Vignes semi-large

L’UNION DU 29 JUILLET 2021

Le Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) a voté à la majorité, hier, l’intégration de huit nouvelles mesures agroenvironnementales, comme l’utilisation de vignes semi-larges, au cahier des charges de l’AOC Champagne. Une évolution qui ne fait pas l’unanimité chez les viticulteurs.

Pour répondre à de nouvelles problématiques environnementales, l’AOC Champagne, par l’intermédiaire du Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV), a intégré, hier, à son cahier des charges un panel de nouvelles mesures. Huit pour être exact. Parmi celles-ci, une nouvelle variété de vignes, le Voltis, « à la fois résistante aux principales maladies de la vigne, adaptées à l’évolution du climat, tout en respectant le niveau qualitatif et la typicité des vins de Champagne », selon le SGV, va faire son apparition.

De nouvelles pratiques culturales, comme le traitement des plants à l’eau chaude et l’utilisation de vignes semi-larges à partir de 2023 (pour une mise en production en 2026), ont aussi été votées.

Une vigne plus résistante au gel

Cette nouvelle mesure, « qui autorise soit un écartement jusqu’à 2 m entre les rangs, soit la densification sur le rang jusqu’à 70 cm entre pieds », est la plus polémique dans le vignoble champenois, avec plusieurs viticulteurs qui y sont opposés. Lors du vote, le SGV a entériné son introduction, précisant tout de même « qu’elle n’est en rien obligatoire », mettant en valeur les vertus environnementales de ces nouvelles vignes, qui favorisent « l’arrêt des herbicides et la diminution des pesticides ».

Elles ont aussi le point fort d’être « moins sensibles aux gels de printemps » et « résistantes face à la contrainte hydrique ». Le SGV s’est également montré rassurant sur l’impact de cette vigne semi-large sur le paysage, et notamment sur les coteaux de Champagne classés au patrimoine mondial de l’Unesco, expliquant que « l’évolution paysagère est compatible avec l’histoire du vignoble champenois »

« On donne plus de souplesse et de liberté aux viticulteurs, déclare Maxime Toubart, le président du SGV. Le but est d’accompagner la transition agroécologique dans un contexte de changement climatique tout en préservant la qualité et la typicité des vins de Champagne. Le climat change. Il fallait aussi faire évoluer nos usages. »

La validation de cette nouvelle culture est la suite logique des résultats probants de plusieurs années d’études dans le vignoble. Pour Maxime Toubart, « cette adoption est le résultat de vingt années d’expérimentations sur quinze parcelles. »

Selon l’AFP, cette mise à jour ne fait pas l’unanimité.  « Sous couvert de préoccupations environnementales, on met en place un projet économique de réductions des coûts, peste la CGT-Champagne, par l’intermédiaire de Patrick Leroy, son secrétaire général. Ces stratégies sont destructrices d’emplois, entre 20 à 25 % en moins sur les quelque 10 000 emplois de la filière. »

« Cette nouvelle densité va enlever de la pénibilité au travail de la vigne, argumente Maxime Toubart. On a besoin de le rendre moins dur afin de pouvoir trouver plus facilement du personnel. »