Vendanges en Champagne. © Photo : la Champagne de Sophie Clayes

Intersyndicat CGT du champagne  : 22 juillet 2024 – temps de lecture : 4 mn

La grande question de la Champagne a enfin trouvé la réponse tant attendue par les professionnels de la profession. Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) a annoncé, le vendredi 19 juillet dernier, les décisions concernant le rendement de la vendange pour la campagne 2024. Et, c’est dans l’objectif d’assurer la stabilité et la sécurité de l’approvisionnement de la filière, que le CIVC a fixé la quantité de raisins à mettre sur le marché à 10 000 kg/ha de surface en production.

Une campagne viticole exceptionnellement arrosée

Depuis le début de l’année, le vignoble a été particulièrement arrosé. Le manque d’ensoleillement et une période végétative initialement fraîche ont entraîné le millerandage des grappes apparue dès la fin de la fleur, une forte pression de certaines maladies comme le mildiou et l’oïdium, bien que celles-ci soient maîtrisées, les gelées printanières et la grêle ont modérément affecté le potentiel de récolte, le réduisant d’environ 10 %. La vigne accuse un retard de développement de 5 à 6 jours par rapport à la moyenne des dix dernières années, avec un début des vendanges prévu aux alentours du 10/12 septembre.

Après une année 2023 particulièrement chaude et sèche, 2024 a été exceptionnellement pluvieuse, rendant les travaux de la vigne plus compliqués, notamment au niveau du travail du sol avec un enherbement de certaines parcelles difficile à maîtriser.  » Les conditions météorologiques jusqu’à la cueillette seront déterminantes pour garantir une belle récolte » , a déclaré Maxime Toubart, président des vignerons.

La morosité de la conjoncture géopolitique et économique mondiale

Espérons, malgré tout, que la récolte atteindra le rendement commercialisable fixé pour 2024 à 10 000 kg/ha, un niveau inférieur à celui de la vendange précédente (11 400 kg/ha) déterminé par les dirigeants de l’interprofession pour s’adapter à la situation des marchés d’expéditions, car, déclarent-ils, « la Champagne a toujours veillé à réguler son économie pour maintenir l’équilibre économique de la filière et assurer sa prospérité « . Pour fixer le rendement à 10 000 kg, le CIVC s’est basé sur le niveau des expéditions : au premier semestre 2024, les expéditions de Champagne s’élèvent à 106,7 millions de bouteilles, soit une baisse de 15,2 % par rapport à la même période de 2023, qui était un semestre record (hors 2022) et les expéditions retrouvent ainsi un niveau proche de celui de 2019.

David Chatillon, président de l’UMC (Union des Maisons de Champagne) a expliqué :  » La morosité de la conjoncture géopolitique et économique mondiale ainsi que l’inflation généralisée pèsent sur la consommation des ménages. La Champagne continue de subir les conséquences du surstockage des distributeurs en 2021 et 2022. Cependant, les Champenois restent confiants dans les valeurs de leur appellation « .


La fédération des vignerons indépendants de Champagne, quant à elle, demandait la stabilité du rendement à 11 000 kilos de raisins sur 5 ans pour compenser la réduction du rendement commercialisable, répondre à un contexte économique difficile, anticiper une reprise de la demande après le surstockage, et pour faire face aux conditions météorologiques compliquées de 2024, mais elle n’a pas été entendue par les dirigeants de la filière, estimant que face au SGV (syndicat Général des Vignerons), le négoce (l’UMC) fait la pluie et le beau.