Champagne Attaque de mildiou

L’UNION DU 08/02/2021

AVIZE (MARNE)

« Année en 1, année de rien », ont coutume de dire les viticulteurs champenois. Cette année 2021 ne peut que leur donner raison. Après le gel au printemps et le mildiou au mois de juillet, c’est l’oïdium, un autre champignon, qui s’en prend désormais au vignoble.

Depuis plusieurs semaines, une fine pellicule blanche est apparue sur certaines grappes de raisins aux quatre coins des coteaux de la Champagne. Il s’agit de l’oïdium, une autre vermine qui martyrise les vignes. Encore et toujours, ce sont les mauvaises conditions climatiques de ce début de saison estivale, avec une pluviométrie très importante, qui ont déclenché l’attaque de ce parasite.

« Ces derniers jours, on a eu une sortie d’oïdium frais, observe Benoît Munier, viticulteur à Cuis, dans la Marne. En ce moment, on voit quelques parcelles, dans la Côte des Blancs, qui sont toutes blanches. Contrairement au mildiou, qui se déclare quand il fait chaud et humide, ce champignon apparaît quand les nuits sont fraîches et quand il y a de l’humidité. En 2019, on avait eu une grosse attaque d’oïdium. Il ne faudrait pas que ce soit aussi fort cet été. »

Chez les professionnels du champagne, qui subissent déjà de grosses pertes à cause du mildiou, c’est le branle-bas de combat. Les domaines ont sorti leurs pulvérisateurs motorisés et traitent leurs vignes avec, entre autres, du soufre, pour que l’oïdium ne fasse pas trop de dégâts supplémentaires.

“Il faut qu’on tienne pendant encore dix-quinze jours et après, les raisins seront tranquilles face à ce fléau”

« De mon côté, j’ai été touché dans quasiment toutes mes vignes, même si le problème a l’air de diminuer ces derniers jours., explique Romain Colin, le patron de Champagne Colin à Vertus, également dans le département de la Marne. Il faut être vigilant car ça peut avoir un impact sur le goût du jus de raisin. »

«  L’oïdium se développe à la véraison, en période de fermeture des grappes, ajoute Benoît Munier. Dès que les grains de raisin ont une teneur en sucre de 15 %, ils sont tranquilles face à cette maladie. Mais avant, il y a toujours un risque. Si au moins 25 % de la grappe est touchée par l’oïdium, elle est inutilisable. Il faut qu’on tienne pendant encore dix – quinze jours et après, les raisins seront tranquilles face à ce fléau. En espérant qu’il se mette à faire beau et chaud.  »

En attendant, les viticulteurs champenois devraient subir de nouvelles pertes en plus de celles déjà enregistrées à cause du gel et du mildiou. «  J’ai déjà perdu 20 % de ma récolte. Selon moi, je devrais ajouter entre 10 % et 15 % de pertes supplémentaires à l’arrivée », affirme Benoît Munier. Les vendangeurs, qui seront moins nombreux à travailler dans le vignoble en ce mois de septembre, devront également faire « beaucoup plus de tri que les années précédentes », confie Olivier Waris, patron de Champagne Waris-Hubert, à Avize (Marne). En 2021, rien n’aura été épargné aux viticulteurs champenois.