Dans cette émission diffusée sur Europe 1, le 17 juillet 2024, le journaliste Pierre de Vilno revient, sans concession, sur tous les sujets qui font l’actualité. Ce jour-là, il accorde une interview à Christine Sévillano, Présidente de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne et Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint du syndicat CGT Champagne où ils évoquent les vendanges et les conditions de travail lors de cette période, mais plus particulièrement la suspension du repos hebdomadaire autorisée par un décret signé par Gabriel Attal, le 09 juillet dernier.
Mais attention, n’en déplaise à Madame la Présidente des vignerons de Champagne qui prend pour exemple sa propre exploitation ou d’autres petites exploitations viticoles, ce décret ne concerne pas uniquement les vendanges en champagne, mais tous les secteurs agricoles et viticoles où les récoltes sont réalisées manuellement en application d’un cahier des charges lié à une AOC ou une IGP. Il va donc mettre en cause la santé et la sécurité des saisonniers qui vont enchaîner les saisons dans plusieurs régions françaises dont l’activité sera couverte par ce décret.
Outre ces premières remarques, cette interview nous apparaît très orientée en faveur de la mise en œuvre de cette mesure, le journaliste citant moultes exemples concernant l’intervention des pompiers dans les feux de forêt pour protéger la population ou dans le domaine de la presse où les journalistes sont contraints de renoncer au jour de repos hebdomadaire pour couvrir en continu divers événements importants du quotient. Puis, lors de la présentation des deux intervenants, à savoir Mme Sévillano, Présidente des vignerons indépendants de champagne et de notre camarade Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de la CGT champagne, il s’est empressé de préciser que le représentant de la CGT Champagne, « bien évidemment, n’est pas d’accord ». Le ton est donné d’entrée de jeux.
Il nous semble important de recadrer certains propos tenus par Mme Sévillano lors de ce débat et de préciser que les temps de parole ne semblent pas avoir été équitables, privant le représentant de la CGT du champagne d’un droit de réponse élémentaire mais aussi de pouvoir expliciter clairement la position de notre syndicat à ce sujet. Tous comme il nous semble important de préciser que Mme Sévillano en tant que Présidente de la fédération des vignerons indépendants de champagne ne représente qu’une minorité d’exploitations viticoles (environ 400 vignerons sur un total de 16 200) et plus ou moins 10% de la surface exploitée au sein de la filière ( Plus ou moins 3 000 ha sur un total de 34 200 ha). Certes, même si les vignerons adhérant à cette fédération plaident pour le retour à une organisation des vendanges plus traditionnelles proposant l’hébergement et la nourriture des saisonniers employés, c’est loin d’être le cas de la majorité des exploitants viticoles qui composent le reste de la filière.
Et par ailleurs, c’est donc de manière complétement décomplexée qu’elle a évoqué dans d’autres médias notamment sur France bleu champagne (Voir la 1ère vidéo), que ce décret est une mesure de bon sens qui va mettre fin à ce que pratiquait depuis des années de nombreux vignerons contrevenant ainsi aux dispositions du code rural de la pêche maritime concernant l’obligation de suspendre le repos hebdomadaire pendant les vendanges car « le raisin n’attend pas ».
Concernant les 5 décès de vendangeurs lors de la campagne 2023, Mme Sévillano a banalisé et éludé ce grave sujet, réfutant les alertes canicule sur la période. De plus, elle a insisté sur le seul cas où effectivement la mort du salarié ne serait pas due à son exposition aux fortes chaleurs mais à la consommation de produits stupéfiants. Et lorsque que Philippe Cothenet est intervenu pour lui faire remarquer, le présentateur lui a rétorqué « M. Cothenet soyez sympathique. On n’est pas dans un tribunal ».
Et, cerise sur le gâteau, l’émission se termine par l’interview d’un certain Laurent, agriculteur en Moselle, déclarant qu’en matière de récolte c’est la nature qui nous guide et pas les règles… De là à penser qu’une récolte à plus de valeur que la vie d’un être humain, il n’y a qu’un pas…
Bref, tous comme pour CNEWS, l’intersyndicat ne répondra plus à aucune sollicitation de la part d’Europe 1, ni à aucun autre média du groupe Bolloré.