Manif retraite 01 octobre 2021

Une centaine de manifestations se sont tenues ce vendredi en France pour la revalorisation des pensions, à l’organisation de neuf organisations syndicales (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires) et associatives (FGR-FP, LSR, Ensemble et solidaires) de retraités.

Pour tous ces retraités, le compte n’y est pas. « Les prix à la consommation, et les prix des dépenses contraintes comme l’énergie, le gaz, l’électricité, voire la mutuelle santé, les transports augmentent à un rythme endiablé », désespère Yves Housson, qui déplore, en parallèle, une augmentation des retraités de seulement 0,4%. Soit « une poignée d’euros pour toute l’année », plaçant de plus en plus de retraités en difficulté financière.

Une situation d’autant plus dure à digérer que, « de l’argent, il y en a », avance le retraité. « Au moment où les 500 plus grandes fortunes du pays ont vu leur fortune doubler jusqu’à presque 1 000 milliards en à peine quelques années, qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas d’argent pour financer nos revendications », tacle-t-il, tout en revendiquant une augmentation des retraites d’au moins 100 euros par mois, ainsi qu’une indexation de celles-ci sur les salaires, et non plus sur les prix.

Louise Gavary est retraitée de l’éducation physique et sportive. Cette militante au SNEP-FSU ne s’estime pas durement touchée par la situation actuelle, mais manifeste en pensant « aux collègues qui partent maintenant à la retraite de plus en plus tard, avec une retraite de 200, 300, voire 400 euros moins élevée » que la sienne, à salaires équivalents.

Un peu plus loin dans le cortège, Philippe Pakiary, président adjoint à la fédération nationale des officiers mariniers, est « en colère », comme l’affiche d’emblée sa pancarte. Il dénonce, lui aussi, un pouvoir d’achat des retraités « en péril », et souhaite mettre l’accent sur une situation singulière. « Aujourd’hui, je suis là pour toutes les veuves des officiers mariniers, qui ne touchent que 50% de leurs pensions et qui se retrouvent à devoir vivre avec des retraites de 800 euros », alerte l’ancien officier, qui appelle à une augmentation générale des retraites, et à ce que les veuves des officiers mariniers puissent percevoir au moins 75% des pensions de leurs défunts maris.

Parmi les manifestants, on retrouve également quelques non-retraités, présents par solidarité, avec en tête « des parents, des grands-parents, de la famille qui vivent péniblement avec leur retraite », explique Fabien Auvity, secrétaire général de l’union locale CGT du 13ème arrondissement de Paris. Le représentant syndical cite notamment l’exemple des ouvriers, « qui touchent des pensions de 800 euros alors qu’ils ont travaillé toute leur vie au SMIC… C’est un peu se foutre d’eux. » tance le syndicaliste. A côté de lui, Aurélie Mongeot, trésorière de la même section locale ajoute « et se mobilise aussi pour nos enfants et les générations futures ! »

Tous affirment d’ores et déjà leur soutien à la grève nationale du 5 octobre, qu’ils rejoindront pour la plupart, à l’appel des organisations syndicales CGT- FO – FSU – Solidaires – FIDL – MNL – UNEF – UNL, et à destination du de l’ensemble du monde du travail dans le secteur privé, du public, et des jeunes. Avec pour mot d’ordre : « Tous unis pour nos droits, » c’est la thématique centrale de cette journée.

Retraités : « Plus ça va, moins il y a de choses dans le caddie ! »

« On est bien mais on ne fait pas de folie »

Jocelin et Christine seront dans la manifestation des retraités à Marseille vendredi 1er octobre. Ils sont propriétaires d’une petite villa dans un lotissement à l’est de Marseille dont ils sont propriétaires. Lui était facteur, elle surveillante de prison : « on dépasse les 3.000 euros », expliquent-ils. Mais ils n’ont pas pour autant l’impression d’être des privilégiés : « on est bien mais on ne fait pas de folie ». Quand on part en vacances, c’est dans la famille, quand on va au cinéma, c’est de temps en temps pour emmener des enfants. Si on fait une dépense pour la maison, on va se priver, on va faire attention le mois d’après », confient les retraités.

Entre 2010 et 2015, le niveau de vie des Français a diminué de 2,3%. Les retraités ont été un peu moins impactés, avec une baisse d’un demi point. « Les pensions ont été bloquées pendant 5 ans, on a eu 0,3 au 1er janvier mais ça ne compense pas la perte du pouvoir d’achat ! », estime Jocelin.

« Quand je passe à la caisse, le porte-monnaie en prend un coup ! »

Les derniers chiffres qui datent d’il y a 4 ans notent une moyenne de pension à 2.055 euros : « plus ça va, moins il y a de choses dans le caddie !, déplore Christine. Quand je passe à la caisse, le porte-monnaie en prend un coup ! » Ce qui inquiète le plus les deux retraités, c’est l’avenir de leurs 3 enfants : « ça nous arrive de les aider financièrement, expliquent-ils. Ils travaillent, mais notre fille essaie d’être autoentrepreneur, de s’en sortir seule, je peux vous assurer qu’elle galère ! »

« J’ai travaillé de l’âge de 17 ans jusqu’à l’âge de 65 ans, il me reste 330 euros pour vivre par mois »

Les retraités sont de plus en plus nombreux à se serrer la ceinture, comme Nicole et Louise : « mon loyer représente déjà pratiquement 48% de mes revenus, explique Nicole. J’ai travaillé de l’âge de 17 ans jusqu’à l’âge de 65 ans, il me reste 330 euros pour vivre par mois, dénonce-t-elle. On rogne un peu sur tous les postes ».

« J’aidais un peu les enfants, mais ça n’est plus possible ! »

Une cinquantaine de retraités, se sont également rassemblés ce vendredi 01 octobre 2021 devant la sous-préfecture d’Épernay.

Manif retraité Epernay 01 octobre 2021

Ils manifestaient à l’appel d’une intersyndicale pour la sauvegarde des retraites, la protection sociale et la qualité des services publics. CGT, FO, CFTC, CFE CGC, FSU, Solidaires, Retraités de la fonction publique, LSR, Ensemble et solidaires, tous ces syndicats appelaient à la mobilisation dans la capitale du champagne, et quelques sympathisants ont agité des drapeaux et tenu des discours.

Le temps de lister leurs revendications, la circulation a été interrompue rue Eugène-Mercier : 100 000 postes supplémentaires sont nécessaires dans le système hospitalier

« Au moment où se votent les budgets de la Sécurité sociale et de la loi des finances, mobilisons-nous pour satisfaire nos revendications. 0,4 % d’augmentation au 1er janvier 2021 pour les retraites de base, 1 % pour les complémentaires alors que les prix ont augmenté de 1,6 % en 2020, le compte n’y est pas » , disent les organisations syndicales dans leur appel à manifester.

« Nous exigeons des centres de santé publics dans tous les territoires pour garantir un accès aux soins solidaires pour tous. 100 000 postes supplémentaires dans notre système hospitalier » , poursuivent-elles. « Des moyens supplémentaires pour notre Sécurité sociale sont indispensables pour financer les besoins de la population à partir des cotisations sociales, ce qui suppose des emplois, des salaires et des pensions corrects. Nous refusons la CSG, les taxes ou impôts divers. » Enfin, au chapitre des services publics, elles veulent, au vu de « leur rôle irremplaçable », « leurs déploiements sur l’ensemble du territoire, des services de proximité avec du personnel en nombre et formé, garants d’une égalité de traitement et d’un accès pour tous partout ».