✍️l’Intersyndicat CGT du champagne

📅 Publié le 15 Janvier 2025

⏱ Temps de lecture 6 mn

Le 13 janvier 2025, Sophie Claeys,  a publié sur son blog « La Champagne de Sopihie Claeys » une analyse intitulée « Le Champagne face aux défis 2025 : préserver son éclat et sa valeur ». Cet article met en lumière les nombreux défis auxquels le Champagne est confronté, tout en explorant les pistes pour renforcer sa position dans un marché en pleine mutation.

Le Champagne face aux défis 2025 : préserver son éclat et sa valeur

Un produit emblématique sous pression

Le Champagne reste un symbole de célébration et de raffinement, mais il fait face à une concurrence de plus en plus féroce, notamment celle des vins effervescents tels que le prosecco et les crémants. En 2024, cette pression s’est traduite par une perte significative de parts de marché, exacerbée par une hausse des prix perçue comme injustifiée par de nombreux consommateurs.

Parmi les constats faits par Sophie Claeys :

  • Le poids des prix : Les hausses tarifaires récentes ont renforcé l’image d’un produit réservé aux grandes occasions, éloignant une partie de la clientèle.
  • La différenciation insuffisante : Les codes marketing et visuels des vins effervescents concurrents brouillent la distinction avec le Champagne.
  • La préférence déclinante : Les jeunes consommateurs se tournent vers des alternatives plus modernes, jugées accessibles et en phase avec leurs attentes.

Les leviers de valeur à activer

Malgré ces défis, le Champagne conserve des atouts indéniables, décrits dans l’article à travers quatre leviers fondamentaux :

  1. Émotion : Produit de luxe par excellence, le Champagne véhicule des émotions uniques, mais ces aspects doivent être mieux mis en avant pour justifier son prix élevé.
  2. Sensorialité : Les qualités intrinsèques du Champagne – finesse, équilibre, unicité – restent ses principaux atouts, bien que souvent sous-valorisés dans les discours marketing.
  3. Narration : Le terroir, la tradition et le savoir-faire champenois sont des éléments puissants mais encore sous-exploités pour créer un attachement plus profond chez les consommateurs.
  4. Techniques : Les spécificités comme les millésimes, les Blanc de Blancs ou les Brut Nature séduisent les connaisseurs, mais elles devraient être mieux vulgarisées pour toucher un public plus large.

Une adaptation nécessaire pour regagner des parts de marché

L’article explore également des solutions pour inverser la tendance et restaurer la domination du Champagne. Parmi celles-ci :

  • Rétablir la confiance dans les prix : En offrant plus de transparence sur les coûts de production et en mettant en avant les spécificités qui justifient la singularité du Champagne.
  • Lutter contre la confusion : En renforçant la communication autour de l’appellation et des méthodes de production, afin de contrer la standardisation visuelle et qualitative.
  • Moderniser l’image du Champagne : En s’adressant à un public plus jeune et en adaptant le produit à des occasions moins formelles comme l’afterwork ou les apéritifs improvisés.

La CGT Champagne alerte sur la proseccoïsation du modèle champenois

La CGT Champagne, dans son document « Extinction programmée du modèle champenois » diffusé le 15 juillet 2021, apporte un regard critique sur les transformations en cours dans l’appellation Champagne. Selon elle, ces évolutions, guidées principalement par des logiques de réduction des coûts et d’industrialisation accrue, menacent directement l’identité et la qualité du produit.

La prossécoïsation du Champagne : une standardisation inquiétante

La CGT Champagne met en garde contre une « prossécoïsation » du Champagne, un phénomène qui renvoie à la perte progressive des spécificités historiques et qualitatives de l’appellation, au profit de pratiques inspirées des vins effervescents industriels comme le Prosecco. Ce processus pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’image et la pérennité du Champagne :

  • Perte de différenciation : Le recours à des vignes semi-larges et le retour à des méthodes culturales comme la taille Guyot, bannie dans les grands crus de 1938 à 2010, réduisent la qualité perçue par les consommateurs.
  • Standardisation des vins : Les expérimentations avec des cépages non traditionnels ou des approches favorisant la mécanisation accentuent le risque de produire des vins de moindre qualité, éloignés des standards historiques du Champagne.
  • Baisse de la qualité perçue : Selon la CGT, ces pratiques, combinées à une industrialisation accrue de la production, dégradent l’image du Champagne et l’assimilent de plus en plus à des vins effervescents moins qualitatifs.

Une pression sur l’emploi et le savoir-faire

L’industrialisation des pratiques agricoles et la quête de réduction des coûts se traduisent également par une précarisation de l’emploi dans le vignoble champenois :

  • Précarisation de l’emploi viticole : La multiplication des contrats saisonniers et le recours à des prestataires extérieurs réduisent la stabilité et la qualité de l’emploi dans la région.
  • Perte de savoir-faire : En favorisant des pratiques mécanisées, la Champagne risque de perdre des compétences historiques qui ont forgé son excellence.

La CGT Champagne alerte sur les conséquences à long terme de ces choix stratégiques, qui pourraient transformer le Champagne en un produit standardisé, dépourvu de l’aura d’exception qui fait sa force.

Les scandales des vendanges : une ombre sur l’appellation

Entre 2018 et 2024, plusieurs scandales ont émaillé les vendanges dans le vignoble champenois, jetant une ombre sur cette période cruciale de la production. Ces événements illustrent les dérives engendrées par une recherche effrénée de rentabilité.

Conditions de travail précaires

Les vendanges ont été marquées par une recrudescence des contrats saisonniers et le recours à des prestataires de main-d’œuvre bon marché. Cette situation a conduit à des abus largement médiatisés :

  • Mort de 4 saisonniers à cause une exposition aux fortes chaleurs lors de l’épisode caniculaire de la vendange 2023
  • Traite d’êtres humains : Certaines entreprises ont été accusées de pratiques proches de l’exploitation, avec des travailleurs impayés ou payés en dessous du minimum légal ou privés de leurs droits fondamentaux.
  • Conditions d’hébergement indignes : Plusieurs rapports ont dénoncé des logements insalubres pour les saisonniers, exacerbant les tensions autour des vendanges.

Impacts sur l’image de marque

Ces scandales, largement relayés par la presse, ont entaché la réputation du Champagne, produit historiquement associé au prestige et à l’excellence. Pour regagner la confiance des consommateurs, la filière doit impérativement renforcer ses contrôles et valoriser des pratiques éthiques et durables.

Vers un modèle durable et exemplaire

Face à ces défis, la Champagne est à un tournant de son histoire. La CGT Champagne insiste sur l’urgence de repenser le modèle champenois, en privilégiant :

  • Une valorisation de l’emploi qualifié : Développer des CDI dans le vignoble pour préserver le savoir-faire local.
  • Des pratiques agricoles durables : Promouvoir l’enherbement sélectif, les vendanges parcellaires et un contrôle strict de la qualité des moûts.
  • Une communication transparente : Informer les consommateurs sur les choix éthiques et qualitatifs opérés par la filière.

En conclusion, le modèle champenois doit s’adapter aux exigences modernes tout en restant fidèle à ses valeurs. La prossécoïsation du Champagne n’est pas une fatalité : en misant sur l’excellence, la durabilité et l’éthique, la Champagne peut surmonter les défis actuels et préserver son statut de produit d’exception.

Source :

La Champagne de Sophie Claeys : « Le Champagne face aux défis 2025 : préserver son éclat et sa valeur »

La CGT champagne : Le 4 pages « Extinction programmée du modèle champenois »