TEMPS DE LECTURE : 3 MIN

Le projet de loi sur la réforme des retraites, qui devait être présenté jeudi 15 décembre, est reporté au 10 janvier. Sans attendre les détails, la CGT est déjà mobilisée. Les propositions envisagées engendreront inévitablement la baisse du niveau des pensions.

Changement de stratégie

Le projet de réforme des retraites de 2023 n’est pas si différent de celui du système universel à point combattu à l’hivers 2019-2020. Pourtant, la stratégie pour arriver à faire passer le projet diffère. Macron et son gouvernement ont tiré les leçons de l’échec de l’usine à gaz du projet à points. Le travail militant de la CGT avait permis de retourner l’opinion publique. Aujourd’hui, il a décidé de faire simple, mais l’objectif reste le même : diminuer la part des richesses produites consacrée au financement des retraites.

Un simple décalage de l’âge de la retraite à 65 ans ?

Le gouvernement Borne a décidé d’attaquer la réforme 2023 par le biais de l’allongement du temps de travail en décalant l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Cette mesure pourrait simplement être intégrée à un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale au premier trimestre 2023. L’autre mesure envisagée est d’accélérer la réforme Touraine. Cette loi de 2014, allonge, génération par génération (à partir de celle née en 1958), le nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein pour atteindre 172 trimestres en 2035, soit 43 années de cotisation pour les Français ayant vu le jour en 1973.

La version 2023 est une réforme plus dure encore que celle de 2020.

Sous couvert de contreparties comme le relèvement du montant minimum des pensions, la réforme 2023 est en fait encore plus dure que celle avortée de 2020. Si elle était appliquée, elle serait plus rapidement défavorable aux salariés et accélérerait la baisse des pensions. Le Conseil d’Orientation des retraites estime que le pouvoir d’achat des retraités pourrait à terme baisser de 20% par rapport à celui des actifs. La « garantie » d’un minimum de pension à 1 200 € n’est qu’un leurre, car elle ne serait effective que pour les carrières complètes.

La baisse du niveau des pensions est un appel d’air à la capitalisation.

Cette dégradation, programmée du montant des pensions, pousse les salariés, qui en ont les moyens, à se tourner vers les assurances privées par capitalisation.

Une majorité contre la régression sociale

« Pour construire la mobilisation contre la baisse des droits du système universel de retraite par répartition, nous pouvons compter sur l’opinion publique » a insisté Catherine Perret, membre du Bureau confédérale en charge du dossier des retraites lors d’un meeting à Toulouse.

En effet, une majorité de français.es a bien compris les conséquences du projet et refuse toute nouvelle régression sociale. Les sondages d’opinion soulignent que ce refus touche toutes les générations et catégories professionnelles.

La CGT propose une autre réforme.

Il faut s’appuyer sur l’opinion publique pour passer du mécontentement à l’action collective. Il s’agit non seulement de s’opposer au projet Macron-Borne, mais aussi de partager les propositions de la CGT pour améliorer le système de retraite existant ( Retour à un départ à 60 ans, pension minimum au niveau du SMIC à 2 000€, prise en compte des années d’études, … ) en allant chercher de nouveaux financements ( fin des exonérations de cotisations, hausse du taux de cotisation, égalité professionnelle femmes-hommes, …).