Dans un article de l’union publié, le 23/09/23, intitulé : « Le coup de gueule de Franck Leroy contre les salopards et les voyous ». Il y est relaté qu’au cours de la commission de rentrée permanente des élus régionaux, ce vendredi à Strasbourg, le président champenois du Grand Est, Franck Leroy, a été interpellé par l’élue vosgienne de gauche, Sandra Blaise,  sur la situation des « vendangeurs étrangers réduits à l’état d’esclavage » , notamment à Nesle-le-Repons. 

En réponse, Franck Leroy n’a pu retenir sa colère et a dénoncé le « trafic ignoble »d’un« certain nombre d’entrepreneurs véreux qui profitent du malheur des gens »et a qualifié ces prestataires de « salopards » et de « voyous » qui doivent être « arrêtés et condamnés » et de poursuivre qu’avec « 120 000 vendangeurs nécessaires à cette période, c’est malheureusement assez facile pour ces intermédiaires de recruter des gens et de les emmener en Champagne ».

Puis, il est revenu sur sa propre expérience à Épernay : « Quand j’étais maire, je l’ai vécu : 45 Bulgares logés dans deux appartements dans des conditions immondes. C’est de l’exploitation ! » Mais lorsque l’élue des Vosges a réclamé : « il faut que les maisons de champagne prennent leurs responsabilités », Franck Leroy les a carrément dédouanées ! « Ce n’est pas de leur faute. Aucune grande maison de champagne n’a été mise en cause dans cette affaire absolument dramatique (…). S’ils ne sont qu’une  infime minorité , ces scandales font  énormément de bruit  et reviennent chaque année, ce qui salit l’image  de la Champagne », a encore déploré Franck Leroy qui face à la situation, appelle à « renforcer la loi et durcir les règles, pour que n’importe qui ne puisse pas s’improviser prestataire ».

Durcir les règles, c’est ce que revendique l’Intersyndicat CGT du champagne  indique Philippe Cothenet, Secrétaire général adjoint de l’Intersyndicat  : « il faut mettre en place un véritable cahier des charges auquel devra satisfaire le prestataire qui souhaite obtenir un agrément nécessaire à la création de sa société ». Mais tout d’abord, commençons par faire respecter la loi qui encadre les obligations des prestataires de services et prévoit dans ses mesures le devoir de vigilance et de diligence des donneurs-d’ordre, notamment en matière d’hébergement des vendangeurs.

Les entrepreneurs véreux que Franck Leroy qualifie de « salopards » et de « voyous » ont pourtant pour clients, des maisons de champagne et des vignerons dont certains, comme le reconnaît, Maxime Toubart, président du syndicat des vignerons, se lavent les mains des conditions dans lesquelles les vendangeurs sont hébergés et dont par ailleurs on ne connaît toujours pas l’identité à ce jour. Sans utilisateur de prestataires de services, pas de scandale en champagne !

Et alors pourquoi, les maires des villages de la communauté de communes dont Franck Leroy était encore récemment le président, mettent-ils à la disposition des camps de la honte des poubelles estampillées « vendanges 2023, je trie mes déchets » ? Ne devraient-ils pas plutôt dénoncer aux autorités, gendarmerie et inspection du travail, tous ces campements sauvages « type bidonville » interdits en champagne par l’arrêté ministériel du 01 juillet 1996 où sont parqués par leurs employeurs, souvent dans des conditions inhumaines, des saisonniers originaires des pays de l’Est venus couper les raisins les plus chers du monde.

Pour autant, cette « omerta » sur l’identification des employeurs « donneurs d’ordre » n’est pas surprenante, vu l’ampleur du scandale. Faudrait-il continuer de couvrir les grandes maisons dont certaines, déjà par le passé, ont pris des prestataires de services véreux et ont été relaxées par la justice ?

Malheureusement, souligne José Blanco, Secrétaire général de l’Intersyndicat CGT du champagne, « il y’ a de fortes chances pour qu’il y ait de la misère dans les cuvées de ces grandes maisons, y compris dans les plus prestigieuses, car dans la plupart des cas, elles s’approvisionnent auprès des coopératives qui collectent la récolte de certains vignerons, employeurs des prestataires incriminés dans ces sordides affaires. Mais ça, tout le monde le sait ! ». Il ajoute ironiquement « il va falloir indiquer le pourcentage de misère sur les contre-étiquettes des bouteilles de champagne ».

Et, comme le suggère, José Blanco, « si les maisons veulent être lavées de tous ces scandales, qu’elles prouvent que les raisins ou les moûts qu’elles rentrent ont bien été récoltés dignement ». Avec leur service traçabilité, elles ne devraient pas rencontrer beaucoup de problème pour prouver leur bonne foi, ce à quoi je ne crois pas ».

« Ministres, maires, préfet, maisons de champagne et vignerons seraient-ils tous mouillés, s’interroge-t-on à la CGT champagne ? » Tout le monde semble fermer les yeux, pourvu que la récolte rentre et que les cuveries se remplissent. Pourtant, déplore José blanco, « ce n’est pas faute de les avoir alertés. Mais apparemment, dans ces affaires, nous ne sommes pas pris au sérieux… »