Un sursis pour l’étiquetage du champagne en Russie
La France a obtenu un moratoire de deux mois sur l’application de la loi qui réserve le mot « champaskoïé » aux seuls vins effervescents russes.
LES FAITS
VENDREDI 2 JUILLET : adoption d’un amendement par la Russie interdisant aux Champenois d’utiliser le terme « champagne », en langue cyrillique, au profit de « vin pétillant de Champagne ».
LUNDI 5 JUILLET, le Comité Champagne demande aux vignerons de cesser toute expédition vers la Russie.
LE 15 SEPTEMBRE, l’embargo champenois est finalement levé et les expéditions reprennent en conformité avec l’amendement russe.
LE 26 OCTOBRE, Franck Riester annonce un moratoire sur la loi russe jusqu’au 31 décembre. Les Russes pourront sabrer le champagne jusqu’au 31 décembre, avec la bonne étiquette. La France a en effet obtenu de la Russie un moratoire de deux mois sur la mise en œuvre de la récente loi russe empêchant le champagne d’utiliser son propre nom en alphabet cyrillique, selon une annonce du ministre délégué au Commerce extérieur, Frank Riester.
« La France a obtenu de la Russie l’entrée en vigueur aujourd’hui d’un moratoire sur la mise en œuvre de la loi viti-vinicole russe jusqu’au 31 décembre », a affirmé le ministre dans une déclaration écrite. « Cela ne règle pas tout, et nous sommes déterminés à faire avancer définitivement la question pendant cette période de travail qui s’ouvre », a-t-il ajouté.
Depuis le 2 juillet, une modification de la loi russe sur le commerce des produits alcoolisés oblige les distributeurs de champagne à troquer l’appellation champagne contre les termes de « vin pétillant » sur la contre-étiquette des bouteilles écrite en cyrillique, réservant la dénomination « Champanskoïé » aux producteurs russes de vins pétillants.
« Forte mobilisation des producteurs et distributeurs de champagne »
Cette disposition de la loi a suscité cet été une forte indignation des producteurs et distributeurs de champagne, soucieux de protéger leur appellation d’origine protégée, ainsi que les vives protestations de plusieurs ministres français. Le ministre Riester était, d’ailleurs, venu à Épernay, pour affirmer son soutien à la filière champenoise. Il avait alors annoncé travailler pour obtenir un moratoire.
Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne, qui avait conseillé début juillet aux producteurs de suspendre temporairement leurs exportations vers la Russie, en réaction à cette nouvelle disposition de la loi, s’est prononcé le 11 septembre pour la reprise des expéditions vers la Russie à partir du 15 septembre, dans un geste d’apaisement. Selon nos informations, les exportations n’avaient en réalité jamais cessé.
La Russie est, avec les États-Unis ou Haïti, un des rares États dans le monde à ne pas reconnaître l’appellation champagne malgré une vingtaine d’années de discussions.
UN MORATOIRE… ET APRÈS ?
L’annonce du moratoire, demandé depuis des mois par l’interprofession champenoise, a rassuré cette dernière, soucieuse que le dossier ne soit pas oublié sur un coin de table par la diplomatie française.
« C’est une première satisfaction, cela prouve que des discussions ont lieu entre la France et la Russie et qu’elles débouchent sur des solutions concrètes, réagit Jean-Marie Barillère, coprésident du Comité Champagne. Mais ce n’est bien qu’une première satisfaction et nous devons déjà nous projeter après le 31 décembre, afin qu’une reconnaissance de l’appellation champenoise soit enfin obtenue de la Russie. »
Car si le moratoire a été accepté, celui-ci n’est en effet que de courte durée. Et dans les faits, les bouteilles expédiées depuis la levée de l’embargo champenois, le 15 septembre dernier, sont déjà en règle avec la mention « vin pétillant de Champagne » sur la contre-étiquette. Finalement, cet embargo permettra avant tout aux bouteilles envoyées avant la promulgation de l’amendement russe d’être vendues en toute légalité sur le territoire russe. Et d’accorder le droit à quelques privilégiés de déguster les dernières bouteilles de champagne issues de Champagne en Russie.