Il y a eu 524 candidats au concours de taille en 2024. © Archives l’Union

Dans un article publié le 18 novembre 2024 dans L’Union, Laetitia Venancio revient sur la quête de la Corporation des vignerons de Champagne pour faire certifier son diplôme de taille, un enjeu crucial pour l’attractivité et la qualité du travail dans le vignoble champenois.

Face à cette situation, l’Intersyndicat CGT du champagne s’insurge et soulève des critiques : alors que des prestataires recrutent des travailleurs étrangers, souvent originaires de pays comme la Pologne ou la Bulgarie, et non formés, ces derniers contournent les exigences de certification demandées en France.

Certains de ces prestataires vont jusqu’à ouvrir leurs propres centres de formation à l’étranger, se jouant ainsi des règles françaises. La récente loi « Immigration et métiers en tension » de janvier 2024, facilitant l’embauche de ces travailleurs, accentue la concurrence avec les jeunes diplômés locaux des établissements comme Avize Viti Campus ou la MFR de Gionges, créant un véritable dumping social.

Pour la CGT Champagne, ce blocage de certification, dénoncé par les professionnels, affaiblit l’attractivité des métiers de la vigne, menace à terme la reconnaissance des savoir-faire, tout en créant une véritable trappe à bas salaires.

L’Intersyndicat CGT du champagne

Il y a eu 524 candidats au concours de taille en 2024. © Archives l’Union

Epernay La Corporation des vignerons espère obtenir la certification pour son diplôme de taille après avoir été recalée en 2022, alors que le vignoble a plus que jamais besoin de main-d’œuvre qualifiée.

Comme chaque année, la Corporation des vignerons de Champagne s’est réunie à l’occasion de son assemblée générale, vendredi 15 novembre, au Comité Champagne.

1. Certification, deuxième chance

Déjà deux ans que France Compétences a choisi de ne plus octroyer à la Corporation des vignerons de Champagne la certification pour son concours de taille. Un coup dur pour l’association, seul centre d’examen professionnel habilité, depuis 1895, à délivrer ce diplôme dans la région. Sans cette certification, les candidats ne peuvent pas utiliser leur compte personnel de formation (CPF) et doivent alors débourser 305 euros de leur poche.
 
« On brûle quelques cierges, on espère que les résultats tomberont en janvier »

Bruno Duron

Recalée, mais pas vaincue, la Corpo s’est offert les services d’un cabinet conseil pour certifier son concours de taille après un long travail administratif. « Le dossier a été jugé recevable par France Compétences , se félicite Bruno Duron, directeur de la Corporation. Il est donc à l’étude. Mais, vous savez que le diable se cache dans les détails, d’ailleurs, on brûle quelques cierges mais on espère que les résultats tomberont en janvier. » Et si Bruno Duron et Christophe Pernet marchent sur des œufs, c’est parce que les chances de réussites sont faibles : seulement 20 % des dossiers aboutissent pour une certification d’une durée de 3 ans dans le meilleur des cas.
 

2. Une formation concurrencée

Avec un nombre d’inscriptions en baisse de plus de moitié cette année, la formation agroéquipement viticole, qui forme à la conduite des enjambeurs et aux outils qui y sont associés, suscite quelques inquiétudes. D’autant plus que « la demande de chauffeurs n’a jamais été aussi forte », fait remarquer le président de la Corporation, Christophe Pernet.

En cause, la concurrence d’autres établissements de formation comme le CFPPA d’Avize, « moins complète que la nôtre ». Il ne s’agit pas de faire la guerre aux autres formations mais « de continuer à travailler avec ce type d’établissements, à condition qu’ils continuent à promouvoir notre formation qui est plus complète », poursuit le président.
 

3. Quelques chiffres

Le nombre d’inscriptions pour le concours de taille (entre 48 et 91 heures de formation) se maintient en 2024 avec 524 candidats. Il a lieu tous les ans en mars dans l’Aisne (Crézancy), l’Aube (Bar-sur-Seine) et la Marne (Dizy, Vertus et Romont). Le site d’Avize sera abandonné à partir de 2025.

Cette année, il y a eu, comme l’an dernier, 68 % d’admis, contre 75 % en 2022. En ce qui concerne le concours de greffage (63 heures de formation), il attire peu de candidats – 7 en 2024, contre 9 en 2023 – et n’a pas vocation à être davantage développé ni certifié. Enfin, la formation à l’agroéquipement viticole a attiré 31 candidats dont 90 % ont été admis, contre 65 l’an dernier mais seulement 64 % d’admis.