Bernard Arnault, Philippe Schaus et Jean-Marc Lacave. © Serge Tenani/Hans Lucas via Reuters Connect / Marechal Aurore/ABACA / LINTAO ZHANG/GETTY IMAGES ASIAPAC via AFP
Les récents bouleversements au sein de LVMH, en particulier dans sa filiale Moët Hennessy, suscitent l’interrogation des syndicats CGT et CGT UGICT quant à l’avenir des salariés et de la gouvernance dans un groupe réputé pour sa stabilité et son excellence dans le secteur du luxe.
Réorganisation majeure et tensions autour de Moët Hennessy
Le remaniement est d’une ampleur inhabituelle : départs de cadres historiques, révisions stratégiques et tensions syndicales viennent altérer l’image d’une entreprise souvent perçue comme une forteresse du luxe mondial.
En octobre 2024, Bernard Arnault, PDG de LVMH, a décidé de reprendre en main Moët Hennessy en raison de résultats financiers décevants et de critiques internes croissantes quant au management. Le directeur général de Moët Hennessy, Philippe Schaus, ainsi que le directeur commercial Jean-Marc Lacave, se trouvent sur la sellette. L’éviction de ces cadres s’accompagne d’une enquête interne mettant en lumière un train de vie jugé excessif pour certains dirigeants, comme Lacave, dont une enquête sur de présumés faits de harcèlement a révéler des frais de déplacement et de représentation qui ont particulièrement retenu l’attention de la direction. Au-delà des enjeux de gouvernance, ces mouvements stratégiques posent la question de la stabilité et de la sécurité des salariés du groupe. Les syndicats, à travers la CGT et la CGT UGICT, ont déjà exprimé des inquiétudes en soulignant les pratiques de centralisation accrue et l’autorité qu’ils jugent « insatiable » de la direction de Moët Hennessy, un climat qui pourrait, selon eux, nuire aux conditions de travail et à la culture d’entreprise.
Résilience économique et perspectives de croissance malgré les turbulences
Malgré l’envergure de ces changements, le groupe LVMH présente des signes économiques qui rassurent quant à sa résilience. Le chiffre d’affaires, bien qu’en légère baisse en 2024, retrouve des niveaux proches de ceux de 2019, ce qui reflète une reprise post-COVID solide dans le secteur du luxe. La situation économique, bien que perturbée par une baisse de déjà 1 % au premier semestre, puis par une contraction au troisième trimestre 2024 de 4,4 %, est loin d’être alarmante. Les investissements réalisés avant la pandémie et l’excellente réputation de marques comme Louis Vuitton et Christian Dior confèrent au groupe une robustesse indéniable. Moët Hennessy reste une filiale stratégique, dont la rationalisation des coûts pourrait améliorer les marges et garantir un retour à la croissance.
Restructuration et renforcement des contrôles internes, les syndicats sur le qui-vive
Cependant, le renforcement des contrôles internes et l’éventuel licenciement de la DRH Chantal Gaemperle pour faute grave montrent une volonté de resserrer la gouvernance dans un climat de crise interne. L’impact sur l’ensemble des salariés reste difficile à prévoir, d’autant plus que des réductions de coûts sont déjà envisagées, incluant la suppression d’environ 80 postes commerciaux liés à l’ancien partenariat avec Diageo.
Dans ce contexte, il est légitime pour les syndicats de se poser des questions. L’implication directe de Bernard Arnault dans cette restructuration souligne l’importance stratégique de Moët Hennessy dans le portefeuille de LVMH, tout en laissant entendre que des changements supplémentaires pourraient survenir pour stabiliser l’entreprise. En somme, la situation économique n’est pas critique, mais les récentes décisions du groupe traduisent un ajustement souhaité par le leader du groupe pour sécuriser son avenir. Les syndicats vont donc suivre de très près cette réorganisation qui, si elle est menée efficacement, pourrait permettre à Moët Hennessy de retrouver son dynamisme tout en limitant l’impact social.
L’Intersyndicat CGT du champagne