Du travail toute l’année dans les vignes, oui mais dans quelles conditions et à quel prix ?…
Dans un courrier adressé au ministère du Travail et au ministère de l’Agriculture, le mercredi 20 juillet 2022, les membres de l’Intersyndicat ont attiré leur attention, sur la précarisation de l’emploi en champagne et sur les dérives que la filière a pu connaître ces dernières années.
Dans ce courrier les représentants de l’Intersyndicat constatent qu’il existe bel et bien une réelle pénurie de main-d’œuvre, tout en précisant que celle-ci leur semblait volontairement et artificiellement créée ou du moins entretenue depuis une dizaine d’années par les employeurs champenois, situation qui à termes, a contribué fortement à une désaffection des travailleurs locaux pour les métiers viticoles.
Les membres de l’Intersyndicat ont également pointé la complication de négocier les salaires dans les deux branches, où ils étaient confrontés à un patronat (UMC/SGV) qui, contrairement aux recommandations gouvernementales, entravait les négociations se limitant à appliquer les obligations légales.
Ils ont également rappelé aux ministres qu’à l’heure où le président Macron prônait la formation professionnelle et l’apprentissage, la formation était en perte de vitesse dans le secteur d’activité « champagne » et que lorsque les salariés formés arrivaient sur le marché du travail, ils étaient confrontés à une concurrence déloyale en matière d’accès à l’emploi et de rémunération en lien avec un dumping social (utilisation des travailleurs détachés par des sociétés de prestations de services).
Les membres de l’Intersyndicat ont également abordé les pertes d’emplois dans le vignoble, tout en précisant qu’au vu des résultats du champagne ces dernières années et de son poids dans la balance commerciale, il était déraisonnable de s’obstiner à faire perdurer un tel modèle économique ternissant l’image de la Champagne.
En conclusion, ils ont demandé aux ministres de porter une attention toute particulière sur la période des vendanges, évoquant qu’à l’instar de petits viticulteurs, grand nombre de belles maisons ayant pignon sur rue n’hésitaient plus à recourir à certaines sociétés de prestations éphémères, sans se soucier en tant que donneurs d’ordre, des conditions inhumaines jugées récemment de « traite d’humains » par le TGI de Reims, dont pouvaient être victimes les salariés employés par leurs prestataires de services. Et, pour faire cesser de telles pratiques, ils leur ont préconisé le renforcement des contrôles et le renvoi des donneurs d’ordre à leur responsabilité (droit de vigilance des donneurs d’ordres prévus par l’URSSAF et la LOI n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés-mères et des entreprises donneuses d’ordre).
Pour finir, les membres de l’Intersyndicat ont déclaré, qu’à l’heure où les maisons et les coteaux figuraient au patrimoine mondial de l’UNESCO, quand la Champagne et le champagne étaient honorés de par le monde, qu’ils souhaitaient, à travers leur démarche, qu’il soit fait en sorte qu’il n’y ait plus de misère humaine dans les bulles du vin des rois et du roi des vins…
Ce courrier a également été envoyé en copie à tous les acteurs de l’interprofession « Champagne »…
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