Tolérance zéro envers l’alcool ? Le rapport de la commission spéciale de lutte contre le cancer, débattu au Parlement européen, ne fait plus le distinguo entre consommation excessive et modérée.

Tolérance zéro envers l’alcool ? Le rapport de la commission spéciale de lutte contre le cancer, débattu au Parlement européen, ne fait plus le distinguo entre consommation excessive et modérée.

La filière champagne, et plus largement, vins et spiritueux, pourra-t-elle devenir une filière jugée nocive, à l’image de celle du tabac ? C’est ce que craignent les diverses interprofessions et associations vitivinicoles en France, soucieuses de l’issue du débat qui a lieu au Parlement européen ce mardi.

Condamner toute forme de consommation serait irresponsable
Maxime Toubart, président du SGV

L’ESSENTIEL

UN RAPPORT de la commission spéciale de lutte contre le cancer alerte sur les risques de toute consommation d’alcool pour la santé.

CE MARDI 15 FÉVRIER, le rapport sera débattu, potentiellement modifié et adopté par le Parlement européen. Il ne constituera pas une loi mais une invitation à repenser la législation.

LA FILIÈRE VITIVINICOLE, et notamment champenoise, alerte des risques pour la profession d’un tel texte.

En effet, le dernier rapport de la commission spéciale de lutte contre le cancer (BECA) indique que la consommation d’alcool « est un facteur de risque pour de nombreux cancers comme la bouche, le pharynx, le larynx, l’œsophage, le foie, ou encore le cancer colorectal. »

Les experts y assimilent toute forme de consommations d’alcool, sans tenir compte des comportements excessifs ou modérés. Le texte vise ainsi à « prévenir 40 % de cancers dits évitables par des mesures législatives ou des recommandations aux États membres pour conduire à une réduction des risques comportementaux ».

Si ce rapport n’a pas vocation à prendre la forme d’une loi, il pourrait servir de base législative par la suite.

« Ce qui reviendrait à remettre en cause toute la politique de santé publique telle qu’elle a été pensée en France depuis ses débuts, regrette Pascal Bobiller-Monnot, directeur politique du syndicat général des vignerons (SGV) de Champagne. Les fondements mêmes de notre législation envers l’alcool ont été faits contre l’alcoolisme, et donc contre les excès, toute en permettant une consommation modérée. »

La loi Evin, notamment, qui limite la promotion de l’alcool dans le sport et à destination du jeune public, pourrait se retrouver obsolète. Déjà contraignante, celle-ci pourrait être remplacée par une politique encore plus rude.

« Nous pourrions perdre le droit de faire toute promotion de nos produits et avoir une fiscalité croissante avec des taxes supplémentaires » , s’inquiète Pascal Bobiller-Monnot. « Condamner toute forme de consommation serait irresponsable, complète Maxime Toubart, président du SGV. Non à l’abus et oui à la modération. »