Octobre 2024 : les salariés de TEVC ( Terroirs & Vignerons de Champagne, ex Nicolas Feuillate) ont mené une grève historique, 3 jours durant, paralysant la quasi totalité des 3 unités de production du groupe. © Photos CGT champagne

Depuis le 15 octobre 2024, le groupe Terroirs & Vignerons de Champagne (TEVC) a été frappé par une crise sociale d’une ampleur sans précédent. La grève, menée par l’intersyndicale CGT, CFDT et CFTC, a paralysé presque toute la production des sites de Chouilly et Reims.

À l’origine du mouvement, des acquisitions stratégiques coûteuses, des promesses non tenues et une gestion jugée inefficace ont accentué le malaise des salariés, conduisant à un mécontentement croissant.

Des acquisitions stratégiques au cœur des tensions

Les récentes acquisitions de maisons de Champagne, notamment celle de la maison Henriot, ont soulevé de vives inquiétudes parmi les salariés. Cette opération, perçue comme particulièrement onéreuse, a alourdi la dette du groupe et engendré une surcharge de travail sans compensations adéquates. Les résultats financiers de 2023 ont renforcé ce sentiment de frustration, les syndicats dénonçant une gestion financière qui pénalise les employés.

En parallèle, l’acquisition de la marque Abelé et la fusion avec Castelnau ont aussi contribué à la crise. L’harmonisation sociale ainsi que celle des conditions de travail, promise pour 2023, n’a toujours pas été réalisée, ce qui a aggravé le climat d’incertitude au sein des équipes.

Un blocage total et une mobilisation crescendo

La mobilisation s’est intensifiée progressivement sur trois jours. Le 15 octobre, un premier mouvement « soft » a vu les employés manifester pacifiquement à l’entrée du site de Chouilly. Mais dès le troisième jour, le mouvement a pris de l’ampleur avec des manifestations en bordure de route, des panneaux de grève, des pétards, et de la musique près des bureaux de direction.

Sur le site de Chouilly, 95 % des chantiers ont été arrêtés, touchant également les sites Feuillatte, Castelnau et Abelé. Le mouvement a été suivi par 90 % des salariés de production, qu’il s’agisse d’ouvriers ou d’employés de maîtrise, ainsi que par certains personnels administratifs.

Trois jours de discussions intenses

Durant les trois jours de grève, l’intersyndicale et la direction ont eu trois rencontres décisives. La pression exercée par les salariés a permis d’obtenir des avancées importantes sur plusieurs revendications. Parmi elles, la finalisation de l’harmonisation sociale des salariés issus du rachat de Castelnau et d’Abelé, une demande centrale pour les syndicats, et un engagement de la direction pour plus de convivialité et une meilleure proximité avec les employés.

Fin de la grève : un accord gagnant pour les salaries

Le 18 octobre 2024, un accord entre l’Intersyndicale et la direction a finalement été trouvé, permettant de mettre fin à la grève. Cet accord comprend plusieurs éléments clés pour les salariés :

  • Prime de partage de la valeur (PPV) : un versement de 1 000 € en novembre 2024, avec la promesse d’un complément de 400 € en début d’année 2025 si les résultats financiers atteignent au moins ceux de 2023.
  • Harmonisation sociale et des conditions de travail pour les sites Abelé et Castelnau.
  • Un engagement pour plus de convivialité et de proximité humaine de la direction.
  • Une carte cadeau « partenaire MIKA » a également été accordée aux salariés.
  • Les heures de grève pourront être récupérées.

Un renouveau espéré pour 2025

Cet accord a permis de calmer les tensions et de rétablir la production sur les sites de Chouilly et Reims. Les salariés, satisfaits des avancées obtenues, peuvent envisager l’avenir avec plus de sérénité. Alors que l’année 2025 approche, l’intersyndicale, qui a menée de front ce conflit historique, espère que cet élan permettra de restaurer un climat social plus sain et de renforcer la coopération entre la direction et les employés.

Les prochaines étapes seront cruciales pour l’avenir du groupe TEVC. La direction est prévenue : elle devra maintenir un équilibre entre les défis économiques et la nécessité de garantir un dialogue social solide, aligné sur les attentes de ses salariés, pour bâtir une dynamique positive pour les années à venir.

Petit diaporama du conflit :