Vitisphère : Les 20 personnalités qui font le vin de France, et son avenir

José Blanco, Secrétaire général de l’Intersyndicat CGT du champagne, fait partie des 20 gens du vin qui ont fait l’actualité du millésime 2023, année de crises mais aussi de prises de risque et de conscience pour relever les défis futurs. Les abonnés du journal Vitispère ont jusqu’au mardi 16 janvier midi pour désigner la personne qui leur semble la plus marquante en votant sur le site dédié à cette désignation…

Quand on annonce des catastrophes, on a rarement envie d’avoir raison. Lanceur d’alerte à la mode de la CGT, sans gants et en fonçant dans le tas, José Blanco prévient depuis des mois, et même des années que des risques humains et sociaux que les conditions d’hébergement et de travail des saisonniers font courir à la Champagne. Une bombe à retardement expliquait cet été à Vitisphere le secrétaire général de l’Intersyndicat CGT des Salariés du Champagne (réunissant les syndicats CGT d’Aÿ, Épernay, Reims et Vignes). Des vendanges, cinq morts plus tard et des enquêtes ouvertes pour « traite d’êtres humains »*, José Blanco regrette un gâchis de vies qui aurait pu être évité avec la meilleure prise en compte de précédentes alertes. À commencer par l’exploitation inhumaine de travailleurs étrangers lors des vendanges 2018 à Oiry (Marne).

Précisant ne rien avoir contre les saisonniers venant d’autres pays, le syndicaliste critique ces « prestataires de services champignons », qui apparaissent avant les vendanges et disparaissent juste après pour créer des filières d’approvisionnement en main d’œuvre à bas coût financier et fort coût humain. Des conditions d’accueil et de travail amenant à une baisse des rémunérations et une démobilisation de la main d’œuvre locale alerte José Blanco, pour qui les choses ne peuvent plus continuer ainsi. Et pour qui les propositions d’évolution évoquées par la filière champenoise ne sont pas suffisamment coercitives pour changer la donne.

La CGT porte ainsi la demande d’intégration des conditions de travail des saisonniers dans le cahier des charges de l’AOC, pour éviter des chartes purement volontaires et non contraignantes. Le Secrétaire général de l’intersyndicat propose aussi à la filière d’avoir le courage d’évoluer en appliquant la seule convention collective Champagne à tous les travailleurs de la vigne, des chais, du conditionnement… Et éviter un contournement moins-disant de certains prestataires. « Être vigneron n’est pas un métier en tension si l’on applique la convention collective qui est attractive (14 mois payés, +30 à +40 % de salaire par rapport au SMIC, pas de jour de carence en cas d’arrêt maladie…) » liste José Blanco.

Rentrée dans la filière champagne en 1986 et s’impliquant rapidement dans le syndicat majoritaire, José Blanco constate autant qu’il regrette que la filière vin ne veuille pas composer avec son syndicat. Et son appel à l’exemplarité absolue : au vu des performances économiques, « ça ne devrait même pas arriver en Champagne » conclut-il.

* D’autres décès sont à déplorer pendant les vendanges et vinifications dans d’autres vignobles, ainsi que l’ouverture d’enquêtes pour « traite d’êtres humains ».