Un chiffre d’affaires record à 5, 5 milliards d’euros (plus de 315 millions de bouteilles) en 2021 pour la Champagne

Note de l’Intersyndicat :

Le président du syndicat général des vignerons réaffirme le besoin d’un collectif puissant (lire en fin d’article) et dit avoir été blessé par les propos méprisant de certains négociateurs lors des négociations sur les rendements de la vendange 2020. Il crie également haut et fort que le vignoble n’est pas la variable d’ajustement du négoce, puis évoque que 2021 a donné raison au bon sens paysans des vignerons. 

Pour l’intersyndicat CGT du champagne, il y a loin du discours aux actes. Si selon M. Toubart, le vignoble n’est pas la variable d’ajustement du négoce, l’Intersyndicat CGT remarque qu’il devient de plus en plus inféodé à ce dernier. Et, ceux qui semblent le plus faire preuve de “leur bon sens paysan” dans leurs propos ainsi que dans leur position divergente (cliquez pour lire), sont les vignerons indépendants dont les représentants, tout comme les syndicats de salariés, n’ont malheureusement pas accès à la table des négociations du comité champagne…

Chiffre d’affaires, volumes, augmentation de la réserve individuelle, développement durable, lors de l’assemblée générale de l’Association viticole champenoise, la grand-messe de l’appellation Champagne, les deux discours de Jean-Marie Barillère, président de l’Union des Maisons de Champagne (UMC), puis de Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV), les deux présidents de l’interprofession champenoise représentent un moment fort attendu.

Prenant l’aspect économique de cette année étonnante en compte, Jean-Marie Barillère en fait le bilan, un bilan inespéré, tout en annonçant : « l’année 2021 va terminer par un chiffre d’affaires record pour l’appellation Champagne. Personne n’aurait été capable de prévoir un tel résultat. Je n’ai qu’un vœu, j’aimerai vraiment que ces deux années 2020, 2021, nous aident à préparer notre avenir dans un monde de plus en plus mouvant et rapide ».

Et de rappeler que grâce en autres aux pays anglo-saxons : « L’export a tiré notre économie et La France résiste bien. Oui nous allons dépasser les 315 millions de bouteilles*, oui nous allons dépasser les 5, 5 milliards d’euros. C’est un beau cadeau pour ma dernière année de co-présidence de l’interprofession  ».

Jean-Marie Barillère explique ainsi cette situation : « tout d’abord avec la remise à niveau des stocks sur les marchés ». Mais également « avec la demande des consommateurs qui est également très forte et remet le champagne à sa place de prédilection, un vin synonyme de fête, de plaisir et de sociabilité. Cette hausse de consommation a lieu dans les pays où il y a un véritable sens de partage à la maison, ce qui explique la différence entre les pays anglo-saxons et les pays asiatiques où la consommation se fait à l’extérieur ».

« Mais il va falloir améliorer cette réserve »

En revanche sur le plan viticole, Jean-Marie reconnait que, « c’est une année à oublier, heureusement, il y a la réserve qualitative. En termes d’assurance-récole, on ne fait pas mieux. Mais il va falloir améliorer cette réserve ».

De fait, le relèvement du plafond de la réserve professionnelle fait partie des grands dossiers actuels de la Champagne : « elle peut s’accompagner d’un possible tirage d’une partie de cette réserve. Mais il ne faut pas que cela pèse négativement sur les stocks et sur la valeur du mot champagne, il faut que cette mesure s’accompagne d’un plus qualitatif sur l’ensemble des vins. Je pense que 2 000 kilos augmentent la résilience en cas de coup dur. Il y a d’autres idées comme déterminer la destination des volumes un an après la récolte soit en distillation soit en la réintégrant dans une récolte déficitaire. On peut imaginer d’autres systèmes comme pourquoi pas un cinquième paiement, c’est à nous de trouver d’autres systèmes, des années difficiles comme 2021, on en aura d’autres »

En évoquant le futurs cépages de la Champagne, Jean-Marie Barillère indique : « je prends un exemple avec l’encépagement. Dans 20 ans, on vendangera début août/fin juillet ou aura-t-on mis en place d’autres cépages pour nous permettre de vendanger sous des températures plus clémentes fin septembre début octobre, la question n’est pas binaire, mais c’est de montrer la route à parcourir ».

« Réaffirmer notre besoin d’un collectif puissant »

Pour le patron des vignerons, Maxime Toubart, il faut être unis « le collectif nous rend plus résilients. Nous devons réaffirmer notre besoin d’un collectif puissant au niveau de l’innovation et de la recherche. C’est ce collectif qui nous permet d’avance ensemble vers des solutions nouvelles. Le SGV en tant qu’ODG est aussi un acteur fort de ce collectif. Nous avons pris nos responsabilité au cours de l’année. Après plus de 20 ans d’expérimentation de conduite sur les modes de conduite et d’enherbement, nous avons présenté et porté le sujet des vignes semi-larges sur le terrain afin de répondre aux attentes environnementales. Les inconnues à venus sont nombreuses, personne n’a de certitudes, cependant cela ne doit pas nous figer ou nous pétrifier ». Et de « rappeler qu’au sein du cahier des charges, chacun est libre de ses choix ».

Face à ces enjeux, Maxime Toubart tient à souligner que près de 18 000 hectares sont certifiés. Mais le président du SGV veut rester lucide  : « parler d’environnement après la campagne que nous venons de vivre est un sujet très sensible, aussi pas de surenchère, mais pas de retour en arrière. Il faut trouve un juste équilibre avec la demande de la société ».

Maxime Toubart profite de ce discours pour évoquer la vendange 2020 : « le vignoble n’a toujours digéré l’abandon d’une partie de la récolte très qualitative de l’an dernier et surtout des propos de certains négociateurs que nous avons perçus comme méprisants. Le vignoble n’est pas la variable d’ajustement du négoce… Je vous le dis haut et fort, nous avons été blessés, et 2021 a donné raison à notre bon sens paysan… Sachons désormais retenir cette leçon pour l’avenir. Restons unis, la filière se pilote à deux, dans la durée et pas uniquement avec une vision à court terme à partir de tableaux financiers Excel  ».

Toujours sur cette notion d’unité, Maxime Toubart met en avant la « dynamique » positive de la campagne de communication Champagnes de Vigneron : « Avec à la clé de belles réussites individuelles qu’il nous faut maintenant transformer collectivement avec une reconnaissance des champagnes de vignerons qui grandit partout sur la planète ».

Et comme pour mieux marquer cette notion d’unité,  Maxime Toubart a terminé son discours en rendant un bel hommage à Jean-Marie Barillère qui quittera ses fonctions en mars prochain.

* à l’heure actuelle, certains évoquent un chiffre dépassant les 320 millions de cols voire proche de 330 millions de cols ce qui serait le deuxième chiffre record de la Champagne après celui de 2007 qui se montait à 339 millions de cols.

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