En visite au musée de l’automobile de Reims en avril 2007, Jean-Marie Le Pen avait présenté trois de ses cuvées… © AFP

✍️l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 10 Janvier 2025

Temps de lecture 6 mn

Le journal L’Union a publié, le 8 janvier 2025, un article signé par Frédéric Gouis intitulé « Jean-Marie Le Pen dans le monde feutré du champagne ». Cet article explore une facette méconnue de l’ancien leader du Front National : son incursion dans le domaine viticole, marquée par une collaboration controversée avec Patrick Bourson. Entre condamnations judiciaires, provocations et ambitions démesurées, ce récit éclaire les tumultes d’une alliance explosive.

Selon le journaliste, les relations entre Jean-Marie Le Pen et les départements concernés semblent refléter la personnalité publique controversée du leader d’extrême droite : des déclarations tonitruantes, des bravades et une certaine dose de provocations. Plusieurs événements locaux illustreraient cette dynamique, notamment son passage dans le monde du champagne.

En 2013, Jean-Marie Le Pen aurait expliqué à La Revue du vin de France qu’il avait investi dans une maison de champagne à la demande d’un « ami », identifié comme Patrick Bourson. Selon le journaliste, le parcours des deux hommes interpelle par son caractère sulfureux. Jean-Marie Le Pen, décrit comme un habitué des controverses judiciaires avec des condamnations pour apologie de crime de guerre, incitation à la haine raciale ou encore contestation de crimes contre l’humanité, aurait trouvé un écho dans la personnalité de Patrick Bourson.

Ce dernier, selon l’article, aurait purgé cinq ans de prison pour des braquages de banque sur la Côte d’Azur et aurait également été condamné à trois mois de prison avec sursis après l’agression d’un journaliste en 2008. Par ailleurs, Bourson, après plusieurs tentatives infructueuses de candidature présidentielle en France, aurait émigré au Québec en 2014 pour ouvrir une boulangerie-pâtisserie et, devenu citoyen canadien, se serait présenté aux élections de l’Assemblée du Québec en 2022, obtenant un score modeste de 1,87 %.

Le journaliste souligne que l’association entre Le Pen et Bourson semblait naturelle, tant leurs parcours controversés se rejoignaient. Pourtant, leur collaboration dans le champagne n’aurait duré qu’un quinquennat.

En 2003, selon l’article, Jean-Marie Le Pen et son épouse Jany auraient annoncé leur entrée dans le secteur viticole en promettant de « bousculer la grande bourgeoisie du champagne ». Le couple aurait alors fait équipe avec Patrick Bourson au sein d’une société spécialisée dans le négoce. Cette initiative, qui incluait également Catherine Bourson, élue régionale sous l’étiquette du Front National, aurait rapidement attiré l’attention.

Les noms des cuvées commercialisées par la société auraient été particulièrement provocateurs. Selon le journaliste, des appellations telles que « La Nation » ou « Jany, champagne des amis » étaient déjà discutables, mais la cuvée « Veuve Poignet », destinée aux établissements de nuit gays et lesbiens parisiens, aurait atteint un summum de mauvais goût. Le journaliste rapporte que la collaboration entre les Le Pen et les Bourson aurait pris fin à l’été 2008, sans que les raisons de cette séparation soient rendues publiques.

Malgré le divorce économique, Patrick Bourson aurait affirmé dans une interview accordée à L’union que ses relations avec Jean-Marie Le Pen restaient cordiales, déclarant : « On est toujours amis, et à vie ». Le journaliste s’interroge alors sur une possible implication de Jean-Marie Le Pen dans la boulangerie de Bourson au Québec, mais sans apporter de confirmation à ce sujet.

Enfin, l’article conclut sur l’épilogue de cette aventure viticole : Jean-Marie Le Pen aurait été intronisé en 2013 comme « commandeur de l’ordre du Sabre d’or de la Confrérie du champagne », une distinction confirmée par le Grand Maître de cette confrérie.

Selon le journaliste, l’épisode de Jean-Marie Le Pen dans le monde du champagne illustre une fois de plus la manière dont des figures controversées parviennent à s’immiscer dans des univers où elles semblent en totale dissonance avec les valeurs de tradition, de respect et d’excellence associées à ce secteur.

L’Intersyndicat CGT du Champagne, en réaction à de telles incursions, exprime une position claire : « L’image et l’aura de la Champagne n’ont rien à gagner à être associées à ce type de personnage ou de provocations. Ce vignoble, qui incarne l’excellence française à travers le monde, doit se préserver de toute controverse qui risquerait de ternir sa réputation. »

Le champagne, symbole de raffinement et de tradition, ne peut se permettre d’être éclaboussé par des figures populistes, sulfureuses ou haineuses, motivées davantage par leur propre quête de notoriété que par un véritable respect des valeurs du secteur. L’Intersyndicat rappelle que tous les acteurs de la filière ont une responsabilité collective pour protéger cet héritage unique et s’assurer que de telles associations ne se reproduisent plus.

En somme, si la Champagne veut continuer à rayonner à l’international et incarner l’élégance française, il est impératif qu’elle reste à l’écart de toute initiative ou collaboration susceptible de nuire à son prestige.

Source : l’Union du 08 décembre 2025 Jean-Marie Le Pen dans le monde feutré du champagne