Ce dimanche 29 janvier au matin, la Première ministre a affirmé sur franceinfo que le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite et l’allongement de la durée de contestation, deux points très contestés de la réforme, étaient « nécessaire[s] » et « plus négociable[s] ».

Capture d’écran 2023-01-29 100305

Le report de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, contesté par les syndicats et l’essentiel des oppositions, « n’est plus négociable », a affirmé Élisabeth Borne ce dimanche 29 janvier, rapporte l’AFP.

« Ça n’est plus négociable, la retraite à 64 ans et l’accélération (de l’allongement de la durée de cotisation, ndlr) de la réforme Touraine », a affirmé sur franceinfo la Première ministre, à la veille du début de l’examen du projet en commission à l’Assemblée : « C’est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires (…) C’est nécessaire pour assurer l’équilibre du système ».

« Si on n’avait qu’un seul paramètre, alors ça ne serait pas 43 ans de cotisation et 64 ans pour pouvoir partir à la retraite, ça pourrait être 45 ans de durée de cotisation, ce qui nous semble impossible de demander aux Français », a-t-elle plaidé dans cet entretien réalisé samedi, en marge d’un déplacement dans la circonscription du Calvados dont elle a été élue députée.

7 000 amendements déposés

La cheffe du gouvernement s’est montrée ouverte, en revanche, à une discussion au Parlement sur une meilleure utilisation des trimestres « éducation » et « maternité » obtenus par les femmes au cours de leurs carrières, alors que des critiques ont reproché au projet de réforme de pénaliser plus fortement les femmes. « Dès aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes qui ne peuvent pas les utiliser à plein, on est en train d’analyser la situation de ces femmes qui (…) pourraient ne pas les utiliser à plein demain, donc cette analyse est en cours. »

Les députés s’empareront lundi en commission du très contesté projet de réforme des retraites, pour un galop d’essai sur 7 000 amendements, sous l’œil des opposants qui organisent mardi un temps fort de mobilisation dans la rue.

En réponse, les syndicats sont prêts à frapper plus fort demain.

Galvanisés par le succès de leur première mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats appellent à de nouvelles manifestations massives, demain. Mais la Première ministre s’est montrée ferme, hier, sur le report de l’âge de départ qui n’est « plus négociable ».

La fermeté affichée par Mme Borne sur les mesures d’âge, dont l’exécutif ne s’était jamais départi, a fait bondir les oppositions. Depuis son fief d’Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, la patronne des députés RN Marine Le Pen a mis en garde la Première ministre qui « ne devrait pas trop s’avancer, parce que, parti comme c’est parti, il n’est pas du tout impossible que sa réforme des retraites ne soit pas votée » .

La cheffe du gouvernement « bombe le torse » , elle « essaye d’envoyer un message qui est : on ne bougera pas, on ne reculera pas » , a, de son côté regretté le patron des Insoumis Manuel Bompard, sur BFMTV, qui a estimé que « si on veut la faire bouger, il faut que la mobilisation dans la rue s’étende, s’élargisse encore et qu’elle soit obligée de retirer cette réforme » .

Si le gouvernement s’entête, (…) c’est vraiment une provocation à 48 heures de la manifestation

Fabien Roussel, PCF

Demain, les huit principaux syndicats français unis luttent et espèrent un effet de masse pour faire échec à cette  « réforme injuste » . Après leur tour de force du 19 janvier (1,12 million de manifestants selon Beauvau, plus de deux millions d’après les organisateurs), ils ont appelé « à se mobiliser encore plus massivement le 31 » . Un espoir conforté par des sondages attestant d’un rejet croissant dans l’opinion.

En réponse à cette défiance grandissante, la majorité tente de prendre à témoin l’opinion. « Si on est un minimum responsable, je pense que la réforme est inéluctable » , a mis en avant le leader du MoDem, François Bayrou. Comme Élisabeth Borne, il a cependant ouvert la porte à une « clause de revoyure » de la réforme.

Le travail de pédagogie du gouvernement sur cette réforme continuera jeudi soir avec la Première ministre, invitée sur France 2, deux jours après la 2 e journée de mobilisation syndicale où plus de 200 rassemblements sont prévus. À Paris, le parcours doit s’achever aux Invalides, tout près de l’Assemblée nationale, où l’examen du projet de loi aura débuté aujourd’hui en commission.

Mais ce travail de pédagogie ne semble pas fonctionner, car les derniers sondages explosifs plus de 8o% des Français sont contre la retraite à 65 ans.

Quand ça veut pas…

PRIVILÉGIER LE TÉLÉTRAVAIL

Plus de 7 000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche qui entend faire durer les débats, tandis que la droite cherche à faire monter les enchères, consciente que ses voix seront cruciales pour adopter la réforme. Le gouvernement doit en outre composer avec sa propre majorité, où beaucoup réclament des améliorations et certains renâclent à voter le texte.

Hier en début de soirée, une réunion de travail pour préparer l’arrivée du texte en commission rassemblait à Matignon autour d’Élisabeth Borne, plusieurs responsables de la majorité et ministres dont Gabriel Attal et Olivier Dussopt.

Le ministre des Transports Clément Beaune a mis en garde contre une « journée difficile voire très difficile » en invitant celles et ceux qui le peuvent au télétravail. Des fermetures de classes, voire d’écoles, sont aussi à prévoir.

Du côté de la CGT, d’ores et déjà, certaines fédérations poussent pour un durcissement après le manifestation intersyndicales du 31 janvier.

De nouvelles grèves sont déjà annoncées dans les ports, raffineries et centrales électriques à partir du 6 février.

Chez les cheminots, ce sera le 7 et le 8, prélude à un préavis reconductible « dès la mi-février » , a prévenu la CGT.