José Blanco CGT Champagne interviewé par FR3 Ici Champagne Ardennes lors de la grève du 28 janvier dernier ©CGT champagne
✍️ Par l’Intersyndicat CGT du champagne
📅 Publié le 19 février 2025
⏱ Temps de lecture 4 mn
Ah, Michel Letter, le grand stratège du patronat champenois, fidèle à lui-même, nous gratifie une fois de plus de son mépris caractéristique pour ceux qui font la richesse de son industrie.
Lui, qui préfère négocier « dans un climat apaisé », comprend par là une négociation où les salariés seraient absents, les organisations syndicales sans le soutien de leurs adhérents et où les revendications seraient passées sous silence, et les propositions patronales seraient imposées et où seul son bon plaisir ferait loi.
Souvenez-vous, le 28 janvier dernier, plus de 400 manifestants étaient rassemblés devant l’Union des Maisons de Champagne (UMC) pour demander un rattrapage salarial décent. Mais, ô scandale, ils ont eu l’outrecuidance de faire du bruit ! Imaginez donc la scène : des salariés osant réclamer leur dû dans un secteur qui vient de réaliser la troisième meilleure année de son histoire avec un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros. Et pourtant, nos chers dirigeants des maisons de champagne pleurent sur une baisse de 8 % par rapport à l’année précédente. Après 3 années d’excédents records, on nous ressort le refrain du « contexte économique incertain » pour justifier une aumône de 1,1 % d’augmentation salariale, contre les 3,13 % revendiqués par l’intersyndicale.
Pour mémoire :
- Augmentation du SMIC en 2024 : +3,13 %
- Inflation moyenne en 2024 : +1,8 % (selon l’indice INSEE, indice truqué)
- Augmentation en Convention Nationale Vins & Spiritueux : +1,56 % (en moyenne, mécaniquement indexée sur l’augmentation du SMIC)
- Proposition de l’UMC : +1,1 %
UNE NÉGOCIATION « APAISEE » OU UNE FUITE ORGANISÉE ?
Le 19 février, alors qu’une nouvelle rencontre entre les syndicats et l’UMC était prévue, Michel Letter a choisi la grande évasion. Prétextant une « ambiance de chahut », il a préféré annuler la réunion, comme si l’existence même de salariés en colère représentait une menace insurmontable pour lui. Il ne négociera que dans le calme, dit-il. Mais ce qu’il veut, c’est une table de négociation sans le soutien des salariés, pour ainsi mieux imposer leur proposition, et sans musique qui dérange ses précieuses oreilles.
Fidèle à son rôle de despote local, il a tout de même daigné proposer une nouvelle réunion… le lendemain. Parce que, évidemment, les salariés peuvent réorganiser leur emploi du temps au pied levé pour se conformer aux caprices de Michel LETTER. Sauf que cette fois, l’intersyndicale a refusé d’obtempérer. « Si M. Letter veut décider seul de la date de la prochaine réunion, alors il sera seul autour de la table », a déclaré Philippe Cothenet de la CGT.
LA SMICARDISATION EN MARCHE !
Derrière ce mépris affiché, une réalité bien plus cynique se dessine : la volonté assumée de « smicardiser » les salariés du champagne. Tandis que le Smic continue d’augmenter, les grilles salariales de la convention collective stagnent, réduisant peu à peu l’écart entre les premiers niveaux de qualification et le salaire minimum. Un nivellement par le bas qui permet de payer toujours moins tout en exigeant toujours plus. « Nous n’avons jamais pris en compte le Smic dans les négociations », dit Michel Letter. Comprenez : les employeurs refusent toute indexation sur un minimum vital. Une déclaration qui en dit long sur leur mépris des conditions de vie des salariés.
LE PATRONAT DU CHAMPAGNE VEUT DÉCIDER SEUL
Comme si cela ne suffisait pas, une autre question se pose : l’annulation soudaine de la réunion de « retour vendanges » avec le préfet. Coïncidence ? Difficile d’y croire. Les « monopoles nordiques » auraient-ils fait pression pour éviter un scandale national sur la gestion des travailleurs du champagne ?
LA PAROLE AUX PREMIERS CONCERNÉS !
Mais la résistance s’organise, et cette fois, ce sont les salariés eux-mêmes qui seront invités à prendre la parole. Le 19 février, devant le siège de l’UMC, le mouvement ne se contentera pas d’une simple manifestation. Un rassemblement élargi sera l’occasion pour chaque salarié de témoigner librement de sa réalité quotidienne. Car derrière les chiffres flatteurs du champagne, il y a des hommes et des femmes qui subissent des conditions de travail de plus en plus précaires. Des ouvriers, des techniciens, des saisonniers, tous ceux qui font la renommée de ce produit d’exception, auront enfin un espace pour s’exprimer et dénoncer l’injustice salariale qu’ils vivent.
Les employeurs tentent de faire taire la contestation en imposant leur propre calendrier et en refusant d’entendre la voix des travailleurs. Mais cette fois, la riposte est là : le 19 février, c’est toute une profession qui se fera entendre, haut et fort !