PHOTOS ET VIDÉOS. Justice: Sabine Duménil, secrétaire générale de la CGT de la Marne, a été jugée ce mercredi à Châlons

La secrétaire générale de la CGT du département était jugée pour “injure publique” envers Zdenka Avril, directrice adjointe départementale de l’emploi. L’affaire a été mise en délibéré.

L’essentiel
Sabine Duménil, secrétaire générale de l’Union départementale CGT de la Marne, était jugée ce mercredi au tribunal correctionnel de Châlons pour injure publique envers Zdenka Avril, directrice départementale adjointe de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP).

Des affiches de la CGT, comportant des jeux de mots sur le nom de Zdenka Avril, avaient circulé en mai et juin 2020 dans le cadre des manifestations de soutien à Anthony Smith, cet inspecteur du travail châlonnais qui avait été suspendu de ses fonctions pour des manquements « graves et répétés » selon la direction générale du travail, avant d’être plus tard réintégré.

C’était une audience très attendue. Sabine Duménil, secrétaire générale de la CGT de la Marne, était jugée, ce mercredi à 14 heures, pour « injure publique » envers Zdenka Avril, directrice départementale adjointe de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP, anciennement Direccte). Les faits reprochés avaient eu lieu les 1er, 15, 25 mai et 15 juin 2020, à Châlons, Reims et dans la Marne, dans le contexte des manifestations de soutien envers l’inspecteur du travail Anthony Smith. Des affiches sur lesquelles on pouvait lire « Avril c’est fini, en mai on fait ce qu’il nous plaît », « Ce n’était pas un poisson d’avril mais un poison d’avril », ou encore « Le poison d’avril est dans ces murs » avaient été apposées sur les locaux de la Direccte à Reims et à Châlons, et avaient circulé sur le compte Facebook de la CGT de la Marne.

Ce qui n’a pas été du goût de la fonctionnaire visée, qui a déposé plainte contre trois cégétistes. Si deux d’entre eux ont bénéficié d’un non-lieu, Sabine Duménil a bien comparu à la barre hier.

« J’assume »

Sabine Duménil

« J’assume », a été le premier mot de la cégétiste. Qui a toutefois précisé sur le contexte : « C’était le début du confinement. Le syndicat a voulu défendre Anthony Smith. Il y a eu des actions multiples. Les décisions sont prises collectivement, et cela peut nous arriver de faire des jeux de mots. Il y avait aussi de la colère. Mais on s’adresse aux structures, et non aux personnes. Nous n’avons menacé personne. » Elle estime que Zdenka Avril a pu se sentir atteinte dans sa personne « seulement si on retire les propos du contexte ».

Maître Guillaume Bert, avocat de Zdenka Avril, qui était présente à l’audience sans toutefois s’exprimer, décrit sa cliente comme « dévastée ». Elle aurait été victime de « harcèlement moral », d’après le psychologue du travail : « Ce ne sont pas seulement des jeux de mots maladroits, cela va au-delà. Il y a eu un acharnement progressif sur Zdenka Avril. Elle a été localisée, menacée et assimilée à une criminelle. Mais ce n’est pas elle qui a un pouvoir disciplinaire sur Anthony Smith. » C’est le rôle du ministère du Travail, rappelle le défenseur, qui réclame 1500 euros au titre du préjudice moral, et la même somme au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale. « Le psychologue du travail ne s’est appuyé que sur les déclarations de Zdenka Avril, pointe de son côté Maître Xavier Medeau, avocat de Sabine Duménil. On était dans un contexte de conflit du travail. La liberté d’expression est nécessaire au fonctionnement des démocraties. C’étaient des jeux de mots enfantins et anodins, même s’ils n’étaient pas agréables. Il n’y a pas eu de dérapage. » L’affaire a été mise en délibéré au 25 mai.

Philippe Martinez : «Une attitude revancharde de l’administration»

Quelque 260 personnes ont manifesté devant le tribunal, à l’occasion du passage à l’audience de Sabine Duménil. Parmi eux, essentiellement des cégétistes : de la Marne, mais pas seulement. On trouvait aussi la section CGT des cheminots des Ardennes, la CGT de l’Aube…

Plusieurs personnalités syndicales se sont exprimées, et un invité de marque était de la partie : Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT au niveau national. « Cette convocation est une réponse à la mobilisation qu’il y a eue contre la mesure de sanction d’Anthony Smith, pour laquelle nous avons gagné. Aujourd’hui, il y a une attitude revancharde de l’administration qui n’apprécie pas cette victoire, estime Philippe Martinez. On parle beaucoup de dialogue social, mais dès qu’il ne correspond pas aux attentes du pouvoir et du patronat, il y a de la répression. »

Retrouvez l’intégralité de ses propos en vidéo :

Les manifestants sont restés devant le tribunal le temps de l’audience. « C’était plus un procès contre Anthony Smith que contre l’Union départementale, a commenté Sabine Duménil à sa sortie du tribunal. Je suis assez sereine. Il faut continuer à se battre. »

A l’issue de l’audience, l’avocat de la CGT Marne a déclaré d’emblé que « si le 25 mai 2022, il y a condamnation, il faudra aller au bout de la démarche judiciaire, c’est à dire, faire appel, puis se pourvoir en cassation”.

Retrouvez l’intégralité des interventions des divers militants et personnalités syndicales venues au soutien de Sabine Duménil dans la vidéo ci-dessous (38 mn) :