La dérogation a été validée pour les cinq départements de l’appellation Champagne: la Marne, l’Aube, l’Aisne, la Haute-Marne et la Seine-et-Marne.

Le nombre maximal de saisonniers par chambrée a été augmenté et la surface minimale allouée par travailleur abaissée. Des mesures compensatoires ont été négociées par les acteurs sociaux. Ces nouvelles conditions d’hébergement ne sont valables que pour les vendanges.

L’ESSENTIEL

 
LES CONDITIONS D’HÉBERGEMENT DES TRAVAILLEURS VITICOLES (permanents et saisonniers) sont définies au sein du Code rural sur les bases du décret du 24 août 1995.
 
LE 24 AOÛT 2023, le Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) annonce l’obtention d’une dérogation pour l’assouplissement de certaines normes : nombre de vendangeurs par chambrée, surface minimale allouée, sanitaires… En contrepartie, des mesures compensatoires sont fixées.

C’est une nouvelle qui tombe à l’aube des vendanges et qui devrait satisfaire les viticulteurs champenois. Ces derniers vont pouvoir, en partie, se soustraire dès cette campagne aux conditions d’hébergement définies par le Code rural, jugées « intenables » par le Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV) et son président, Maxime Toubart. Celui-ci avait d’ailleurs interpellé Marc Fesneau l’an dernier au cours de la Foire de Châlons, regrettant l’abandon de l’hébergement saisonnier par les vignerons et l’absence d’alternative. Les Champenois ont-ils ainsi pu s’attirer les bonnes grâces du ministre de l’Agriculture ?

Actée jusqu’en 2027, cette dérogation n’est valable, pour la vendange 2023, que pour les seuls adhérents du SGV

En réalité, c’est plutôt du côté des services préfectoraux que les représentants du SGV se sont tournés, « avec l’aide de la sous-préfète d’Épernay, pour travailler à l’obtention d’une dérogation collective », précisait au lendemain des vendanges 2022, Christophe Pernet, de la délégation des employeurs de Champagne. « Après des négociations entreprises avec les partenaires sociaux, un accord a été trouvé sur une dérogation collective à l’hébergement, signé le 31 mai, indique ce 24 août le service employeurs du SGV. Le syndicat a ensuite sollicité l’autorisation d’appliquer cet accord auprès des 3 Dreets (inspection du travail) pour l’ensemble des départements couvrant l’AOC. »
 
Une demande finalement validée le 20 juillet dernier par la Dreets Grand Est pour les départements de la Marne, l’Aube et la Haute-Marne. La Dreets Hauts-de-France suivit le 3 août pour l’Aisne, tandis que la Dreets Île-de-France donna son autorisation le 11 août pour la Seine-et-Marne.

Note de l’Intersyndicat CGT du champagne :

L’intersyndicat CGT du champagne salut cet accord trouvé sur une dérogation collective à l’hébergement concédé par les 3 Dreets (inspection du travail) pour l’ensemble des départements couvrant l’AOC. Cependant, suite aux échanges sur ce sujet avec la sous-préfecture d’Epernay, le 20 juin dernier, elle continuera de dénoncer toutes les conditions d’hébergement indignes, et autres campements sauvages totalement interdits pour les campagnes des vendanges en Champagne. Et en matière de recours aux prestataires de services, l’Intersyndicat CGT du champagne rappelle que les vignerons donneurs d’ordres voient leur responsabilité engagée lorsqu’ils ne s’assurent pas que les prestataires qu’ils utilisent respectent bien les recommandations de  la DREETS du Grand est, qui précise dans un flyer envoyer l’année dernière à chaque exploitant viticole (ici) : Attention ! une entreprise étrangère a l’obligation d’assurer le paiement des salaires à hauteur des minimas français, payer les cotisations sociales, assurer le transport du personnel ainsi que son hébergement, et prendre en charge les frais de nourriture. NE CONTRACTEZ PAS AVEC CES ENTREPRISES, au risque de voir votre responsabilité engagée! En tant que client de ces entreprises, vous encourez le risque de poursuites pénales pour recours à une entreprise pratiquant le travail dissimulé ou au titre de la complicité pour délit de traite d’êtres humains ou d’exploitation par le travail. En cas de défaillance de l’entreprise, vous pouvez être tenue solidairement au paiement des charges et impôts dus par cette dernière. Les sanctions encourues

  • au titre du recours sciemment à celui qui pratique le travail dissimulé : 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende (art. L. 8224-2 du code du travail).
  • Au titre de la complicité de traite ou d’exploitation par le travail : 7 ans d’emprisonnement et 150 000 d’amende (art. 225-4-1 du code pénal).

DES MESURES COMPENSATOIRES FIXÉES

Ainsi, toutes les communes de l’appellation Champagne sont concernées par cette dérogation. Celle-ci prévoit cinq points d’assouplissement. Pour les chambres, le nombre maximum de travailleurs autorisés passe de 6 à 10, tandis que l’espace alloué minimal passe à 4,5 m 2 par occupant, contre 9 m 2 pour le premier occupant puis 7 m 2 pour les suivants. Concernant les sanitaires, un lavabo vaut désormais pour 6 personnes contre 3 précédemment, une douche pour 8 personnes au lieu de 6, ainsi qu’une toilette pour 8 personnes plutôt que six.
 
Ces mesures sont toutefois soumises à des contreparties de la part de l’employeur, à savoir : une bagagerie pour stocker les valises, un accès Wi-Fi, une pièce dédiée au séchage des vêtements, une production suffisante d’eau chaude pour les sanitaires, un allongement de la plage horaire du petit-déjeuner, une plage de deux heures entre le retour du travail et le dîner, un entretien des locaux et des sanitaires assuré par l’employeur, ainsi qu’une mise à disposition du matériel d’entretien et de nettoyage nécessaire.
 
Actée jusqu’en 2027, cette dérogation n’est valable, pour la vendange 2023, que pour les seuls adhérents du SGV. « À ce jour, l’accord collectif de dérogation n’est pas étendu», indique le Syndicat. Son contenu est disponible auprès du service employeurs, ainsi qu’en ligne, sur l’extranet du SGV.

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