourquoi le CIVC crée la plateforme Vitiargos. « cela permet aux prestataires de se référencer et de réaliser en ligne l’auto-diagnostic de ses pratiques », explique David Chatillon. Pour les donneurs d’ordre, cela permet de vérifier que le prestataire avec qui il compte faire affaire est bien identifié et de connaître son niveau d’engagement.
Des hébergements pour les saisonniers : une promesse floue
Le Comité Champagne travaille également la question des hébergements pour les saisonniers, sans rien de plus précis pour le moment : « Cette question a été abordée. Forcément, c’est un plan à long terme, on ne peut pas construire 100.000 hébergements d’ici les prochaines vendanges. Cela nécessite du temps, avec une obligation d’apporter des réponses. On est attendu sur ce sujet également » précise Maxime Toubart.
Aux mots d’ordre du plan « PREPARER, SECURISER, REAGIR », il en manque un : SANCTIONNER !
En conclusion, pour éviter de nouvelles « vendanges de la honte », des mesures plus fermes et contraignantes, assorties de sanctions sont nécessaires pour garantir leur efficacité. C’est pourquoi l’Intersyndicat CGT du champagne reconnaît que le plan « Ensemble pour les vendanges en Champagne » présente des avancées, mais que l’absence de mesures réglementaires concernant le travail en cas de forte chaleur inscrites dans les conventions collectives et l’arrêt du travail à la tâche, limitent son potentiel d’amélioration réelle des conditions de travail. Pour l’intersyndicat tant que ce plan ne sera pas accompagné de mesures coercitives et de sanctions concrètes, comme tenir conjointement responsables les donneurs d’ordre et leurs prestataires ou le déclassement de l’AOC Champagne des parcelles récoltées, les scandales risquent fort de se répéter lors des prochaines vendanges.
Alors oui, au terme de 100 réunions du groupe de travail de l’interprofession, auxquelles les organisations syndicales n’ont pas été invité, la montagne accouche d’une souris.