Mathilde Panot, chef de groupe de la France Insoumise, prend la parole à l’Assemblée Nationale lors du débat sur l’abrogation de la réforme des retraites le 28 novembre 2024. © Photo(s) : Andrea Savorani Neri / AFP
Par l’Intersyndicat CGT du champagne
le 04 décembre 2024 – Temps de lecture : 4 mn
Malgré l’échec du Nouveau Front Populaire (NFP) à faire adopter, lors de la niche parlementaire de la France Insoumise (LFI) le 28 novembre 2024, une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites de 2023, la CGT reste mobilisée.
Dans un contexte de tensions sociales croissantes et à l’approche des manifestations prévues en décembre, le syndicat réaffirme sa détermination à faire de cette réforme un axe central de ses revendications.
Un échec parlementaire sous haute tension
La tentative d’abrogation de la réforme a été marquée par une intense obstruction parlementaire de la part du camp présidentiel, comme le souligne Sarah Delattre dans La Vie Ouvrière (« À la niche, la réforme des retraites », 29 novembre 2024). Plus de 900 amendements ont été déposés par les macronistes, la droite et le centre, rendant impossible un vote avant l’échéance de minuit. Denis Gravouil, dirigeant confédéral de la CGT, dénonce : « Une première fois en 2023, le camp présidentiel a imposé la réforme sans vote via le 49.3. Cette fois, ils ont empêché tout débat démocratique par une obstruction systématique. »
L’échec du NFP est également analysé par J.C. Delavigne dans L’Anticapitaliste (« Abrogation de la réforme des retraites : des leçons pour la suite », 5 décembre 2024). Selon lui, cet échec découle d’un choix stratégique contestable des principales composantes du NFP, qui se sont focalisées sur le combat institutionnel, laissant les salarié·es et les classes populaires spectateurs impuissants des débats.
La réforme reste un sujet brûlant
La réforme des retraites de 2023, imposée à coups de 49.3, demeure largement rejetée par la population. Elle reporte progressivement l’âge légal de départ à 64 ans et s’accompagne de nouvelles dispositions défavorables aux travailleurs seniors, notamment une réduction des conditions avantageuses pour l’indemnisation chômage des plus de 55 ans.
Pour la CGT, ce sujet reste une priorité, comme l’a rappelé Denis Gravouil : « Nous n’allons pas lâcher le morceau. Le sujet des retraites reste une préoccupation, et la rue va devoir s’en emparer. Nous en parlerons dans les manifestations de décembre. » Cette position est en ligne avec l’appel lancé par Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, dans une lettre adressée aux députés : « Ce vote vous oblige », écrivait-elle, exhortant les élus à assumer publiquement leur position face aux électeurs.
Une mobilisation qui continue
La CGT souligne que, depuis les grandes mobilisations de 2023, elle reste offensive. Elle a participé à des conférences sur le financement des retraites, proposé des pistes pour une réforme alternative (égalité salariale femmes-hommes, hausse des cotisations sociales des employeurs, etc.) et mis en place des outils comme la plateforme « Allô Parlement » pour interpeller les élus.
L’échec parlementaire du 28 novembre n’entame pas la détermination de la CGT. Les manifestations prévues en décembre seront l’occasion de rappeler que le combat pour une réforme juste et équitable des retraites ne se limite pas aux murs du Parlement. À la lumière des vagues de licenciements et du plan d’austérité en cours, ce combat s’inscrit dans une lutte plus large contre les politiques sociales et économiques du gouvernement Barnier.
Sources
- La Vie Ouvrière, « À la niche, la réforme des retraites », Sarah Delattre, 29 novembre 2024.
- L’Anticapitaliste, « Abrogation de la réforme des retraites : des leçons pour la suite », J.C. Delavigne, 5 décembre 2024.