Les travailleurs du champagne, mercredi après-midi, devant le siège de Maison Burtin, à Épernay. (© l’Hebdo du Vendredi)

Salariés et ouvriers des grandes maisons de Reims, d’Épernay et des alentours ont débrayé, mercredi après-midi. Face à l’inflation et les ventes en forte hausse, ils réclament une hausse des salaires immédiate.

(Lire le mail de José Blanco envoyé à l’UMC en bas de page)

Moët & Chandon, Pol Roger, Besserat de Bellefon, Veuve Clicquot Ponsardin… Il y avait du beau monde, mercredi après-midi, réuni devant le siège de Maison Burtin, à Épernay. Pourtant, malgré cet assemblage de grands crus, l’heure n’était pas vraiment à la fête.

« Nous avons modestement demandé que l’augmentation des salaires atteigne 5,9 % pour coller à l’inflation réelle, mais l’UMC (Union des maisons de Champagne) nous a répondu que les mesurettes proposées par l’État, le chèque énergie, la prime Macron, la réduction à la pompe, étaient suffisantes pour qu’on tienne jusqu’en janvier, au moment de la négociation annuelle obligatoire », déplore José Blanco,

La CGT du champagne appelait l’ensemble des salariés de la profession à stopper leur activité, à partir de 14 h, pour réclamer une augmentation générale des salaires et une revalorisation des primes conventionnelles. Selon le syndicat, l’appel a été entendu et « très suivi » dans les grandes maisons, à Épernay comme à Reims et aux alentours.

Un débrayage qui fait suite à une première hausse des salaires de 2,6 %, obtenue en janvier, et d’une commission paritaire, le 20 septembre dernier, qui n’a pas répondu aux attentes des élus du personnel et des salariés. « Nous avons modestement demandé que l’augmentation des salaires atteigne 5,9 % pour coller à l’inflation réelle, mais l’UMC (Union des maisons de Champagne) nous a répondu que les mesurettes proposées par l’État, le chèque énergie, la prime Macron, la réduction à la pompe, étaient suffisantes pour qu’on tienne jusqu’en janvier, au moment de la négociation annuelle obligatoire », déplore José Blanco, secrétaire général de la CGT du champagne.

Contacté par nos soins, Michel Letter, président de la commission tripartite (nommé par l’UMC), donne une autre version de ces deux rendez-vous. « Sur l’année 2021, l’inflation était de 1,6 % et nous avons consenti à une augmentation des salaires de 2,6 % en janvier dernier, car nous sentions que l’inflation allait monter. Concernant la commission du 20 septembre, la CGT nous a demandé, en pleine réunion, une hausse de 3,3 %, applicable immédiatement. Depuis plus de dix ans, on négocie sur la moyenne des douze mois glissants, or, fin août, l’inflation était de 4,18 %, certainement pas de 5,9 % », objecte Michel Letter.

Le représentant de l’UMC a alors fait une proposition : « Historiquement, on se réunit une fois par an, en janvier. Cette fois, on a proposé de se revoir un peu plus tôt, le 15 décembre, car on aura une bien meilleure idée des ventes des maisons et de l’inflation. Si l’inflation pour 2022 est à 5 %, il est clair que les négociations débuteront autour de ce chiffre. » Le déclenchement de cette première grève indique que la proposition n’a pas été retenue par les représentants syndicaux.

« C’est méprisant, il y a une grogne, une frustration par rapport aux résultats exceptionnels des ventes de champagne. On parle d’une demande des marchés en hausse de 9 % en août et vraisemblablement de 340 à 350 millions de bouteilles expédiés en 2022 », souligne José Blanco.

 « Pour verser des dividendes, les maisons n’ont pas de problèmes, mais nous, on nous demande d’être prudents », tonne le secrétaire général de la CGT champagne. « C’est nous qui créons la richesse, on veut repartager tout ça. « 

De son côté, l’UMC met en avant une augmentation du coût des matières sèches et des transports de marchandises, sans oublier la facture de la belle récolte qui vient de s’écouler. « La vendange a été assez importante, les raisins, qui atteindront entre 7 et 10 € du kilo, doivent désormais être payés et la trésorerie n’est pas aussi florissante que le volume. On parle de deux ou trois grands groupes qui battent des records, mais nous nous devons de représenter toutes les maisons, grandes comme petites », note Michel Letter.

« Cela fait des années que la politique des maisons a été d’augmenter les prix. Pour verser des dividendes, les maisons n’ont pas de problèmes, mais nous, on nous demande d’être prudents, tonne le secrétaire général de la CGT champagne. C’est nous qui créons la richesse, on veut repartager tout ça. »

Malgré les divergences de point de vue entre les deux hommes, ils sont appelés à se revoir très vite…

Note de l’Intersyndicat CGT du champagne :

Mail envoyé à Mme Delimerville, directrice de l’UMC.

Bonsoir Madame Delimerville,

En réponse à la forte mobilisation des salariés du Champagne, ce mercredi 28 septembre 2022, dans nombre de Maisons de Champagne et Vignobles, au nom de tous les salariés que nous représentons, je vous demande officiellement d’organiser, dans les meilleurs délais, une véritable réunion de négociations loyales et sincères.

Les salariés sont dans l’attente de réponses, de mesures fortes à la hauteur de la situation économique actuelle dans laquelle ils sont plongés au quotidien. D’autres actions sont d’ores et déjà programmées pour les prochains jours voire semaines à venir, aussi vous comprendrez notre demande diligente pour les salariés du Champagne, la Champagne et l’image de la Champagne.

Dans l’attente de vous lire très prochainement.

Bien cordialement,

José Blanco
Secrétaire Général
Intersyndicat CGT des salariés du Champagne

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