La CGT propose ses mesures « pour que plus jamais il n’y ait d’exploitation de la misère humaine dans les bulles du roi des vins ! » – crédit photo : CGT Champagne

Suite au dernier communiqué de l’intersyndicat CGT envoyé à la presse, le mardi 24 octobre 2023, le journal “Vitisphère”  a publié, le 26 octobre dernier, un article intitulé “La CGT rêve d’une AOC Champagne conditionnée au bon traitement des vendangeurs” 

POUR LES SAISONNIERS
 

La CGT rêve d’une AOC Champagne conditionnée au bon traitement des vendangeurs

Restant remonté, le syndicat des salariés champenois ne veut pas d’un plan d’action a minima pour les saisonniers après “cette scandaleuse vendange”, mais demande la fin du travail à la tâche, la hausse des salaires, l’encadrement des prestataires…

Par Alexandre Abellan Le 26 octobre 2023

Les quatre axes de travail du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) pour répondre aux drames des quatre hébergements insalubres et cinq décès de saisonniers ayant marqué la vendange 2023 ? « Des coquilles vides aux mesures non-contraignantes, répondant avant tout à préserver l’image du Champagne » tacle dans un nouveau communiqué au vitriol de l’intersyndicat CGT du Champagne, estimant que « pour que [ce plan] ne se cantonne pas à une profession de foi, il faut mettre en place une traçabilité de l’éthique sociale portant sur : la qualité de l’hébergement ; la qualité du recrutement ; les niveaux de rémunération et les conditions de travail. Tout manquement à cette nouvelle réglementation exposera l’exploitant viticole à des sanctions pouvant entraîner le déclassement partiel ou total de la récolte. »

Partant du principe que la tension sur les recrutements viticoles est une « pseudo-tension sur le métier » liée à un manque de valorisation, le syndicat préconise d’« abolir le travail à la tâche (qui condamne de facto les vendangeurs à des cadences et amplitudes de travail élevées quelles que soient les conditions climatiques) et augmenter les salaires des vendangeurs rémunérés à l’heure, imposer des règles exigeantes en matière d’amélioration des conditions de travail visant à protéger la santé et la sécurité des vendangeurs, maintenir les indemnités aux chômeurs pour inciter la population des sans-emploi locaux à venir faire les vendanges, prendre en charge le transport, inclure le délai de route dans le temps de travail effectif, l’hébergement ainsi que la nourriture des vendangeurs… »

Préconisations

Concernant les logements des vendangeurs pour les domaines ne pouvant les accueillir, la CGT propose « de mettre en place un partenariat avec les communes viticoles pour ouvrir à la location des bâtiments ou terrains viabilisés publics et/ou privés, inutilisés pendant la période des vendanges (chambres d’hôte, gîtes, salles des fêtes, installations de mobile-homes , caravanes…) ». Jugeant que la « gestion des vendanges [par] des prestataires de services [est la] déclinaison champenoise de l’ubérisation du travail », la CGT critique logiquement la création d’une charte de prestataires de services qui « ne suffira pas à répondre aux exigences légales et sociales, car elle ne serait aucunement contraignante ». En témoigne l’exemple à Bordeaux. « Par conséquent, nous préconisons que la création d’une société de prestations de services soit subordonnée à une réglementation contraignante : un agrément, un diplôme d’État certifiant des connaissances juridiques et sociales… » avance la CGT, qui estime que le « législateur doit fixer de nouvelles obligations précises aux employeurs, comme des seuils réglementaires d’exposition à la chaleur, d’autant plus que le problème risque d’empirer à l’avenir ».

Rejetant « une campagne de communication visant à faire oublier la triste actualité et les scandaleuses pratiques de ces dernières vendanges et à préserver les ventes de fin d’année », la CGT propose la tenue « de véritables états généraux des vendanges » pour que les syndicats de salariés puissent participer aux futurs travaux, alors qu’ils n’ont pas été « reçus par le préfet en même temps que la représentation patronale pour faire un premier bilan de cette scandaleuse vendange ».