Dossier réalisé par THOMAS CROUZET : l’Union pages économiques du 14 novembre 2023

Au cours des douze derniers mois, le prix des bouteilles a augmenté de 7,3 % en moyenne. Des tarifs justifiés en partie par la hausse des coûts de production et portés par une stratégie de valorisation opérée par les grandes marques. S’il ralentit, le marché du champagne demeure supérieur à l’avant-covid.

L’ESSENTIEL

EN 2022, la filière Champagne a expédié 325,5 millions de bouteiles, pour un chiffre d’affaires record à 6,3 milliards d’euros.

À FIN SEPTEMBRE 2023, sur les douze derniers mois, le nombre de bouteilles expédiées est estimé à 307,9 millions.

LE PRIX MOYEN du champagne a augmenté de 7,3 % sur les douze derniers mois.

LES COÛTS DE PRODUCTION ont augmenté au cours de l’année : + 10 % pour les intrants viticoles et +12 % pour les charges de structure.

Le temps des bouteilles de champagne vendues à moins de 10 euros sur les étals des supermarchés semble définitivement révolu. Les Français devront débourser un peu plus s’ils veulent s’offrir des bulles de nos départements pour les fêtes. Selon les derniers chiffres du Comité Champagne, à fin septembre, le prix moyen des cuvées a grimpé de 7,3 % au cours des douze derniers mois, tous marchés confondus. La filière pourrait de nouveau repousser son record en termes de chiffre d’affaires cette année, établi à 6,3 milliards d’euros en 2022, et ce malgré des volumes en baisse de 8 % depuis le début de l’année.

Cette hausse des prix, soutenue par une demande toujours marquée pour les cuvées champenoises, notamment à l’export, se justifie en partie par l’augmentation notable des coûts de production et de fonctionnement. “Les charges pour les exploitations ont évolué de façon spectaculaire en un an” , confirme Olivier Josselin, responsable relations extérieures pour la FDSEA Conseil. “Les prix des intrants, comme les fertilisants ou les produits phytosanitaires, ont pris 10 % en moyenne. En deux ans, cette hausse est estimée à près de 20 %. “

L’inflation n’a pas seulement touché les fournitures viticoles, mais a aussi impacté l’ensemble des charges liées au fonctionnement des exploitations viticoles.

Les charges pour les exploitations ont évolué de façon spectaculair en un an

Olivier Josselin, responsable relations extérieures pour la FDSEA Conseil

« Le carburant, l’amortissement du matériel, la main-d’œuvre , énumère Olivier Josselin. Les charges de structure ont évolué au global de 12 %. En deux ans, nous estimons cette augmentation à 23 %. » Ces coûts de production supplémentaires ont, de fait, eu un impact sur la vendange 2023. Le prix du kilo de raisin a été revalorisé, « légèrement supérieur à l’inflation générale », faisait valoir Franck Hagard, coprésidents du syndicat des courtiers en vins de Champagne, au lendemain de la vendange.

7,30 €

C’est le prix moyen du kilo de raisin en Champagne après la vendange 2023. Une revalorisation de celui-ci a été opérée, légèrement supérieure à l’inflation, soit 6 à 7 % par rapport à 2022

DE FUTURES HAUSSES DE PRIX ATTENDUES

« Cette augmentation est de l’ordre de 6 à 7 % », atteste Olivier Josselin. Le prix du raisin atteint ainsi 7,30 euros du kilo en moyenne.

« Le rendement maximal à l’hectare étant légèrement inférieur à l’an dernier, les vendeurs de raisins au kilo enregistrent une revalorisation de la production de 3 à 5 % à l’hectare, selon les crus » , relève Olivier Josselin. Concernant les vendeurs de bouteilles, le responsable de la FDSEA Conseil souligne que « ces évolutions de charges devront être intégrées aux tarifications futures. Il faut se garantir de l’effet ciseaux, et ne pas laisser le niveau de charges dépasser le prix de ventes des bouteilles ».

À cela, s’ajoute les hausses constatées sur les matières sèches, notamment étiquettes, coiffes, muselets, ainsi que le prix des bouteilles en verre, qui a grimpé au cours de l’année 2022 de + 30 %.

« Une étude réalisée auprès de 73 exploitations suivies par la FDSEA Conseil donne, en 2022, un prix moyen du brut sans année (BSA) à 15,87 TTC , relève Olivier Josselin. Pour des qualités supérieures, comme un blanc de blancs, un rosé, ou un millésime, le prix moyen se situe entre 18 et 22,30 euros. La production d’une gamme étoffée permettra donc aux vignerons de mieux valoriser leurs cuvées à l’avenir. »