Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT, est venu soutenir Sabine Duménil.
Date de parution : jeudi 06 octobre 2022
Reims jeudi 06 octobre 2022 après-midi se tenait le second procès Sabine Duménil, qui faisait appel de sa condamnation pour injure publique envers la directrice adjointe départementale de l’emploi, dans le cadre de l’affaire Anthony Smith. Le délibéré sera connu le 9 novembre.
LES FAITS
SABINE DUMÉNIL, secrétaire générale de la CGT de la Marne, a été jugée le 23 mars au tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour injure publique envers Zdenka Avril, directrice adjointe de la Direccte Grand Est, en charge de la Marne.
SIX DÉLITS visaient Sabine Duménil. Elle avait été relaxée pour la moitié d’entre eux, mais déclarée coupable pour trois autres lors du délibéré le 25 mai.
LE TRIBUNAL L’AVAIT CONDAMNÉE à 500 euros d’amende, mais aussi à verser 400 euros à Zdenka Avril pour son préjudice moral, et aussi à lui payer 1 200 euros au titre des frais de justice.
ELLE A FAIT APPEL de cette condamnation. Le deuxième procès s’est tenu hier après-midi.
C’était l’acte 2 de l’affaire Duménil. La secrétaire générale de la CGT de la Marne était de nouveau jugée, hier à la cour d’appel de Reims, pour injure publique envers la fonctionnaire Zdenka Avrin, directrice adjointe départementale de l’emploi.
Des affiches de la CGT, comportant des jeux de mots sur le nom de Zdenka Avril, avaient circulé en mai et juin 2020. On pouvait lire « Avril c’est fini, en mai on fait ce qu’il nous plaît » , « Ce n’était pas un poisson d’avril mais un poison d’avril » , ou encore « Le poison d’avril est dans ces murs » , sur les locaux de la Direccte Grand Est à Reims et à Châlons (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ainsi que sur le compte Facebook de la CGT de la Marne.
C’ÉTAIT DE L’ACHARNEMENT
Ces slogans avaient été créés dans le cadre des manifestations de soutien à Anthony Smith, cet inspecteur du travail châlonnais qui avait été suspendu de ses fonctions pour des manquements « graves et répétés » selon la direction générale du travail, avant d’être plus tard réintégré.
Une première audience avait eu lieu le 23 mars au tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne, mais la cégétiste avait fait appel de sa condamnation à 500 euros d’amende. « Pourquoi avez-vous fait appel ? » demande le juge à la syndicaliste après avoir rappelé les faits. « Ce qu’on faisait était uniquement de l’expression syndicale », martèle Sabine Duménil. « L’action syndicale permet la virulence, pas les injures » , répond le juge. « On dirait que votre action se limitait à harceler Zdenka Avril », pointe une deuxième magistrate. « Les affiches étaient dirigées contre une personne en particulier », souligne la troisième juge. « Madame Avril n’y était pas pour rien dans la décision du ministère du Travail de suspendre Anthony Smith », estime Sabine Duménil.
Ce que contredit l’avocat de Zdenka Avril, Maître Guillaume Bert : « Zdenka Avril n’avait pas de pouvoir disciplinaire sur Anthony Smith. Mais elle a été prise pour cible pour la CGT. C’était de l’acharnement. Elle avait de quoi se sentir menacée. » L’avocate générale demande la confirmation de la peine infligée à Sabine Duménil en première instance : « Ces formules étaient injurieuses et méprisantes. Cela constitue une atteinte à la dignité et à l’honorabilité de Madame Avril ».
LA CGT ÉTAIT DANS SON RÔLE
De son côté, Maître Xavier Médeau, défenseur de Sabine Duménil, estime que « dans ce dossier, on est dans le subjectif » : « Zdenka Avril n’a pas apprécié le jeu de mots. Mais peut-on vraiment dire que le terme poison est injurieux ? On n’est pas dans le haut de gamme de l’injure. C’est un calembour digne d’une cour de récréation. Il n’y avait pas d’attaque personnelle. La CGT était dans son rôle. »
Il faudra attendre le 9 novembre, date à laquelle la cour d’appel rendra sa décision, pour mettre un point final à cette affaire.
On pourrait presque parler de tradition. Lors de chaque procès de Sabine Duménil, la CGT organise un rassemblement devant la juridiction. Ils étaient ainsi environ une centaine hier devant la cour d’appel à soutenir leur camarade. Parmi eux, un invité de marque : Bernard Thibault, ancien secrétaire général de la CGT au niveau national, et coprésident du comité de soutien à Anthony Smith.
« Un homme célèbre disait : Indignez-vous ! Quand on s’indigne, on ne le fait pas avec des mots d’amour ». « Cette procédure à l’égard de Sabine Duménil est une procédure de vengeance de la part d’une fonctionnaire. Or, une fonctionnaire est aussi attaquable », a-t-il déclaré à l’issue de l’audience.
Quant à Sabine Duménil, voici comment elle réagit : « On cherche à nous faire taire, et à ce qu’on ne mobilise pas les travailleurs. Si les juges regardent bien l’affaire, ils doivent me relaxer. Mais dans le cas où le jugement est confirmé, on n’aura pas perdu : on a mené une lutte juste pour notre dignité. »