« En nous maintenant sous perfusion de la sorte (prime Macron, chèque énergie…), les employeurs du champagne envisageraient-ils de faire des salariés du champagne des assistés de l’Etat ? » lance José Blanco. – crédit photo : CGT Champagne (mobilisation du 27 janvier 2022)

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Article paru, le 23 septembre 2022.

La CGT annonce une grève suivie ce mercredi 28 septembre pour protester contre l’absence d’augmentation des salaires minimaux alors que les expéditions augmentent. Le négoce appelle les partenaires à la patience et au pragmatisme, les charges flambant aussi.

Ce mercredi 28 septembre à 14 heures, la CGT Champagne veut mettre « toutes les maisons à l’arrêt » annonce José Blanco, le porte-parole de l’intersyndicat, qui ne décolère pas : « on le voit partout : la Champagne va bien dans le monde entier. Mais aux salariés, on dit d’aller chez Total parce que c’est mois cher ? Soyons sérieux ! » Sorti déçu d’une rencontre avec la commission sociale de l’Union des Maisons de Champagne (UMC) ce mardi 20 septembre, le syndicat réclame des négociations pour augmenter les salaires de 3,3 % (avec un effet rétroactif à compter du premier septembre 2022), revaloriser les primes conventionnelles (transport, vendanges…).

Concevant la déception des syndicats, Michel Letter, le président de la commission tripartite (depuis sa retraite de la direction des maisons Mumm et Pierre Jouët) appelle à la patience. Notant qu’il n’avait pas de mandat de l’UMC pour des annonces ou négociations, il estime qu’« il n’y a pas urgence » et propose d’ouvrir les renégociations annuelles dès le 15 décembre (pour les clore au 15 janvier 2023). Son idée étant d’avoir des chiffres plus précis sur l’année (la CGT met en avant l’inflation de 6,6 % d’août 2022 par rapport à août 2021, quand l’UMC se base sur l’inflation moyenne de 4,19 % sur 12 mois glissants). « Je considère que l’on peut attendre » ajoute Michel Letter, pour qui l’ « inflation est aujourd’hui atténuée par les annonces gouvernementales de juillet, qui ont mis en place des mesures d’aides (chèque énergie, réduction du prix de l’essence…) et des outils pour que les maisons puissent aider leurs salariés (Prime Partage de Valeur, que plein de maisons vont donner). »

« La prime ce n’est pas du salaire. Il y a une colère grandissante en champagne depuis l’an passé : les premiers paliers sont rattrapés par le SMIC. Il faut que ça pète » rétorque José Blanco, pour qui « nous avons en Champagne les patrons les plus riches de France qui nous renvoient aux aides d’État… On marche sur la tête. Beaucoup de maisons de Champagne ne vont pas donner de primes. »

Estimant que les opérateurs champenois vont commercialiser 340 à 350 millions de bouteilles sur l’année, le syndicaliste ne supporte pas de voir s’envoler les chiffres d’affaires des maisons de Champagne et leurs dividendes, alors que les salariés sont appelés à la prudence et à la patience. « Quand on dit que les maisons vont bien, les expéditions augmentent, mais les charges aussi » nuance Michel Letter, pour qui « les prix des matières sèches bondissent de 10 à 15 %. Le prix du raisin augmente de 5 à 10 %, il faut de la trésorerie pour suivre. »

La CGT est actuellement la seule organisation syndicale à appeler à la grève. À noter qu’après un premier round ce 28 septembre, la CGT se mobilisera également le jeudi 29 pour la mobilisation nationale sur les retraites.